Hassan M. Alaoui : “Le vrai défi sera de poursuivre la dynamique au-delà du Mondial 2030”
Hassan M. Alaoui
Chairman- One Africa Forums
À l’occasion de la publication de l’édition 2025 du classement «Les 500 Global», devenu une véritable boussole de la vitalité économique nationale, Hassan M. Alaoui revient sur les grandes tendances qui se dessinent au sein du tissu des grandes entreprises marocaines. Entre montée en puissance de la gouvernance responsable, dynamisme sectoriel post-covid et perspectives ouvertes par l’organisation du Mondial 2030, ce baromètre révèle bien plus qu’un simple palmarès, il traduit les profondes mutations du modèle entrepreneurial marocain.
Le classement «Les 500 Global» ne se limite pas à une photographie économique. Il montre aussi les transformations en cours du modèle d’entreprise marocain. Comment percevez-vous l’évolution de la gouvernance, de la transparence et de l’innovation au sein des entreprises ?
La gouvernance est un sujet clé pour le développement des grandes entreprises marocaines. Concrètement, on l’a senti évoluer au cours des 24 dernières années, à travers, déjà, une meilleure transparence dans la gestion et la communication mais, également, dans un effort considérable de réorganisation des activités. Il fut un temps où la grande entreprise avait plusieurs métiers logés dans une même enseigne.
Aujourd’hui, ces structures sont organisées autour d’un métier de base. Nous remarquons aussi un meilleur engagement des grandes entreprises pour les normes environnement, gouvernance et social (ESG). Depuis que nous avons lancé, avec Forvis Mazars, l’analyse de matérialité ESG, il y a trois ans, le nombre d’entreprises qui adhèrent à cette analyse a plus que doublé. C’est sous le poids, certes, de la règlementation de plus en plus rigide, mais aussi des mutations que connaissent ces grands acteurs.
Le classement s’est imposé comme un baromètre de la confiance économique. En quoi cette édition 2025 se distingue-t-elle des précédentes, tant sur le plan méthodologique que sur celui des tendances révélées ?
La méthodologie de notre classement évolue tous les cinq à dix ans, et ce, pour accompagner les mutations des grandes entreprises. L’édition 2025 n’a pas connu de changement majeur, mais elle reflète une très bonne dynamique qui tourne la page de la période post-covid. L’enseignement principal, je dirais, est la progression hors norme des secteurs liés au BTP Infrastructures, qui est une réponse directe aux grands marchés du Mondial 2030, lesquels ont démarré en 2024.
Plusieurs secteurs, notamment le BTP, les services financiers et l’industrie, ont affiché une forte dynamique. Quels sont, selon vous, les moteurs structurels de cette croissance ?
Comme je le disais, les sociétés qui pilotent les grands chantiers d’infrastructures sont créatrices de forte croissance. C’est normal ! Maintenant, le grand défi est de pouvoir poursuivre ce développement au-delà du Mondial 2030.
Pour ce qui est de l’économie du sport, nos conférences à Tanger, Agadir et Casablanca démontrent que les sociétés commerciales dans le textile, la grande distribution et le conseil sont à même d’être à l’origine du développement d’une économie du sport. Regardez par exemple l’écosystème Decathlon au Maroc et ce qu’il a pu créer comme valeur ajoutée et emplois. Cela a permis de démocratiser la pratique sportive dans le pays, grâce à un accès à des produits bon marché. Tout cela est bon pour la santé et aura, à terme, un impact positif sur les budgets santé de l’Etat.
Comment comptez-vous renforcer l’impact du classement et faire évoluer ce dispositif dans les années à venir ?
Nous avons déjà effectué un long parcours, et somme fiers de l’accord signé avec le groupe Horizon Press. Il pourra amplifier notre message, qui est d’encourager la performance ainsi qu’une croissance saine et durable des grandes entreprises. Nous allons, bien évidement, introduire des nouveautés dans les années à venir. Toutefois, il est trop tôt pour en parler. En effet, chaque nouveauté mérite une réflexion profonde dans la durée afin de nous assurer qu’elle est en phase avec les perspectives de développement des grandes entreprises, tant à l’échelle économique que sociale.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

