L’Économiste

IMC 2025: le Maroc prend la tête de la transition minière africaine

La deuxième édition du Congrès International des Mines du Maroc (IMC-Morocco 2025), organisée à Marrakech du 24 au 26 novembre, a marqué un tournant majeur pour l’industrie minière africaine.

Présidant la séance d’ouverture, Leila Benali, ministre de la Transition Énergétique et du Développement Durable, a affirmé que l’adoption de la Déclaration de Marrakech ouvre une nouvelle ère de souveraineté minérale pour l’Afrique, alors que les métaux critiques deviennent le socle de la transition énergétique mondiale.

Dans un contexte de reconfiguration rapide des chaînes de valeur et d’explosion de la demande en minerais stratégiques, la ministre a appelé à renforcer la transformation locale, à structurer des chaînes de valeur africaines intégrées et à affirmer une voix continentale unifiée. Elle a également rappelé que le Maroc, porté par des infrastructures énergétiques, portuaires, industrielles et digitales de référence, occupe désormais une position centrale dans ces dynamiques.

L’édition 2025 a été marquée par une participation internationale notable, notamment celle de l’Arabie Saoudite et de plusieurs pays subsahariens, confirmant l’émergence d’une coopération minière africaine plus coordonnée. Les principaux opérateurs marocains – OCP, Managem, Aya Gold & Silver, CMT – ont pris part aux travaux, aux côtés d’acteurs émergents tels que Red Rock et Morocco Mineral Strategy, ainsi que d’un écosystème croissant d’entreprises de services miniers : ingénierie, forage, géologie, digitalisation, logistique.

Parmi les annonces phares, Mme Benali a confirmé la digitalisation complète du cadastre minier national, dont la mise en service est prévue au deuxième trimestre 2026. Cette réforme majeure vise à moderniser la gestion des titres, fluidifier l’accès à l’information géologique, renforcer la transparence et accélérer les investissements. Une avancée essentielle pour un secteur qui cherche à gagner en visibilité, en efficience et en attractivité internationale.

Les travaux du congrès ont également mis en avant le Corridor OTC (Origination – Transit – Certification) et le Cadre ESG Africain, deux instruments conçus pour sécuriser les flux, harmoniser les standards et renforcer la crédibilité de l’Afrique sur les marchés mondiaux.

L’analyse des experts

Les experts présents au congrès ont rappelé que le Maroc dispose d’un potentiel réel en métaux critiques – cobalt, nickel, manganèse, cuivre – désormais indispensables aux chaînes industrielles mondiales. Le pays se positionne de plus en plus comme un fournisseur fiable pour les secteurs des batteries, des véhicules électriques, et de l’électronique avancée.

Selon plusieurs intervenants, la force du Maroc ne réside pas uniquement dans ses ressources, mais dans sa capacité à les intégrer dans une chaîne de valeur industrielle structurée, articulant extraction, transformation, R&D, certification, logistique et export. Cette approche systémique, rare sur le continent, permet au Royaume de proposer une offre minière complète, compétitive et conforme aux standards internationaux.

Les experts ont également mis en avant la transformation progressive du modèle minier marocain, marqué par une professionnalisation croissante, une montée en puissance des entreprises nationales et une ouverture aux technologies avancées : exploration géophysique, géométallurgie, automatisation, data mining, traçabilité numérique des flux… Un ensemble de leviers qui permettra au Maroc de réduire les risques, optimiser les coûts et améliorer la qualité des opérations.

Autre point souligné : l’alignement entre les acteurs publics et privés. Les opérateurs saluent une vision plus claire, orientée résultats, avec des chantiers structurants tels que la digitalisation du cadastre minier national, la consolidation des connaissances géologiques et la clarification des procédures d’accès au foncier minier. Pour les experts, ce sont ces fondamentaux institutionnels qui assureront la crédibilité du Maroc dans la décennie à venir.

Enfin, les participants ont reconnu le rôle géoéconomique unique du Royaume. À la croisée de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient, le Maroc bénéficie d’une position logistique et industrielle stratégique. Comme une plaque tournante où convergent les routes minérales du futur, le pays s’impose progressivement comme le centre de gravité des chaînes de valeur africaines, capable d’absorber, structurer et valoriser les flux issus de l’ensemble du continent.

Adil Benchekroun









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