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Au Congrès des Consuls, Kolinda plaide pour une puissance d’attraction plutôt que de coercition

Dans un monde « fragmenté, vaste et fragile », la Former President de la Croatie, Kolinda Grabar-Kitarović, a plaidé, au Congrès Mondial des Consuls à Marrakech, pour une diplomatie d’« empathie stratégique ». Face à la volatilité et aux crises en cascade, elle défend une combinaison de droit, de confiance et de soft power pour prévenir, apaiser et reconstruire.

« Nous vivons une ère de crises qui se chevauchent », a résumé Kolinda Grabar-Kitarović, évoquant un monde VUCA (volatile, incertain, complexe et ambigü) et un système « G-zéro », où ni le G7 ni le G20 ne structurent plus véritablement l’ordre international. Pandémie, guerres, désinformation, anxiété climatique et disruptions technologiques produisent des effets en chaîne, raréfiant les fenêtres d’opportunité diplomatiques. D’où la nécessité, selon elle, de tenir ensemble deux exigences : « la paix que nous souhaitons tous » et l’impératif de respecter le droit international, la souveraineté des États, l’intégrité territoriale et la liberté de choisir son avenir.

Empathie stratégique et soft power

Pour l’ancienne cheffe de l’État, « la diplomatie n’est pas l’art d’imposer une volonté, mais de bâtir la confiance, une conversation à la fois ». Les cessez-le-feu durables supposent des parties prêtes à négocier et des médiations patientes. Forte de l’expérience croate — du conflit à la réconciliation — elle soutient que la diplomatie moderne doit conjuguer fermeté et empathie : « Le hard power peut remporter des batailles ; seul le soft power gagne la paix. » Cette approche s’ancre dans l’écoute, le respect des différences et la recherche de terrains communs y compris avec des interlocuteurs difficiles.

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Revenant sur ses échanges au plus haut niveau à Kaboul, Kolinda Grabar-Kitarović estime que la communauté internationale aurait dû privilégier la consolidation institutionnelle plutôt que l’« ingénierie nationale ». Des avancées sont souvent nées d’un geste humain – « une poignée de main, une histoire partagée, un moment d’empathie » – plus que d’une séance formelle. La clé est de reconnaître la culture locale, laisser sa place au leadership national et faire de la dignité un principe opérationnel.

Consuls honoraires, « héros méconnus »

Saluant le rôle des consuls honoraires, « héros méconnus de la diplomatie », elle a souligné leur utilité concrète en temps de crise comme en temps normal. Dans cet esprit, la Fédération mondiale des consuls (FICAC) et l’Union des Consuls Honoraires au Maroc (UCHM) portent, selon elle, une diplomatie éthique et centrée sur l’humain : « La confiance est la monnaie de la diplomatie, des relations internationales… et de toute relation humaine. »

La dirigeante a appelé à accélérer l’inclusion des femmes, dont les méthodes – consensus, empathie, constance – sont « de plus en plus essentielles ». Elle anticipe une diplomatie personnalisée, connectée aux sociétés, aux entreprises et aux territoires, « à la fois compétente en IA et résolument humaine ». Sa ligne de fond : « L’avenir de la diplomatie n’est pas écrit dans les traités, mais dans la confiance. »

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