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Le gouvernement relance un dossier à haut risque

Le gouvernement a rouvert le dossier, complexe et attendu, de la réforme des retraites. Si les premières orientations évoquées suscitent des réserves chez les centrales syndicales, celles-ci pointent des propositions jugées encore inadaptées aux réalités sociales. Dans un climat social déjà fragilisé par la hausse des prix et la pression sur le pouvoir d’achat, les débats s’annoncent délicats.

Présentées début août à Rabat, lors d’une réunion du comité de pilotage et d’orientation, les mesures proposées par le gouvernement s’articulent autour de trois points clés. D’abord, selon des informations relayées par les médias, le premier point concerne le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Le deuxième point porte sur une harmonisation des critères entre les différents régimes existants, afin de réduire les disparités. Enfin, le troisième volet envisagé concerne une révision des taux de cotisation et des modes de calcul des pensions. Selon les mêmes sources, ces propositions ont été présentées sans étude actuarielle détaillée et transparente, ce qui alimente les soupçons d’une réforme précipitée.

En effet, l’Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT) figurent parmi les plus fermes opposants. Elles estiment que le poids de la réforme repose excessivement sur les salariés, déjà touchés par l’érosion de leur pouvoir d’achat dans un contexte de flambée des prix. Les responsables syndicaux demandent avant tout une évaluation approfondie de la réforme de 2016 afin d’en mesurer les effets et les lacunes. Ils considèrent qu’aucune modification ne devrait être adoptée sans un diagnostic clair et partagé par toutes les parties prenantes.

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En outre, pour les centrales, la priorité doit être donnée à l’amélioration de la gouvernance et à la diversification des sources de financement des caisses. Elles appellent à explorer d’autres pistes, telles que l’élargissement de l’assiette des cotisants, l’optimisation de la gestion des fonds et la lutte contre les retards ou les défauts de paiement des contributions. Les syndicats mettent également en garde contre toute décision unilatérale du gouvernement, prévenant qu’un passage en force pourrait déclencher un cycle de contestation sociale.

Des revendications claires du côté syndical

Dans ce climat tendu, des organisations syndicales évoquent déjà la possibilité de mobilisations dans la rue si les propositions actuelles sont maintenues. Elles soulignent que les droits acquis ne doivent pas être remis en cause et que la réforme doit s’inscrire dans une perspective de justice sociale, respectueuse des travailleurs et des retraités.

De son côté, le ministère défend la nécessité de ces réformes en invoquant l’urgence de consolider la viabilité des régimes. Toutefois, la méthode employée reste au centre des critiques, notamment l’absence d’un calendrier précis pour la mise en œuvre et le manque de garanties sur l’impact social des mesures. Par ailleurs, une nouvelle session de discussions est prévue pour début septembre.

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