Economie

L’immobilier, nouvelle façade du blanchiment ?

Des transactions immobilières à Casablanca et Tanger mettent en alerte l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF). De nouveaux acteurs du marché sont suspectés de blanchir des capitaux provenant du trafic de cocaïne via des projets en difficulté. La rapidité et l’ampleur de ces opérations soulignent les risques pour la transparence du secteur.

Des mouvements financiers atypiques et des acquisitions immobilières rapides ont déclenché une enquête de l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF). Selon les médias, certains nouveaux entrants sur le marché pourraient exploiter des projets « en difficulté » pour blanchir des capitaux issus du trafic de cocaïne.

À Casablanca et Tanger, plusieurs transactions récentes ont attiré l’attention des autorités. Certains promoteurs, récemment apparus sur le marché, auraient pris le contrôle de projets fragilisés, soit par achat direct d’actifs, soit via des participations dans les sociétés détentrices. La rapidité de ces opérations et les montants engagés ont éveillé les soupçons, incitant les enquêteurs à scruter attentivement la situation fiscale des promoteurs, avec l’appui de la Direction Générale des Impôts.

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Parallèlement, des alertes émises par des banques et des experts-comptables révèlent des flux financiers inhabituels sur des comptes partagés par plusieurs sociétés. Ces fonds sont majoritairement destinés au remboursement de dettes existantes, souvent frappées de saisies conservatoires. Pour les enquêteurs, ces mouvements visent à sécuriser des actifs stratégiques et à renforcer le contrôle sur le marché immobilier.

Les audits montrent que ces investisseurs s’insèrent dans des projets immobiliers stagnants, en s’appuyant sur des cabinets comptables pour évaluer la viabilité réelle des actifs avant toute acquisition. Ils profitent des difficultés financières des promoteurs endettés, négocient directement avec les créanciers et obtiennent régulièrement des remises sur le montant des dettes et leurs pénalités.

Les projets ciblés ne sont pas choisis au hasard : ils se situent dans des zones stratégiques, facilement commercialisables, offrant un retour rapide sur investissement. Ces promoteurs privilégient généralement des financements par capitaux propres plutôt que par emprunt bancaire, ce qui leur permet de couvrir d’importantes charges opérationnelles malgré la hausse des coûts de construction et de main-d’œuvre.

L’enquête met également en lumière le rôle de conseillers spécialisés en immobilier et en finance, chargés de structurer les acquisitions et de sécuriser les dettes. L’achat de parts, la cession d’actifs et l’étalement des dettes sont autant de mécanismes visant à protéger les créanciers et les investisseurs tout en fluidifiant les transactions sur ces projets sensibles. Ainsi, cette investigation, toujours en cours, illustre les efforts de l’ANRF pour détecter et prévenir le blanchiment de capitaux dans un secteur clé de l’économie nationale et rappelle l’importance de la transparence et de la régulation dans un marché immobilier en pleine mutation.

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