La bataille du foncier freine-t-elle les projets industriels ?
Sous la pression des lobbies, et face à une spéculation foncière grandissante et à des blocages liés à l’aménagement, la région de Casablanca-Settat peine à concrétiser ses projets industriels et logistiques. Un retard qui met en péril des milliers d’emplois attendus et fragilise les ambitions de développement territorial.
En effet, les autorités publiques dans la région de Casablanca-Settat peinent à mobiliser le foncier nécessaire à la réalisation de plusieurs projets industriels et logistiques. Ce blocage compromet directement la mise en œuvre du Schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) ainsi que des programmes portés par le Conseil de la région, selon les médias.
Au cœur de cette difficulté, des réseaux d’intermédiaires, souvent désignés sous le nom de « Samsaras », influencent les petits propriétaires fonciers en les incitant à regrouper leurs parcelles. Cette stratégie vise à constituer de grandes étendues foncières à revendre à des prix élevés, compliquant ainsi les procédures d’acquisition par les autorités publiques. Or, ces terrains sont nécessaires pour permettre la création de zones industrielles et logistiques censées générer jusqu’à 77.000 emplois dans la métropole et ses environs.
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Dans ce contexte, l’Agence urbaine de Casablanca souligne un besoin urgent de près de 5.000 hectares supplémentaires pour adapter l’offre territoriale aux ambitions industrielles régionales. Ce besoin concerne autant la création de nouvelles zones d’activité économique de proximité que la restructuration des zones industrielles existantes.
En outre, pour répondre à ces défis, le Conseil de la région a lancé, en coordination avec les ministères de l’Économie, de l’Industrie et de l’Intérieur, un plan visant la création de quatre nouvelles zones industrielles. Ce programme, qui s’étend sur 391 hectares, comprend également un important volet infrastructurel. Il ambitionne d’attirer des investissements à forte valeur ajoutée, tout en créant des emplois qualifiés dans des secteurs productifs.
Cependant, cette vaste opération foncière n’a pas échappé à l’attention des spéculateurs. Certains intermédiaires auraient déjà entamé des négociations informelles autour de ces terrains, avant même leur mise sur le marché. Une dynamique qui rappelle des épisodes antérieurs, marqués par des fuites de données sur l’expansion urbaine. Ces informations, diffusées bien avant leur officialisation, ont nourri une dynamique spéculative difficile à maîtriser.
Face à cela, les porteurs de projets expriment leur crainte de revivre le désordre qui avait caractérisé le marché foncier de Casablanca. À cette époque, l’absence de contrôle avait empêché les communes ainsi que les partenaires publics et privés d’exercer une maîtrise sur les aspects urbanistiques, financiers et opérationnels. Le risque de voir l’histoire se répéter alimente aujourd’hui une inquiétude croissante parmi les responsables régionaux.