Le Maroc à grande vitesse : la mobilité comme levier de compétitivité
Au croisement de la logistique, du transport et de la durabilité, le Maroc redessine sa carte des mobilités. Lignes ferroviaires, ports, autoroutes et aéroports convergent vers une même ambition de connecter les territoires, fluidifier les échanges et soutenir la transition écologique. Une transformation à grande vitesse, à la mesure d’une économie qui se veut ouverte, compétitive et résiliente.
La connectivité devient l’un des piliers de la transformation économique du pays. Routes, ports, aéroports, lignes ferroviaires et plateformes logistiques structurent une nouvelle géographie du développement. Dans un contexte où la fluidité des échanges conditionne la compétitivité, le Maroc déploie une stratégie de mobilité intégrée, pensée à la fois pour relier ses territoires et s’arrimer aux grands corridors africains et euro-méditerranéens.
Un réseau ferroviaire en pleine extension
Depuis la mise en service de la ligne à grande vitesse Al Boraq entre Tanger et Casablanca, le pays s’impose comme pionnier africain du transport ferroviaire rapide. L’Office national des chemins de fer (ONCF) prépare désormais l’extension vers Marrakech, chantier prioritaire dont les études techniques sont finalisées. À terme, la LGV reliera Tanger à Agadir via Casablanca, Marrakech et Essaouira, soit plus de 1.300 km de réseau à grande vitesse.
En parallèle à la LGV, le réseau ferroviaire conventionnel poursuit sa modernisation. L’ONCF investit 9,8 milliards de dirhams (MMDH) entre 2025 et 2027 pour moderniser son réseau, en se concentrant sur la réhabilitation des lignes existantes, le renforcement du fret et la digitalisation de la gestion du trafic. Le plan comprend la modernisation des corridors régionaux, la construction de nouvelles gares et l’amélioration des systèmes de signalisation. L’objectif est double, accroître la fiabilité du service ferroviaire et réduire les émissions du transport terrestre.
Ce programme s’inscrit dans la Stratégie nationale de mobilité durable, appuyée par la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, qui soutiennent la transition vers un transport à faible intensité carbone et une meilleure intégration logistique entre les ports, les zones industrielles et les centres urbains.
Ports et plateformes logistiques, un maillage stratégique
Sur le littoral, les grands ports deviennent les moteurs d’une logistique performante. Tanger Med II, mis en service en 2019 et désormais pleinement opérationnel, a porté la capacité totale du complexe à 9 millions de conteneurs EVP, confirmant sa position de premier port à conteneurs d’Afrique.
À l’est, le complexe portuaire Nador West Med franchit de nouvelles étapes. Les travaux d’infrastructure affichent un taux d’avancement supérieur à 80%, selon le ministère de l’Équipement, et les premiers terminaux devraient être opérationnels à partir de 2026, avec une capacité annuelle estimée à 3 millions d’EVP. Plus au sud, le port Dakhla Atlantique constitue un projet structurant pour la façade atlantique.
Lancé en 2022, il mobilise un investissement global de 12 milliards de dirhams et servira de pivot à la logistique régionale et à l’intégration des chaînes de valeur africaine. Ces plateformes incarnent la volonté d’articuler la logistique nationale avec les flux internationaux, tout en développant des zones d’activités industrielles attenantes et connectées au réseau ferroviaire.
Aéroports et connectivité aérienne
Sous la supervision de l’Office national des aéroports (ONDA), le Maroc investit massivement dans la modernisation de ses infrastructures aériennes. Le Terminal 1 modernisé de l’aéroport Casablanca-Mohammed V, opérationnel depuis 2024, porte la capacité globale du hub à près de 14 millions de passagers par an, selon l’ONDA.
À Marrakech, un programme d’extension et de modernisation de l’aéroport Menara est en cours, avec une mise en service prévue à l’horizon 2027, afin d’accompagner la croissance du trafic touristique et les besoins logistiques liés à la Coupe du monde 2030.
Le réseau aérien s’articule désormais autour d’une stratégie multimodale : connecter les aéroports aux zones logistiques, aux ports et aux corridors autoroutiers, afin de créer une chaîne fluide du fret et des passagers.
Une interconnexion tournée vers la durabilité
Le pays aborde désormais la mobilité comme un levier d’attractivité et de transition. La Stratégie nationale de transport durable 2023–2030, soutenue par la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, s’inscrit dans la trajectoire climatique nationale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% à l’horizon 2030.
Elle encourage la décarbonation du transport, le développement du fret ferroviaire et maritime, et la promotion d’une mobilité urbaine plus propre et interconnectée. Cela passe par l’électrification du transport, l’efficacité énergétique et l’intégration numérique des infrastructures.
L’ensemble de ces chantiers fait du pays un hub logistique régional, capable de relier ses pôles économiques intérieurs aux grands marchés africains et européens. Dans un monde où la compétitivité dépend de la fluidité des flux, le pays construit les fondations d’un modèle de connectivité durable, au service de la croissance et de la souveraineté économique.
Les villes accélèrent la transition vers une mobilité durable
Dans les transports urbains, plusieurs métropoles expérimentent des solutions de mobilité durable. Casablanca étend son réseau de tramway avec les lignes T3 et T4, Rabat–Salé modernise son interconnexion ferroviaire et tramway, tandis que Marrakech déploie une flotte de bus électriques appuyée par la Banque mondiale. Ces initiatives traduisent une même logique : conjuguer croissance urbaine, efficacité énergétique et transition écologique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

