Le Maroc face aux nouvelles dynamiques migratoires
Ce 18 décembre, la Journée internationale des migrants, placée sous le thème « Ma grande histoire : cultures et développement », offre l’occasion de revenir sur l’engagement du Maroc en matière migratoire. Pays de transit et d’accueil, le Royaume s’inscrit au cœur des dynamiques migratoires régionales.
Le monde commémore chaque année la Journée internationale des migrants. Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2000, cette journée rappelle l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille en 1990. Elle constitue désormais un rappel annuel de l’engagement des États ainsi que des organisations internationales à réaffirmer l’universalité des droits des personnes migrantes.
À ce titre, le Maroc s’est distingué en devenant le deuxième pays au monde à ratifier la Convention du 18 décembre 1990. Cette avancée lui confère aujourd’hui une position singulière : à la fois pays de transit et de destination, il constitue un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe. Dans cette optique, le Royaume a repensé son approche migratoire. C’est dans cette perspective qu’il a lancé en 2013 la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), qui a marqué un tournant en reconnaissant officiellement le Maroc comme pays d’accueil. Dans une approche qualifiée d’humaniste et inclusive, la SNIA a mis en œuvre deux campagnes de régularisation en 2014 et 2017. Le but était alors d’améliorer les conditions de séjour et d’intégration des migrants. Selon les données de Madar, un centre marocain de recherche en politiques publiques, près de 50 000 personnes ont bénéficié de ces campagnes.
Lire aussi : Pacte migratoire européen 2026 : La solidarité à l’épreuve du voisinage sud
La stratégie de la SNIA comprenait sept programmes d’action autour de thématiques spécifiques : éducation et culture, jeunesse et divertissement, santé et logement, aide humanitaire et sociale, gestion des flux migratoires et lutte contre la traite des êtres humains, coopération et partenariats internationaux.
Le Maroc s’affirme comme terre d’installation pour des dynamiques migratoires en évolution
Les données issues du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2024, publié par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), confirment l’évolution des dynamiques migratoires au Maroc. La répartition des résidents étrangers selon leur région de nationalité révèle une prédominance croissante des ressortissants d’Afrique subsaharienne, qui représentent désormais 59,9 % de l’ensemble des migrants étrangers en 2024, contre 26,8 % en 2014. Cette évolution souligne le rôle croissant du Maroc comme espace d’installation durable pour des populations migrantes aux profils diversifiés.
Par ailleurs, le Maroc est aussi un pays d’accueil pour les personnes en quête de protection internationale. Au 31 mars 2025, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) recensait 18 463 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés dans 81 localités du Royaume, originaires de plus de 60 pays. Le HCR intervient en étroite coopération avec les autorités marocaines dans le cadre de la SNIA afin de garantir l’accès à l’asile et à la protection.
La Journée internationale des migrants met en lumière ces enjeux. Elle rappelle que la migration ne saurait être appréhendée uniquement sous l’angle du contrôle ou de la sécurité, mais qu’elle engage des responsabilités partagées entre États d’origine, de transit et de destination. Pour le Maroc, cette journée souligne la recherche d’un équilibre délicat entre une coopération stratégique avec l’Union européenne et l’affirmation d’une approche nationale fondée sur les droits humains et les engagements multilatéraux, notamment à travers sa participation au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en 2018.

