Actualite

Provinces du Sud : un modèle de transformation socio-économique

Au cœur du Sahara marocain, les provinces du Sud se transforment à une vitesse remarquable. Dakhla – Oued Eddahab, Laâyoune – Sakia El Hamra et Guelmim – Oued Noun, longtemps perçues comme périphériques, émergent aujourd’hui comme des moteurs économiques et sociaux du Royaume. Croissance soutenue, diversification des activités, amélioration des conditions de vie, ouverture sur le reste du continent… Ces territoires incarnent un modèle unique de développement régional, où dynamisme et résilience s’érigent en piliers.

Depuis plusieurs années, les provinces du Sud du Maroc, à savoir Dakhla – Oued Eddahab, Laâyoune – Sakia El Hamra et Guelmim – Oued Noun, connaissent une transformation profonde et spectaculaire. Ces territoires, qui couvrent près de la moitié du Royaume, sont devenus des espaces d’innovation, de croissance et de développement humain, illustrant la capacité du Maroc à concilier dynamisme économique et amélioration des conditions de vie.

Bien plus qu’un simple territoire, le Sahara marocain est désormais perçu comme un portail stratégique vers le reste de l’Afrique, positionnant le Royaume comme un acteur clé du développement continental. Les discours royaux, notamment celui adressé à la nation à l’occasion du 44e anniversaire de la Marche verte, ont souligné le rôle central de ces provinces dans la vision d’un Maroc tourné vers l’avenir et vers son continent.

Dans cette perspective, les provinces du Sud sont encouragées à développer des projets locaux ambitieux et à exploiter leurs multiples atouts, qu’il s’agisse de l’agro-industrie, du tourisme balnéaire et culturel ou des énergies renouvelables, secteurs qui constituent de véritables leviers pour renforcer l’attractivité économique et créer de nouvelles opportunités pour les populations locales et les investisseurs.

Sur le plan démographique, les provinces du Sud représentent une faible part de la population nationale (seulement 3%), soit un peu plus de 1,1 million d’habitants en septembre 2024, d’après un très éclairant rapport du Haut-commissariat au plan sur la dynamique socioculturelle dans les provinces du Sud, publié ce mois d’octobre.

Cependant, leur rythme de croissance démographique dépasse largement la moyenne nationale, avec un accroissement annuel particulièrement élevé à Dakhla – Oued Eddahab, où le taux atteint 4,4%. Laâyoune – Sakia El Hamra et Guelmim – Oued Noun enregistrent respectivement des taux de 2,06% et 0,34%.

Cette croissance s’accompagne d’une urbanisation rapide, passée de 70% en 2004 à près de 80% en 2024, révélant un dynamisme urbain soutenu par des infrastructures modernisées et une meilleure accessibilité aux services publics. Les villes de ces régions connaissent une transformation notable, offrant aux populations locales de nouvelles opportunités économiques et sociales.

PIB : deux fois mieux que le reste du pays
L’économie des provinces du Sud se distingue par sa croissance soutenue et sa résilience face aux crises. Entre 2004 et 2012, le Produit intérieur brut nominal des trois régions a progressé de 10,4% par an, contre 6,4% au niveau national, illustrant un rythme de développement largement supérieur à celui du reste du pays. Bien que la période 2012-2014 ait enregistré un léger ralentissement, la croissance a repris vigoureusement à partir de 2014, atteignant un rythme moyen annuel de 7,7% sur la période 2014-2023.

Cette performance dépasse nettement la moyenne nationale et témoigne de la capacité de ces provinces à absorber les chocs économiques, y compris la crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19, durant laquelle elles ont maintenu une croissance réelle de 6%. La répartition du PIB révèle des spécificités territoriales : Laâyoune – Sakia El Hamra, qui regroupe 37% de la population, génère près de 43% du PIB des provinces du Sud, tandis que Guelmim – Oued Noun, avec 40% de la population, contribue pour 30%.

Dakhla-Oued Eddahab, bien que plus petite en population, se distingue par un PIB par habitant particulièrement élevé, atteignant 89.533 dirhams en 2023, soit plus du double de la moyenne nationale. La contribution des provinces du Sud au PIB national est passée de 3,3% en 2004 à 4,7% en 2023, ce qui illustre leur poids économique croissant. La structure économique de ces provinces a connu un rééquilibrage important ces dernières années.

Le secteur secondaire a renforcé sa part dans le PIB, passant de 17,9% à 21,5% entre 2014 et 2023, porté par l’essor de l’industrie de transformation et du bâtiment. Le secteur tertiaire, historiquement dominant, demeure majoritaire mais voit sa part relative diminuer face à la montée du secondaire, traduisant une diversification des activités et une meilleure intégration dans les chaînes de valeur nationales et internationales.

Dans le détail, Laâyoune – Sakia El Hamra mise sur l’industrie manufacturière et la construction, Guelmim – Oued Noun voit son secteur secondaire progresser régulièrement tout en conservant son orientation tertiaire, et Dakhla – Oued Eddahab se distingue par le dynamisme de la pêche maritime et des activités de construction, soutenant un rééquilibrage vers le primaire et le secondaire.

Un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne nationale
Cette croissance économique s’accompagne d’une amélioration notable des conditions de vie et du développement humain. Les dépenses de consommation finale des ménages ont augmenté de 55% entre 2014 et 2023, passant de 17,9 à 27,8 milliards de dirhams. Malgré la crise sanitaire mondiale de 2020, la reprise a été vigoureuse, avec une croissance de 33,7% des dépenses entre 2020 et 2023, traduisant un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne nationale, particulièrement à Dakhla – Oued Eddahab.

La pauvreté multidimensionnelle reste parmi les plus faibles du Royaume, avec 2,4% à Laâyoune – Sakia El Hamra, 2,5% à Dakhla – Oued Eddahab et 5,3% à Guelmim – Oued Noun, contre une moyenne nationale de 6,8%. Ces résultats démontrent l’impact positif des programmes sociaux et des investissements dans les infrastructures sur la résilience des populations face aux privations et aux chocs économiques.

Le marché du travail se caractérise par des taux d’activité supérieurs à la moyenne nationale, et la population active a augmenté de 9,7% entre 2017 et 2024, portée par la croissance de l’emploi salarié et l’urbanisation. Le taux d’emploi est particulièrement favorable dans la région de Dakhla – Oued Eddahab, atteignant 61,1%. Le secteur des services prédomine, suivi de l’agriculture, du bâtiment et de l’industrie, et la transformation de la structure professionnelle se traduit par une nette augmentation des emplois salariés, représentant désormais près de 79% des actifs occupés. Les conditions de logement et l’accès aux services de base se sont également modernisés.

En 2024, plus de 98% des ménages disposent de l’électricité, 90,3% sont raccordés à l’eau potable et 96,1% bénéficient de l’assainissement. L’accès aux nouvelles technologies de communication a progressé rapidement, avec une forte pénétration d’internet et de la téléphonie mobile, notamment chez les jeunes. Ces améliorations se traduisent par un environnement de vie plus confortable et résilient, capable de soutenir le bien-être matériel et social des populations.

Les provinces du Sud du Maroc incarnent un modèle harmonieux de développement économique et humain, où la croissance robuste, la diversification sectorielle et l’amélioration continue des conditions de vie se conjuguent pour offrir un cadre de vie attractif et durable. Ces territoires jouent un rôle stratégique au niveau national et continental, et leurs transformations exemplaires en font des régions pilotes en matière de développement inclusif et résilient. Le Sud marocain se positionne ainsi comme un espace d’opportunités, de prospérité et de modernité, capable d’inspirer d’autres régions du Royaume et d’Afrique.

Santé, éducation : le Sud donne l’exemple

Le système éducatif connaît également des progrès significatifs. La durée moyenne des études des adultes de 25 ans et plus atteint 7,1 années, supérieure à la moyenne nationale (6,3 années). Entre 2014 et 2024, la proportion de la population ayant atteint au moins le niveau secondaire a progressé de manière notable, tandis que le taux d’analphabétisme a diminué de 27,1% à 19,7%, avec des avancées particulièrement marquées en milieu rural et parmi les femmes.

Ces évolutions témoignent d’une meilleure inclusion éducative et d’une attention portée au capital humain. Le secteur de la santé a bénéficié d’efforts soutenus, avec 98 établissements de soins primaires, une couverture hospitalière améliorée et l’émergence du secteur privé, qui comprend quatre cliniques équipées.

Les indicateurs sanitaires sont encourageants, avec une espérance de vie à la naissance de 77,2 ans et une mortalité infantile en forte baisse. Bien que la couverture médicale reste légèrement inférieure à la moyenne nationale, elle progresse régulièrement, illustrant l’engagement des pouvoirs publics pour garantir un accès équitable aux soins.

Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page