Le Maroc consolide sa place sur le marché des camions au sein du MENA
Le Maroc s’affirme comme l’un des marchés les plus dynamiques du secteur des camions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Selon un rapport publié le 12 septembre par IndexBox, la consommation nationale a atteint 77 000 unités en 2024, soit 10 % du total régional, tandis que les importations, estimées à 43 000 unités, placent le Royaume au troisième rang des importateurs derrière la Turquie et l’Arabie saoudite.
Si le Maroc reste derrière la Turquie et ses 322 000 unités consommées en 2024, la progression du marché national se distingue par son rythme soutenu. Avec une croissance annuelle moyenne de près de +9,6 % en volume au cours de la dernière décennie, le Royaume enregistre la performance la plus dynamique de toute la région MENA. Dans un environnement marqué par le recul général de la demande depuis le pic de 2013, le pays apparaît comme une exception, conjuguant résilience et attractivité.
Le rapport IndexBox souligne que le Maroc occupe désormais la troisième position des importateurs régionaux, avec 43 000 unités importées en 2024. Seuls la Turquie (101 000 unités, soit 26 % du total) et l’Arabie saoudite (69 000 unités, 18 %) font mieux. Derrière le Royaume, on retrouve l’Irak (34 000 unités), les Émirats arabes unis (26 000 unités) et l’Algérie (21 000 unités).
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Ce dynamisme s’explique par plusieurs facteurs structurels. D’abord, le Maroc a multiplié les investissements dans ses zones logistiques et ses corridors de transport. Casablanca, Tanger et Agadir sont devenues des hubs régionaux où se croisent flux commerciaux africains, européens et atlantiques. L’ouverture de nouvelles zones industrielles intégrées – comme celles de Kénitra, de Tanger Med ou de Jorf Lasfar – nécessite un parc de camions modernisé, capable d’absorber la hausse des échanges.
Ensuite, la demande interne est soutenue par la modernisation du transport routier, qui demeure le premier vecteur de circulation des marchandises dans le pays, représentant plus de 90 % des flux domestiques. Le renouvellement du parc, longtemps marqué par une forte proportion de véhicules anciens, constitue une priorité pour améliorer la compétitivité logistique nationale et réduire les coûts liés à la vétusté.
Le Maroc, un marché en croissance face à la domination turque
Si le Maroc progresse, la Turquie reste le leader incontesté de la région. En 2024, le pays concentrait 43 % de la consommation régionale (322 000 unités) et 76 % de la production (456 000 unités). Ankara s’appuie sur une industrie automobile robuste, exportatrice vers toute la région MENA et au-delà.
Face à ce géant industriel, le Maroc s’appuie sur une stratégie différente. Plutôt que de viser une production de masse, le Royaume cherche à monter en gamme, en attirant des investisseurs étrangers dans l’assemblage et la distribution de camions et véhicules utilitaires. Les projets de constructeurs chinois, européens et indiens, attirés par l’accord de libre-échange avec l’Union européenne et l’accès privilégié à l’Afrique subsaharienne, renforcent l’attractivité du territoire.
Selon IndexBox, le Maroc affiche un taux de croissance annuel de la consommation de +9,6 % en volume et de +9,4 % en valeur entre 2013 et 2024, bien au-dessus de la moyenne régionale. Cette dynamique contraste avec le déclin saoudien (-4,6 % par an en volume) et souligne la singularité du cas marocain.
Les 43 000 unités importées en 2024 témoignent de la montée en puissance du Royaume dans les chaînes d’approvisionnement régionales. Alors que la Turquie et l’Arabie saoudite dominent encore le marché, le Maroc se positionne comme une plateforme intermédiaire reliant l’Afrique subsaharienne aux circuits euro-méditerranéens.
Le marché marocain reste dominé par les camions diesel de moins de 5 tonnes, qui représentent la majorité des importations et répondent aux besoins de la distribution urbaine et interurbaine. Toutefois, l’arrivée de nouvelles gammes de poids lourds, notamment dans la logistique portuaire et industrielle, traduit une diversification progressive.
Au-delà des chiffres, le marché des camions est un révélateur des mutations économiques en cours. Pour le Maroc, il s’agit de consolider son rôle de hub africain, capable de connecter le continent aux marchés européens et atlantiques.
« Le Maroc s’impose désormais comme un acteur clé du transport routier en Afrique du Nord, et son marché croît à un rythme supérieur à la moyenne régionale », souligne le rapport d’IndexBox. Ce constat vient renforcer la vision royale d’un pays tourné vers le Sud, prêt à capitaliser sur ses atouts géographiques et industriels pour peser dans les chaînes de valeur mondiales.