Une réforme pour relancer l’emploi
L’Anapec, créée pour accompagner l’insertion professionnelle des Marocains, peine toujours à remplir pleinement sa mission après 23 ans d’existence. Face à un chômage persistant, notamment chez les jeunes diplômés, le gouvernement envisage de préparer une réforme destinée à moderniser son fonctionnement et à restaurer la confiance des citoyens.
Après plus de deux décennies d’existence, l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (Anapec) se trouve à un tournant décisif. Conçue comme le bras opérationnel du gouvernement en matière d’emploi et de formation, l’institution peine aujourd’hui à répondre aux attentes des chercheurs d’emploi et aux besoins d’un marché en constante mutation. Selon des chiffres relayés par les médias, malgré son réseau de 200 agences et une plateforme digitale active, elle ne parvient à toucher en moyenne que 14 % des nouveaux demandeurs inscrits chaque année.
En effet, le constat est particulièrement préoccupant chez les jeunes. Selon les chiffres publiés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), au deuxième trimestre de 2025, le taux de chômage national a atteint 12,8 %, mais il grimpe à 35,8% pour les 15-24 ans, 19% pour les diplômés et 19,9% chez les femmes. Cette réalité illustre l’incapacité de l’Anapec à jouer pleinement son rôle d’intermédiation et à s’imposer comme acteur central de l’insertion professionnelle. Beaucoup d’entreprises considèrent encore le recours à ses services comme un processus long et complexe, freinant ainsi son attractivité, selon une enquête menée par le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences publiée en 2024.
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À cette image brouillée s’ajoute un positionnement jugé trop limité. D’après un sondage en ligne rassemblant les opinions de nombreux utilisateurs, publié le 25 mai 2023, l’Agence concentre ses efforts sur l’emploi qualifié et les primo-demandeurs, délaissant les non-diplômés et les seniors, alors que ces segments représentent une part importante de la demande. En outre, seuls 40 % des inscrits ont bénéficié de formations, souvent jugées inadaptées aux besoins réels du marché. Le rapport 2022-2023 de la Cour des comptes a, lui aussi, mis en lumière plusieurs faiblesses structurelles, notamment l’absence d’outils prospectifs pour anticiper les métiers d’avenir et un déficit de coordination interinstitutionnelle.
Face à ces critiques, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, M. Younes Sekkouri, plaide pour une réforme en profondeur dans une réponse écrite à une question parlementaire. Il estime urgent de doter l’Agence d’un nouveau statut de base, plus moderne et motivant, à l’image d’autres établissements publics déjà réformés. Cette révision s’inscrit, selon lui, dans la continuité du plan stratégique 2022-2026 et de la feuille de route nationale pour l’emploi.
Par ailleurs, le ministre reconnaît néanmoins les efforts consentis par les agents de l’Anapec, soulignant la nécessité de valoriser leur mission par un cadre juridique adapté. Il met également en avant l’importance du dialogue social, jugé incontournable pour améliorer les conditions de travail et renforcer la motivation du personnel. Des concertations régulières sont organisées avec les syndicats, portant aussi bien sur la révision du statut de base que sur des questions liées à la mobilité, à la reconnaissance des compétences ou à la régularisation des situations administratives.