le Maroc professionnalise la vérification des émissions industrielles
Face à l’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), le Royaume lance un appel à manifestation d’intérêt pour constituer un noyau d’experts qualifiés en vérification des émissions de gaz à effet de serre.
C’est un pas décisif vers la professionnalisation de la traçabilité environnementale au service de la compétitivité industrielle que le Maroc vient de franchir dans un contexte international marqué par une réglementation environnementale de plus en plus rigoureuse. Ainsi le Royaume amorce un tournant stratégique clair. Un appel à manifestation d’intérêt vient d’être lancé pour constituer un noyau national d’experts spécialisés dans la vérification des émissions de gaz à effet de serre (GES) , en conformité avec la norme ISO 14064-3. Cette initiative, inédite par son ambition, vise à doter le Royaume de compétences internes capables de garantir la fiabilité, la traçabilité et la conformité des données climatiques exigées par les nouvelles règles européennes.
L’appel s’inscrit dans le cadre du projet Transition Juste : Incitations économiques pour une politique climatique et mise en œuvre de la CDN réussies , porté conjointement par l’Institut Marocain de Normalisation (IMANOR) et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) . Il bénéficie du soutien institutionnel du ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable (MTEDD) et du ministère de l’Économie et des Finances (MEF) , ainsi que d’un cofinancement du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et de l’Union européenne , dans le cadre du Partenariat Vert Maroc–UE.
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L’objectif est clair : anticiper l’impact du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) mis en œuvre par l’Union européenne et éviter que les exportations marocaines ne soient pénalisées par des barrières climatiques non tarifaires. Le Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) exige en effet que les produits importés en Europe soient assortis d’un bilan carbone vérifié, selon des standards internationaux stricts.
Dans ce contexte, le recours à des vérificateurs accrédités devient une condition sine qua non pour préserver l’accès des produits marocains au marché européen. Comme le souligne un communiqué du projet :
« La validation des inventaires d’émissions selon les standards internationaux s’impose désormais comme une condition pour garantir la traçabilité environnementale des produits marocains. »
Structurer une filière de compétences nationales
La formation des futurs experts portera sur la quantification et la vérification des émissions de GES , conformément aux exigences de la norme ISO 14064-3. L’objectif est de construire un vivier de professionnels capables d’accompagner les entreprises marocaines dans la mise en conformité de leurs procédés et dans la certification de leurs données climatiques.
En s’appuyant sur des référentiels reconnus au niveau international, cette démarche vise à structurer durablement un écosystème de compétences techniques locales , capable de répondre aux enjeux croissants de la décarbonation industrielle.
Au-delà de l’enjeu commercial, cette initiative participe d’une transformation plus large : celle de l’intégration de la logique environnementale au cœur du fonctionnement industriel. En professionnalisant ses acteurs économiques autour de normes internationales, le Maroc affirme sa volonté d’inscrire son développement dans une trajectoire compatible avec ses engagements climatiques internationaux .
Le lancement de cet appel constitue ainsi une première pierre dans la construction d’un dispositif national de vérification environnementale, en phase avec les exigences du marché globalisé, mais aussi avec les priorités de souveraineté technique et climatique du Royaume.