Maroc DiplomatiquePolitique

La fin des annonces judiciaires à la radio

Dès décembre 2025, les annonces judiciaires ne seront plus diffusées sur les ondes de la radio nationale. La réforme du Code de procédure pénale met un terme à cette tradition de longue date. Désormais, la publication des décisions passera par une plateforme électronique, marquant une nouvelle étape dans la digitalisation de la justice marocaine.

Une pratique historique tire sa révérence. Pendant des décennies, la radio nationale a été la voix officielle des tribunaux marocains, diffusant chaque soir, souvent à une heure tardive, les annonces judiciaires relatives aux affaires criminelles. Mais cette routine, héritée d’une autre époque, s’apprête à disparaître.

Avec l’entrée en vigueur en décembre du nouveau Code de procédure pénale, la diffusion radiophonique des annonces judiciaires sera supprimée. Une réforme que le quotidien Al Ahdath Al Maghribia décrit comme « un virage symbolique dans le processus de modernisation de la justice marocaine ».

Ce système, instauré à une époque où la radio constituait le principal canal de communication institutionnelle, a longtemps servi à informer le public et les professionnels du droit. Mais au fil du temps, il s’est transformé en un frein administratif. Les juridictions devaient patienter jusqu’à la diffusion nocturne des annonces pour enclencher certaines démarches, ce qui provoquait des délais supplémentaires, des échanges bureaucratiques inutiles et des lenteurs dans le prononcé des jugements.

Dans un monde où l’information circule en temps réel, cette procédure s’est révélée anachronique. D’où la nécessité d’une refonte profonde des mécanismes de publication judiciaire, désormais confiée à une plateforme numérique centralisée, accessible à tous et plus adaptée aux standards de transparence et de rapidité.

Lire aussi : Chambre des conseillers: Présentation en commission de cinq projets de loi relatifs au secteur de la justice

L’ère numérique remplace la voix des ondes

Cette réforme s’inscrit dans la stratégie globale du Royaume visant à numériser les services judiciaires et à renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions. La nouvelle plateforme permettra de consulter directement, en ligne, les décisions judiciaires, réduisant ainsi les délais et la charge administrative pesant sur les greffes.

Pour de nombreux acteurs du secteur, il s’agit d’un pas décisif vers une justice plus fluide et moderne. « Ce changement était devenu indispensable. Il traduit une volonté claire de moderniser l’action judiciaire et d’en améliorer la transparence », souligne un magistrat interrogé par Al Ahdath Al Maghribia. De son côté, Me Youssef Wahabi, avocat au barreau d’El Jadida, estime que cette réforme « marque la fin d’une époque et l’ouverture d’une nouvelle ère : celle d’une justice électronique, plus accessible et plus efficiente ».

Si la mesure répond à un impératif technique, elle n’en demeure pas moins chargée de symboles. Pendant plusieurs décennies, les annonces judiciaires radiodiffusées ont incarné un lien institutionnel fort entre la justice et la société. Dans les années 1970 et 1980, notamment dans le monde rural, ces émissions représentaient un outil d’information et d’éducation civique, contribuant à familiariser les citoyens avec la loi.

Mais à l’heure du numérique, cette fonction de médiation n’a plus lieu d’être. Internet, les bases de données judiciaires et les plateformes officielles remplissent désormais ce rôle avec une précision et une accessibilité inédites.

En mettant fin à la diffusion radiophonique des annonces judiciaires, le Maroc franchit une étape symbolique dans sa transition vers une justice moderne. La voix institutionnelle de la radio, qui accompagnait autrefois les soirées des auditeurs marocains, laisse place à un outil numérique plus réactif et plus conforme aux besoins d’une société connectée.

Cette réforme, loin d’être un simple ajustement procédural, illustre la transformation profonde d’un système judiciaire qui se met à l’unisson de son époque : rapide, transparent et numérique. La justice marocaine change de registre : elle ne parle plus à travers les ondes, mais via le web — un signe fort d’un État qui avance vers la modernité sans renier son histoire.

Continuer la lecture

Bouton retour en haut de la page