Economie

La MDJS passe à l’offensive judiciaire

La Marocaine des Jeux et des Sports (MDJS) lance une offensive judiciaire contre les opérateurs de paris sportifs illégaux. L’objectif : protéger son monopole, sécuriser les recettes publiques et réduire les pertes financières estimées à plusieurs milliards de dirhams.

Le Royaume s’apprête à franchir un seuil décisif dans la régulation de son écosystème ludique et sportif. La MDJS a initié une démarche judiciaire d’envergure, sollicitant une injonction en référé auprès des tribunaux afin d’obtenir le blocage technique, par les opérateurs de télécommunications, de l’accès aux plateformes de paris sportifs opérant illégalement sur le territoire national. Cette offensive réglementaire vise à endiguer la prolifération de ces entités, dont l’activité non autorisée génère une déperdition financière colossale pour les caisses de l’État.

L’action de la MDJS repose sur une prérogative d’exclusivité solidement ancrée dans le corpus législatif. Le monopole de l’institution, établi dès 1966 et réaffirmé par la convention État-MDJS de 2016, s’étend explicitement aux paris en ligne jusqu’en 2036. Ce cadre juridique, dénué de toute zone grise, confère à la MDJS la légitimité d’agir contre les opérateurs étrangers, à l’instar de 1xBet, qui tentent de s’immiscer dans l’écosystème sportif sans l’agrément requis. Ces plateformes, bien que visées par des alertes récurrentes, ont persisté dans des stratégies de visibilité et de partenariat au sein du sport national.

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L’enjeu de cette régulation transcende la simple question de la concurrence pour atteindre la souveraineté financière. L’ampleur de l’hémorragie économique est vertigineuse : le volume potentiel des mises sur les paris sportifs illégaux pour l’année 2024 est estimé à environ 3,5 milliards de dirhams (MMDH), selon une déclaration de Younes El Mechrafi, directeur général de la MDJS, le 18 décembre 2025 lors d’un forum international sur le sport organisé par la Chambre des représentants. Cette évasion de capitaux se traduit par un manque à gagner substantiel pour les finances publiques. Le Fonds national de développement du sport se voit ainsi privé d’une manne estimée à près de 500 millions de dirhams (MDH), tandis que le Trésor public enregistre un déficit fiscal avoisinant les 200 MDH.

La gravité de la situation a nécessité une coordination inter-institutionnelle. L’Office des Changes a été mobilisé, identifiant les jeux électroniques et les paris comme un secteur prioritaire de contrôle pour l’exercice 2025.

Des investigations ont déjà révélé des infractions caractérisées à la réglementation des changes, notamment des règlements non conformes excédant 7,2 MDH effectués au profit d’opérateurs illégaux. Parallèlement, le sujet a été porté à l’attention du Parlement lors d’un récent colloque, où la nécessité de protéger l’institution monopolistique par tous les moyens légaux a été érigée en recommandation principale.

L’initiative de la MDJS, soutenue par l’intervention de l’Office des Changes et le consensus politique, marque une volonté inébranlable des autorités d’assainir le marché. Il s’agit d’une mesure de coercition indispensable pour préserver les recettes publiques, garantir l’intégrité du marché des jeux et sécuriser les flux financiers transfrontaliers.

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