Economie

pourquoi l’alignement du Maroc est désormais un impératif stratégique

Une transformation fondamentale est en cours dans l’architecture du commerce international. Autrefois reléguées au rang de détails techniques, les normes sont devenues des piliers structurants de l’économie globale. Selon le rapport 2025 de la Banque mondiale, ces référentiels régissent désormais 90 % des échanges mondiaux, redéfinissant les conditions de la compétitivité et de l’accès aux marchés. Pour une économie ouverte comme celle du Royaume, cette évolution représente à la fois un défi majeur et une opportunité stratégique sans précédent.

L’ère où la compétitivité se mesurait principalement par les coûts et les droits de douane est révolue. Aujourd’hui, la conformité aux normes techniques et réglementaires constitue une forme de passeport indispensable pour l’accès aux marchés les plus lucratifs. Pour le Maroc, engagé dans des chaînes de valeur mondiales sophistiquées comme l’aéronautique et l’agroalimentaire, et lié par des partenariats exigeants avec l’Union européenne, l’alignement normatif n’est plus une option mais une condition de survie économique.

Ces standards, loin d’être de simples contraintes, fonctionnent comme des barrières non tarifaires qui, si elles ne sont pas maîtrisées, peuvent exclure de facto les exportateurs les plus performants. La participation active à leur élaboration devient donc un enjeu de souveraineté économique, permettant d’anticiper les futures exigences et de défendre les spécificités des filières nationales.

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Cependant, l’adoption de normes internationales serait une stratégie creuse sans le développement concomitant d’une infrastructure nationale de la qualité (INQ) robuste. La Banque mondiale met en garde contre une dépendance extérieure coûteuse si les capacités locales ne suivent pas. Cette infrastructure englobe un écosystème complexe mais essentiel : la métrologie (la science de la mesure), l’accréditation des laboratoires, ainsi que les processus d’essais et de certification. C’est ce socle qui permet à un pays de vérifier et de garantir de manière crédible la conformité de ses produits, assurant ainsi la confiance des partenaires commerciaux et des consommateurs. Investir dans l’INQ est donc le corollaire indispensable à toute politique d’alignement normatif, transformant une obligation de conformité en un véritable levier de montée en gamme.

Le rapport met également en lumière un défi de gouvernance spécifique au Maroc, lié au poids de son secteur public. La modernisation de l’administration, par la numérisation et l’instauration d’une culture de la performance, est cruciale pour assurer une application homogène et efficace des standards sur l’ensemble du territoire. Face à l’accélération de la production normative mondiale, plus de la moitié des normes ISO ayant été publiées depuis l’an 2000, la Banque mondiale préconise une trajectoire évolutive pour les pays en développement : adapter les normes existantes, s’aligner sur les standards internationaux, puis contribuer activement à la création de nouveaux référentiels.

Pour le Maroc, cette dernière étape est décisive. Renforcer la présence et l’influence de ses experts au sein des instances de normalisation internationales n’est pas seulement une question de prestige, mais un impératif pour façonner un ordre économique mondial qui serve ses ambitions de croissance, d’innovation et de développement durable.

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