L’Économiste

Bank Al-Maghrib: le taux directeur reste inchangé

Par LeSiteinfo avec MAP

Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni mardi à Rabat, a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25%.

« Tenant compte de l’évolution de l’inflation à des niveaux bas et du niveau d’incertitude encore élevé en lien notamment avec la persistance des tensions géoéconomiques au plan international et les conditions climatiques au niveau interne, le Conseil a décidé, de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25% », indique BAM dans un communiqué sur la 4ème réunion trimestrielle de 2025 de son Conseil. Le Conseil continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture et de fonder ses décisions, réunion par réunion, sur la base des données les plus actualisées.

Lors de cette session, il a salué l’engagement des différentes parties prenantes signataires de la Charte relative au financement et à l’accompagnement des très petites entreprises (TPE) qui apporterait une contribution significative au développement de cette catégorie d’entreprises et renforcerait sa participation à l’investissement, à la création d’emplois et à la promotion d’un développement territorial intégré.

Le Conseil a ensuite examiné l’évolution de la conjoncture économique ainsi que les projections macroéconomiques à moyen terme de BAM.

Il a relevé, au niveau international, un certain apaisement des tensions commerciales et la fin du blocage budgétaire américain, mais que le niveau d’incertitude reste élevé, en lien notamment avec l’évolution et les implications de la politique tarifaire américaine ainsi qu’avec la persistance des tensions géopolitiques.

Dans ce contexte, et malgré une relative résilience au premier semestre, favorisée par l’effet d’anticipation des hausses tarifaires, l’économie mondiale devrait continuer de ralentir et ne connaitrait d’amélioration qu’en 2027. De même, l’inflation poursuivrait sa décélération, avant de s’accélérer de nouveau en 2027, avec des évolutions hétérogènes d’une économie à une autre.

Au niveau national, le Conseil a relevé la performance remarquable des activités non agricoles ainsi que les signes de reprise sur le marché du travail, fait savoir le communiqué.

Cette dynamique devrait se maintenir à moyen terme, soutenue par l’effort d’investissement. Il s’est également arrêté sur les données de la Loi de Finances 2026 (LF 2026) et de la Programmation Budgétaire Triennale 2026-2028 qui font ressortir une poursuite de la consolidation budgétaire et un allègement progressif de l’endettement du Trésor.

S’agissant de l’inflation, elle continue d’évoluer à des niveaux bas, ressortant à 0,8% en moyenne sur les dix premiers mois de 2025, sous l’effet notamment de l’amélioration de l’offre de certains produits alimentaires, en particulier l’huile d’olive, et de la baisse des prix des carburants et lubrifiants.

Elle devrait, selon les projections de la Banque centrale, s’accélérer graduellement pour converger vers des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Ainsi, après un taux de 0,8% prévu pour l’ensemble de cette année, elle s’établirait à 1,3% en 2026 puis à 1,9% en 2027.

Sa composante sous-jacente ressortirait à 0,7% cette année et l’année prochaine, avant de s’accélérer à 1,9% en 2027. Pour ce qui est des anticipations d’inflation, elles restent bien ancrées.

Les experts du secteur financier interrogés dans le cadre de l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib tablent au quatrième trimestre 2025 sur un taux moyen de 2% à l’horizon de 8 trimestres et de 2,2% à celui de 12 trimestres.

Sur le volet de la transmission des précédentes décisions du Conseil, la baisse des taux débiteurs assortissant les crédits bancaires au secteur non financier demeure partielle, le recul cumulé depuis le début de l’assouplissement monétaire en juin 2024 ressortant au troisième trimestre 2025 à 58 points de base (pb), contre 75 pb pour le taux directeur.

Au niveau national, la croissance économique devrait, selon les projections de BAM, marquer une accélération notable à 5% cette année et se consolider à 4,5% en moyenne au cours des deux prochaines années.

En effet, après une augmentation de 5% en 2025, la valeur ajoutée agricole ressortirait, sous l’hypothèse d’un retour à des campagnes céréalières moyennes de 50 millions de quintaux, en hausse de 4% en 2026 et de 2% en 2027.

Pour les activités non agricoles, la croissance resterait vigoureuse à la faveur en particulier de la forte dynamique de l’investissement, s’établissant à 5% cette année, à 4,8% en 2026 et à 4,5% en 2027.

Sur le volet des échanges extérieurs, les exportations augmenteraient de 4,5% en 2025, portées par l’amélioration des ventes de phosphate et dérivés à 108 milliards de dirhams (MMDH), puis de 8,4% en 2026 et de 7,9% en 2027, en lien notamment avec la reprise prévue des expéditions de l’industrie automobile.

Ces dernières, après une contraction cette année, connaitraient une progression annuelle autour de 17% pour se situer à 208 MMDH en 2027.

En parallèle, le rythme des importations resterait soutenu, tiré essentiellement par les acquisitions de biens d’équipement et de consommation, alors que la facture énergétique s’allégerait davantage en 2025 et en 2026, avant d’enregistrer une hausse en 2027 à 101 MMDH.

De leur côté, les recettes de voyages maintiendraient leur performance notable pour atteindre près de 155 MMDH en 2027.

Concernant les transferts des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE), ils devraient s’accroitre de 3,1% en moyenne annuelle entre 2025 et 2027 à 130 MMDH. Au total, le déficit du compte courant demeurerait contenu, ressortant à 1,8% du PIB en 2025 et resterait en deçà de 2% les deux années suivantes.

De même, les flux d’investissements directs étrangers continueraient de se renforcer, avec des recettes annuelles équivalentes à 3,5% du PIB.

Tenant compte des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib se raffermiraient graduellement pour atteindre 448 MMDH à fin 2027, assurant une couverture de près de 5 mois et demi d’importations de biens et services.

S’agissant des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire se creuserait progressivement pour se situer à 158 MMDH en 2027, en lien notamment avec la progression prévue de la circulation fiduciaire.

Pour ce qui est du crédit bancaire accordé au secteur non financier, et tenant compte de l’évolution attendue de l’activité économique et des anticipations du système bancaire, son rythme connaîtrait une accélération à 4,1% en 2025 et à 5% en 2026 et en 2027.

Concernant la valeur du dirham, les évaluations trimestrielles réalisées par BAM, selon la dernière version de la méthodologie utilisée au niveau international, indiquent qu’elle reste globalement alignée avec les fondamentaux économiques.

Le taux de change effectif devrait s’apprécier de 2,2% en termes réels en 2025, résultat d’une hausse de sa valeur en termes nominaux, atténuée par un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux. Il se déprécierait ensuite de 2,8% en 2026 et de 0,5% en 2027.

Au plan des finances publiques, tenant compte de l’exécution budgétaire à fin octobre, des données de la LF 2026 et de la Programmation Budgétaire Triennale 2026-2028, les projections de la Banque centrale font ressortir une poursuite de la consolidation budgétaire à moyen terme.

Le déficit hors produit de cession des participations de l’État devrait revenir de 3,9% du PIB en 2024 à 3,6% en 2025 puis à 3,4% en 2026 et en 2027.

Enfin, le Conseil a validé la stratégie de gestion des réserves de change et approuvé le budget de la Banque ainsi que le programme d’audit interne pour l’exercice 2026. Il a également arrêté les dates de ses réunions ordinaires au titre de la même année aux 17 mars, 23 juin, 22 septembre et 15 décembre.

S.L.









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