État social : un chantier de règne pour un progrès partagé
Portée par la vision du Roi Mohammed VI, la construction de l’État social au Maroc avance à pas mesurés mais résolus. Entre généralisation de la couverture sociale, refonte du système de santé et réformes structurelles, le Royaume s’est engagé depuis 2020 dans un chantier d’envergure destiné à réduire les inégalités et à garantir une protection pour tous.
Depuis son accession au Trône en 1999, le Roi Mohammed VI a fait de l’édification d’un État social l’un des axes structurants de son projet de société. Cet engagement royal s’est matérialisé par une série de réformes ambitieuses et de programmes sociaux qui ont progressivement redessiné le paysage social marocain, en plaçant la justice sociale, l’inclusion et la réduction des inégalités au cœur des politiques publiques.
Le discours prononcé par le Souverain à l’ouverture de la session législative du 9 octobre 2020 marque un tournant décisif dans ce processus. C’est à cette date que le Roi Mohammed VI a annoncé la généralisation progressive de la protection sociale à l’ensemble des citoyens d’ici 2025, qualifiant ce chantier de réforme sociétale majeure. Une vision qui a immédiatement suscité l’adhésion et les encouragements des institutions internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou encore l’Organisation internationale du travail, qui saluent une initiative inédite dans la région.
Cette réforme s’inscrit dans la continuité de programmes phares déjà mis en place depuis le début du règne royal. On peut citer, notamment, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le Régime d’assistance médicale (Ramed), le programme Tayssir pour la lutte contre l’abandon scolaire, les aides directes aux veuves et femmes en situation de précarité, ou encore les programmes de réduction des disparités territoriales et sociales. Tous ces dispositifs ont contribué, au fil des ans, à l’amélioration tangible des conditions de vie de millions de Marocains. Le niveau de vie moyen de la population a ainsi plus que doublé en l’espace de 25 ans.
Quatre piliers structurants
Pour consolider ces acquis, le projet de généralisation de la protection sociale repose sur quatre piliers principaux. Le premier d’entre eux a été l’élargissement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), qui a permis à quelque 22 millions de nouveaux bénéficiaires d’accéder à une couverture maladie couvrant frais de soins, médicaments et hospitalisations.
Le deuxième pilier est la généralisation des allocations familiales, ciblant près de sept millions d’enfants en âge de scolarisation, ce qui contribue à soutenir le revenu des familles vulnérables et à lutter contre l’abandon scolaire.
Le troisième concerne l’extension des régimes de retraite à cinq millions de travailleurs non couverts, notamment des indépendants, travailleurs informels ou saisonniers, afin de leur garantir une pension à l’âge de la retraite.
Le quatrième pilier prévoit la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi, un filet de sécurité essentiel pour les salariés du secteur formel en cas de perte de revenus. Les chiffres confirment une nette avancée en matière de couverture. Aujourd’hui, près de 87% de la population est couverte par l’AMO, contre moins de 60% en 2020.
Dans le même temps, le programme d’aide sociale directe lancé fin 2023 a déjà bénéficié à 3,9 millions de familles, mobilisant plus de 25 milliards de dirhams par an. Plusieurs défis majeurs demeurent. D’abord, l’accès équitable et de qualité aux soins de santé reste un enjeu critique. Les assurés supportent encore 50% des frais médicaux, soit le double du seuil de 25% recommandé par l’OMS.
De même, plus de huit millions de citoyens restent encore en marge du régime d’assurance maladie, faute d’inscription ou de continuité de droits. Par ailleurs, la pérennité financière des régimes de retraite est sous tension, notamment en raison de l’évolution démographique qui exerce une pression croissante sur le ratio cotisants/bénéficiaires. Le Maroc doit donc concilier l’expansion de la couverture sociale avec la nécessité de garantir l’équilibre actuariel des caisses de retraite.
Une transformation profonde du système de santé
Cette dynamique de l’État social ne peut être dissociée du vaste chantier de modernisation du système de santé national. Sous l’impulsion royale, des investissements conséquents ont été consentis pour améliorer les infrastructures sanitaires, former davantage de médecins et infirmiers, et moderniser la gouvernance du secteur.
Entre 1999 et 2023, le nombre d’hôpitaux est passé de 128 à 169, tandis que plus de 2.000 nouveaux centres de santé ont été créés et près de 200 structures hospitalières ont été rénovées. Parallèlement, le nombre de médecins est passé de 16.000 à 25.000 et celui des infirmiers de 25.000 à 38.000. Des partenariats avec des universités étrangères ont permis de rehausser le niveau de formation médicale et de limiter la fuite des compétences vers l’étranger.
Le Maroc a également misé sur la digitalisation et les innovations technologiques pour renforcer l’efficacité et la transparence du système de santé. Des systèmes d’information intégrés facilitent désormais le suivi des prestations, la gestion des données médicales et la lutte contre la corruption, tout en améliorant l’accès et la qualité des soins, y compris dans les zones rurales. L’édification de l’État social marocain s’articule également autour de la question des droits sociaux et de l’égalité, notamment à travers la réforme du Code de la famille.
La révision engagée récemment, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, vise à adapter ce texte aux réalités actuelles et aux engagements constitutionnels et internationaux du Maroc en matière d’égalité hommes-femmes. Cette réforme s’inscrit dans la continuité d’un engagement royal constant en faveur de l’émancipation des femmes, de la lutte contre les discriminations et de la protection des droits de l’enfant.
L’édification de l’État social incarne une vision royale de long terme, celle d’un pays plus juste, plus solidaire et mieux préparé à affronter les chocs économiques, sanitaires et sociaux. Ce modèle ambitionne de transformer durablement la société marocaine en garantissant à chaque citoyen un accès effectif à la santé, à l’éducation et à la retraite ainsi qu’à un minimum de protection face aux aléas de la vie. Un chantier ambitieux, mais porteur d’une promesse de dignité, de stabilité et de développement partagé.
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO