L’Économiste

Expertise logistique, formation, Zones franches : les atouts du Maroc pour le solaire sahélien

En s’appuyant sur son modèle gagnant dans l’automobile, le Maroc pourrait aider les pays du Sahel à concevoir et opérationnaliser des zones franches dédiées à l’industrie solaire, formant ainsi un écosystème productif local compétitif.

Riche de son expérience dans le développement de zones industrielles intégrées de classe mondiale, le Maroc se positionne comme un partenaire incontournable pour accompagner les ambitions du Sahel dans la filière solaire photovoltaïque.

Au-delà de simples exportations de composants, le Maroc pourrait capitaliser sur son savoir-faire éprouvé dans le développement de zones industrielles intégrées de classe mondiale, à l’image des plateformes automobiles Renault-Nissan et PSA, pour accompagner ces pays du Sahel dans la mise en place d’écosystèmes solaires locaux compétitifs.

Cette expertise marocaine repose sur une approche holistique allant de l’aménagement de sites industriels équipés aux standards internationaux, à la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, en passant par la structuration d’un réseau d’équipementiers et sous-traitants locaux. Concrètement, le Maroc pourrait partager son modèle gagnant avec ces pays en les aidant à concevoir et opérationnaliser des zones franches dédiées à l’industrie solaire photovoltaïque, en mettant l’accent sur l’intégration des différents maillons de la chaîne de valeur sur un même site.

Cette concentration géographique permettrait de maximiser les synergies entre les différents acteurs (cellules, modules, verriers, métallurgistes, équipementiers, etc.), de rationaliser les coûts logistiques et de faciliter les transferts de technologies et de compétences. Le savoir-faire marocain serait aussi précieux pour former les ressources humaines locales aux nouveaux métiers industriels du solaire et développer en parallèle un vivier de PME sous-traitantes spécialisées dans ces filières. Ces zones industrielles solaires intégrées offriraient ainsi un environnement propice aux investissements étrangers, aux partenariats et à l’émergence d’un tissu productif local compétitif et créateur d’emplois pérennes.

L’expérience du Maroc dans la conduite de tels projets d’envergure, qui requièrent une vision stratégique de long terme et une mobilisation coordonnée des parties prenantes publiques et privées, serait véritablement un atout différenciant pour accompagner le décollage industriel de la filière solaire dans ces pays.

Renforcer les capacités institutionnelles
Dans un autre registre, l’expertise marocaine en énergie solaire serait des plus pertinentes pour «renforcer les capacités institutionnelles, techniques et réglementaires» de ces pays en phase de structurer leurs filières. Le Maroc, qui a accueilli plusieurs délégations africaines pour des formations dans le secteur, pourrait se positionner comme «un pôle de référence en matière de formation de main-d’œuvre qualifiée et de certification» au service du Sahel.

Un facilitateur logistique idéal
De plus, en tant que pays côtier membre de la Zlecaf, le Maroc serait un «facilitateur logistique idéal» pour l’importation de composants en provenance d’Asie à moindre coût vers ces pays enclavés comme le Burkina Faso. Une meilleure intégration dans les chaînes d’approvisionnement régionales permettrait ainsi de réduire la dépendance excessive envers la Chine.

En tant que porte d’entrée maritime vers l’Afrique de l’Ouest, le Royaume peut tirer parti de son appartenance à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour faciliter l’acheminement à moindre coût de composants clés depuis l’Asie vers ces pays enclavés sahéliens comme le Burkina Faso.

Cette position de hub logistique régional permettrait de réduire la dépendance excessive de ces nations envers les importations chinoises, tout en favorisant une meilleure intégration des chaînes d’approvisionnement au niveau continental. Une collaboration renforcée entre le Maroc et les nations sahéliennes, soutenue par des partenariats public-privé et l’appui des institutions financières de développement, pourrait ainsi jeter les bases d’une filière solaire créatrice de valeur ajoutée et d’emplois durables.

Cette dynamique vertueuse contribuerait non seulement à résorber le déficit énergétique chronique du Sahel, mais aussi à accélérer sa transition vers un modèle de développement plus résilient aux chocs climatiques et économiques.

Dans cette optique, le respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) les plus exigeantes tout au long de la chaîne de valeur revêt une importance capitale. En s’engageant résolument sur cette voie, le Maroc et ses partenaires sahéliens démontreraient leur capacité à bâtir une industrie solaire pérenne, créatrice de prospérité partagée et alignée sur les objectifs de développement durable.

Des pistes de coopération scientifique

Le rapport ouvre des pistes de «coopération scientifique» entre le Maroc et ces pays pour des projets de recherche et développement visant à faire progresser les technologies et procédés industriels dans le solaire photovoltaïque.

Pour toutes ces raisons, le Royaume semble bien positionné comme «un acteur incontournable» pour accompagner les ambitions de développement d’une industrie solaire compétitive et créatrice de valeur ajoutée au Sahel. Un leadership régional qui profiterait assurément aux économies de toute la région.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO

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