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Industrie financière africaine : le rôle très inspirant du Maroc

Le Maroc est l’un des rares pays africains à disposer d’une industrie financière robuste et qui est parvenue à se déployer hors de ses frontières, notamment sur le continent. Cette particularité trouve tout son sens dans un contexte de transformation profonde de cette industrie financière africaine.

«L’industrie financière africaine connaît une transformation profonde». C’est le constat que fait Olivier Noël, secrétaire général de l’Africa Financial Summit (AFIS).

Selon lui, cette industrie s’est d’abord renforcée sur le plan de la stabilité. «Les banques sont mieux capitalisées, les régulateurs plus exigeants, en particulier sur la qualité de la gouvernance et de la conformité, et la finance durable devient une réalité, même si c’est un chantier qui reste à mener à maturité», fait-il savoir, dans une interview aux Inspirations Éco.

La création de marchés de dérivés, l’émergence de fonds souverains régionaux, ou encore la montée des fintechs africaines, dont le nombre a triplé au cours des trois dernières années, témoignent de cette sophistication croissante, poursuit-il.

Défis
Mais cette dynamique reste contrastée. L’accès au financement demeure difficile pour les PME, les femmes entrepreneures ou le monde rural. La dégradation des finances publiques, le poids croissant du service de la dette et l’abaissement des notations de risque souverain de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne rappellent aussi la fragilité de nos équilibres macroéconomiques.

«D’où la nécessité de renforcer l’intégration financière panafricaine. Cela passe par la convergence réglementaire, l’interopérabilité des systèmes de paiement et la mise en réseau de nos bourses régionales», indique le secrétaire général de l’AFIS.

Des projets comme la zone de libre-échange ZLECAF, le système de paiement panafricain PAPSS ou l’interconnexion des bourses africaines (AELP) incarnent cette ambition. Cela dit, la question de la transformation digitale et de l’innovation dans les services financiers devient centrale.

«L’Afrique doit anticiper les risques liés à la cybersécurité, tout en profitant des opportunités de l’intelligence artificielle et du numérique pour bâtir une finance inclusive, agile et résiliente», indique Olivier Noël.

Espace OHADA
Dans ce cadre, un partage d’expérience est certainement le bienvenu. Surtout de la part des banques marocaines, parmi les plus développées sur le continent, et qui continuent d’y renforcer leur présence, notamment dans l’espace de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA), qui dépasse, faut-il le souligner, le seul cadre ouest-africain. En Afrique de l’Ouest justement, les banques marocaines contribuent à rehausser le taux de bancarisation dans les pays d’implantation des filiales bancaires marocaines.

Dans l’UEMOA, le taux de bancarisation tourne encore autour de 25%, selon la BCEAO. Il est vrai que, la plupart du temps, les implantations des groupes marocains sont le résultat d’acquisitions d’acteurs qui était déjà existants, mais, avec l’expérience de la banque de détail engrangée au Maroc, cette présence contribue, dans une large mesure, à faciliter l’accès aux services bancaires, avec une offre et une présence renforcée.

Bancassurance
Autre particularité, et ce n’est un secret pour personne : il est impossible quasiment de parler banque sans penser aux assurances. La combinaison entre les deux activités joue pleinement en faveur des groupes qui disposent des deux relais. Pour le cas des groupes marocains, c’est notamment le cas pour Attijariwafa bank, avec Wafa Assurances. Et à ce propos, la zone UEMOA est pleine de perspectives prometteuses, et elle n’est pas la seule. C’est le cas aussi des pays de la CEMAC. Les deux forment un bloc attractif.

«En effet, les 14 pays qui la composent, ont fait le choix de créer un espace commun des assurances, appelé zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance)», rappelle Ange Bouyou-Mananga, expert concernant les questions d’assurance et de dette souveraine à «Je m’engage pour l’Afrique».

Faut-il le rappeler, les bénéfices tirés des activités bancaires et des assurances en provenance des filiales bancaires marocaines se consolident. Ils dépassent 25% des résultats nets en fonction des groupes. Dans l’optique de renforcer cette contribution, les groupes bancaires marocains ne manquent pas d’inspiration.

On se rappelle bien évidemment des nombreuses missions B to B organisées sur presque toutes les zones du continent, notamment en Afrique de l’Ouest, avec pour objectif de connecter les opérateurs économiques du Royaume à leurs collègues du continent. Pour ces banques, c’est aussi un moyen efficace de sécuriser leur clientèle au Maroc, désireuse de se lancer sur le continent.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO

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