Economie

L’inflation retombe à un niveau maîtrisé, selon Bank Al-Maghrib

Après deux années de forte hausse des prix, le Maroc connaît en 2024 un net ralentissement de l’inflation, porté par une conjoncture internationale plus favorable et par les effets différés de la politique monétaire et budgétaire.

L’année 2024 marque un tournant dans le cycle inflationniste qui avait durement frappé l’économie marocaine depuis 2022. Selon le Rapport annuel 2024 de Bank Al-Maghrib, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est établie à 0,9 % en moyenne annuelle, contre 6,1 % en 2023 et 6,6 % en 2022. Cette nette décrue, jugée « sensible » par l’institut d’émission, traduit la conjonction de facteurs externes et internes, dont les effets conjugués ont permis un rééquilibrage progressif des prix.

Au plan international, le reflux des prix des matières premières, en particulier ceux des produits énergétiques et des denrées alimentaires, a joué un rôle modérateur important. Bank Al-Maghrib note en particulier que les prix mondiaux des engrais et de l’énergie, en baisse constante depuis le second semestre 2023, ont contribué à détendre les coûts de production agricole, notamment dans les filières maraîchères.

Sur le marché domestique, les prix des produits alimentaires à prix volatils — longtemps moteur de l’inflation — ont enregistré un recul significatif : –2,9 % en 2024, après des hausses spectaculaires de +11,1 % en 2022 et +18,8 % en 2023. Cette baisse se reflète dans une contribution négative à l’inflation globale (–0,4 point de pourcentage), alors qu’ils y contribuaient pour +2,4 points une année auparavant. Parmi les produits les plus concernés figurent les agrumes (–26,9 %) et les légumes frais (–16,3 %). En revanche, les poissons frais (+9,7 %), les légumineuses sèches (+8,9 %), les fruits frais (+8,6 %) et les viandes blanches (+7,3 %) ont vu leurs prix continuer à grimper, signe d’un rééquilibrage différencié selon les filières.

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L’amélioration des conditions climatiques a également favorisé la reprise de certaines productions agricoles, en particulier les cultures arboricoles et maraîchères, ce qui a permis d’atténuer les pressions saisonnières sur les marchés.

Bank Al-Maghrib souligne que cette baisse de l’inflation est également attribuable aux effets décalés du resserrement monétaire initié en 2022, qui a visé à contenir les anticipations inflationnistes. Le resserrement progressif des taux directeurs a limité les dynamiques de crédit et encouragé la stabilisation des prix à moyen terme.

Sur le front budgétaire, les mesures gouvernementales visant à préserver le pouvoir d’achat ont également contribué à freiner la dynamique inflationniste. L’amélioration de l’offre de certains produits alimentaires grâce aux politiques d’importation ciblées (céréales, ovins, viandes congelées), ainsi que la suppression de la TVA sur les produits pharmaceutiques dans la loi de finances 2024, ont eu un impact désinflationniste mesurable.

Une inflation sous-jacente en décélération

L’inflation sous-jacente — indicateur privilégié par Bank Al-Maghrib pour suivre la dynamique de fond des prix hors éléments volatils — a également ralenti, passant de 5,6 % en 2023 à 2,2 % en 2024. Ce ralentissement reflète essentiellement le repli des prix des produits alimentaires composant cet agrégat, renforçant le constat d’un apaisement général des tensions inflationnistes.

Cependant, l’inflation ne recule pas sur tous les segments. Les produits à tarifs réglementés ont vu leurs prix progresser de 1,2 %, contre +0,8 % en 2023. Cette évolution est largement imputable au début du processus de décompensation du gaz butane, amorcé par le gouvernement le 20 mai 2024, qui a entraîné une hausse de 15,3 % du prix du gaz sur l’année. Dans le même esprit, le prix du tabac a été relevé de 2,3 %, dans le cadre de l’application du quatrième palier de la Taxe Intérieure de Consommation (TIC) prévue par la loi de finances 2022. Les services médicaux ont suivi la même tendance (+2,3 %), tandis que les produits pharmaceutiques ont bénéficié d’un allègement des prix (–5 %), consécutif à la suppression de la TVA et à la baisse administrative de certains prix de vente décidée par le ministère de la Santé.

Au total, la contribution des tarifs réglementés à l’inflation est restée stable à 0,2 point de pourcentage, signe d’un effet neutre en termes de dynamique globale.

Bank Al-Maghrib note enfin que les prix à la production dans les industries manufacturières hors raffinage ont également reculé, de –1 % en 2024, après une hausse de +1,6 % en 2023 et de +12,7 % en 2022. Les baisses les plus marquées concernent les industries alimentaires (–1,1 %) et l’industrie chimique (–5,3 %), traduisant un apaisement sur les coûts intermédiaires, notamment énergétiques et importés.

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