Après le séisme, une nouvelle vie pour les habitants d’Al Haouz
Par LeSiteinfo avec MAP
L’opération de reconstruction enclenchée dans la province d’Al Haouz à la suite du séisme du 8 septembre 2023 se poursuit à un rythme soutenu, en dépit des contraintes géographiques majeures qui caractérisent cette région montagneuse.
Entre reliefs escarpés, glissements de terrain récurrents et dangers liés aux ravins et aux cours d’eau, les autorités se sont retrouvées face à un chantier complexe qui ne concerne pas uniquement la reconstruction physique, mais exige également une réflexion approfondie sur des alternatives capables d’assurer des moyens de subsistance et une protection durable pour les habitants.
Au cœur de la commune montagneuse d’Anougal, le douar « Salamat » a vu quatorze habitations déplacées en raison de la menace directe que représentent les ravins pour le village. « Une décision difficile mais nécessaire », confie Ali, 42 ans, maçon et père de quatre enfants, dans une déclaration à la MAP.
Grâce à une synergie renforcée entre les différents intervenants, ce douar est aujourd’hui en pleine transformation, malgré les contraintes inhérentes à la procédure de mobilisation foncière.
En effet, l’engagement actif des habitants aux côtés des autorités locales a permis une nette accélération du rythme des travaux, permettant ainsi de rattraper les retards enregistrés lors des premières phases du chantier.
À cet égard, le coordinateur du programme de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par le séisme, Hassan Ighighi, a indiqué que le douar « Salamat » figurait parmi les zones classées à haut risque, ce qui a nécessité le déplacement de 28 familles vers un site nouveau et sécurisé.
Dans une déclaration similaire, il a fait observer que ce nouveau douar a été construit selon une conception architecturale intégrée, incluant des infrastructures et équipements publics, et que les travaux y sont achevés à 80 %, avec une finalisation prévue d’ici la fin du mois de juillet courant.
Ighighi a, d’autre part, relevé que quatorze douars ont été classés comme zones à risque, où la construction est soit interdite, soit soumise à des conditions strictes, précisant que plus de 724 familles ont été déplacées vers des sites d’hébergement sécurisés, en raison notamment de risques géologiques liés aux glissements de terrain, à la chute de blocs rocheux et à la topographie accidentée qui rend l’accès particulièrement difficile.
Non loin de « Salamat », dans le douar voisin « Aït Ouzkri » relevant de la même commune, le phénomène d’érosion des sols a contraint au déplacement de 21 habitations, une approche perçue comme une solution pragmatique visant à garantir la sécurité et la pérennité des modes de vie des habitants, qui craignaient de perdre leur terre et leur mémoire collective.
Le cas le plus symbolique de ce chantier demeure celui du douar « Tansghart », situé dans la commune d’Asni, où l’ensemble du village a été transféré vers un nouveau site, après que les études géologiques ont révélé la fragilité du sol et les dangers liés à toute tentative de reconstruction sur l’ancien emplacement.
Paisiblement installé dans sa nouvelle maison, Haj Ibrahim, septuagénaire non-voyant dont l’ancien domicile s’est entièrement effondré, a exprimé sa gratitude pour le soutien précieux qui a « illuminé sa vie ».
De telles expériences se poursuivent dans d’autres douars, comme « Sidi Hssain » dans la commune d’Amghras, où Mohamed, ouvrier saisonnier, avait envisagé de quitter définitivement sa localité après avoir tout perdu.
« J’étais sur le point de partir, mais les aides m’ont redonné espoir », confie-t-il à la MAP, précisant que « plus de 35 habitations ont été déplacées vers un nouveau site, à l’abri des risques de glissements de terrain qui menaçaient le quotidien des habitants ».
Conformément aux Hautes Instructions Royales, les populations sinistrées de la province d’Al Haouz ont bénéficié d’un accompagnement multiforme, comprenant des aides matérielles et financières adaptées à leurs besoins.
Ces ménages perçoivent, de manière régulière, une aide mensuelle de 2 500 dirhams destinée à couvrir le loyer ou l’hébergement temporaire, en plus d’une subvention de 140.000 ou 80.000 dirhams, selon les cas, pour la reconstruction de leurs logements.
Parallèlement aux efforts de reconstruction et de renforcement des normes de sécurité, l’ingénieur chargé de l’étude et du suivi des travaux de reconstruction des maisons effondrées, Charkaoui Minaoui, a expliqué que « le processus de relogement repose sur une approche rigoureuse, allant de la conception en béton armé au suivi des chantiers sur le terrain, jusqu’à la remise des certificats de conformité et d’habitation ».
Il a, dans ce sillage, fait savoir que le choix des nouveaux sites est fondé sur des études techniques approfondies, tenant compte de leur accessibilité aux réseaux de transport, d’électricité et de télécommunications, notant que toutes les constructions respectent les normes antisismiques en vigueur au niveau national.
D’après les données fournies par la préfecture de la province d’Al Haouz, la mise en œuvre du programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées affiche un « bilan positif », malgré les nombreuses contraintes de terrain et les défis géographiques, garantissant ainsi aux populations concernées des conditions de vie décentes.
Ainsi, le taux de réalisation globale a atteint 84 %, avec plus de 21.954 logements reconstruits selon des standards techniques élevés, tandis que toutes les tentes ont été définitivement retirées et remplacées par des logements dignes et durables.
Il est prévu que le taux d’avancement dépasse 90 % au cours des deux prochains mois, notamment grâce à la mise en œuvre de solutions alternatives pour les habitations situées dans des zones inaccessibles ou à risque élevé, permettant la reprise des travaux pour les 15 % de familles restantes.
S.L.