Revolut au Maroc, la promesse d’une banque 100% digitale
Revolut, géant britannique de la fintech, prépare son arrivée au Maroc. Avec une offre 100% digitale et des services sans frais cachés, la néobanque entend séduire une clientèle jeune et connectée. Une implantation qui pourrait redéfinir l’équilibre du secteur bancaire national, encore dominé par les acteurs traditionnels.
Le paysage bancaire national pourrait bientôt connaître une transformation majeure. La néobanque britannique Revolut, l’un des leaders mondiaux de la fintech, s’apprête à franchir une nouvelle étape stratégique en ciblant le marché marocain. L’entreprise, qui a déjà désigné un premier responsable pour piloter ses opérations locales, aurait soumis une demande d’approbation réglementaire auprès de Bank Al-Maghrib, signe tangible de sa volonté d’implanter durablement son modèle dans le Royaume.
Fondée en 2015 à Londres, Revolut a bouleversé le secteur financier européen en démocratisant l’accès aux services bancaires numériques. La fintech s’est imposée grâce à une expérience simple, rapide et transparente : ouverture de compte en quelques minutes, paiements internationaux sans frais cachés, carte multi-devises, outils d’investissement en actions et cryptomonnaies, ou encore une assistance client disponible en continu. Contrairement aux banques traditionnelles, Revolut a été conçue dès l’origine comme une plateforme 100% digitale, centrée sur le smartphone et les besoins de l’utilisateur.
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D’après les médias, avec près de 60 millions de clients dans le monde et une valorisation estimée à 41 milliards d’euros, l’entreprise fait désormais figure de géant dans l’industrie bancaire internationale. Après une première implantation en Afrique du Sud, son expansion sur le continent s’intensifie, et le Maroc pourrait s’imposer comme futur hub stratégique pour la région Moyen-Orient – Afrique du Nord (MENA).
L’arrivée de Revolut intervient dans un contexte particulier : le secteur bancaire marocain, en pleine transformation numérique, reste dominé par des acteurs historiques. Les banques traditionnelles multiplient les investissements dans les applications mobiles et les plateformes digitales, mais leurs offres demeurent souvent jugées coûteuses et peu flexibles par les jeunes générations et les indépendants.
Pour des experts du secteur, l’implantation de Revolut n’est plus qu’une question de temps. Selon eux, la néobanque a déjà lancé le processus de recrutement d’un directeur général. Si son implantation se confirme, elle risque de bouleverser le marché avec des services 100% digitaux, sans frais de tenue de compte, et une expérience mobile inégalée.
Une concurrence qui s’annonce rude
Toujours selon les mêmes analystes, la cible prioritaire sera constituée des jeunes urbains connectés et des freelances, particulièrement sensibles aux coûts réduits et à la fluidité d’utilisation. Ils rappellent aussi que les banques locales devront accélérer leur digitalisation, car Revolut représente une menace sérieuse pour les établissements de paiement déjà présents, notamment sur les transferts internationaux et les paiements en ligne.
Le premier jalon de cette stratégie marocaine a été posé en juillet dernier avec la nomination d’un directeur des opérations pour le Maroc, issu du secteur technologique international. Sa mission : piloter le lancement et bâtir la stratégie de développement de Revolut dans le Royaume. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il s’est dit « ravi de contribuer à apporter des services financiers de pointe à des millions de Marocains ».
En parallèle, Revolut poursuit une campagne de recrutement local afin de constituer une équipe capable d’accompagner son expansion. Toutefois, son implantation reste suspendue à l’autorisation de Bank Al-Maghrib, étape incontournable pour opérer légalement sur le marché marocain.
Cette offensive internationale est soutenue par des résultats financiers en forte croissance. Selon les médias, en 2023, Revolut a quasiment doublé son chiffre d’affaires, atteignant 1,8 milliard de livres sterling (environ 2,1 milliards d’euros). Plus impressionnant encore, son bénéfice est passé de 7 millions de livres en 2022 à 344 millions de livres en 2023 (plus de 400 millions d’euros). Une rentabilité accrue qui conforte sa capacité à investir massivement dans de nouveaux marchés.
L’arrivée de Revolut pourrait constituer un tournant pour le secteur financier marocain. En proposant des services à la fois accessibles, rapides et moins coûteux, la néobanque pourrait séduire une clientèle jeune, urbaine et ouverte aux innovations digitales, tout en bousculant les pratiques établies.