L’Économiste

Le point sur la première édition du Quality Leaders Summit

La première édition du Quality Leaders Summit, tenue le 21 novembre, a réuni un public de dirigeants économiques, financiers et institutionnels autour d’une conviction partagée. Dans un environnement plus volatil, l’excellence financière s’affirme comme un levier décisif de stabilité, de compétitivité et de confiance. Conçu comme un forum d’idées et de solutions, l’événement a mis en avant des interventions croisées d’experts et une séquence de clôture dédiée à la mise à l’honneur d’entreprises certifiées Quality Label.

Ont pris part aux débats des personnalités de premier plan, parmi lesquelles Jean-Christophe Caffet, Group Chief Economist de Coface, Youssef Rouissi pour Attijariwafa bank, Fadwa Housni pour BMCE Capital Global Research, Gilles Abensour pour Saint-Gobain Maroc, Aroni Chaudhuri pour Coface, ainsi que Nesrin Gonin et Youssef Megzari pour Coface Business Information, aux côtés de Youssef Chraïbi, Frédéric Naud et Al-Amine Nejjar.

La keynote d’ouverture, confiée à Jean-Christophe Caffet, Group Chief Economist de Coface, a proposé un cadrage macroéconomique clair et sans concession. L’économiste a décrit un monde durablement incertain, où la mondialisation se recompose sans s’éteindre, où les frictions commerciales entretiennent des pressions inflationnistes et où les taux d’intérêt sont appelés à rester élevés plus longtemps. Il a souligné la progression des défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale, en attribuant ce mouvement à la normalisation post-pandémie et à la pression sur les marges, notamment en Europe. Les publications de Coface éclairent ce diagnostic en documentant la montée des risques politiques et sociaux, la poursuite de la hausse des insolvabilités en 2025 et un scénario de croissance modérée.

« Nous entrons dans un monde particulièrement compliqué à lire », a-t-il résumé, revenant sur une année 2025 « particulièrement intense » pour l’économie mondiale. « La mondialisation se fragmente, mais elle n’est pas derrière nous. Nous assistons à une nouvelle forme de mondialisation, davantage tournée vers la résilience et la sécurisation des approvisionnements, du just-in-time vers le just-in-case. » Ces propos ont structuré la suite des échanges en posant l’enjeu d’une compétitivité fondée sur la maîtrise des risques, la qualité de l’information et l’investissement de long terme.

Premier temps fort : la stabilité financière comme colonne vertébrale. Youssef Rouissi a rappelé le rôle du système bancaire dans l’absorption des chocs, en s’appuyant sur une profondeur croissante du marché intérieur de la dette, des mécanismes de tenue de marché sur la courbe des taux, la fourniture de liquidité au tissu productif et un éventail élargi d’instruments de couverture de change, de taux et de matières premières. À ce socle prudentiel s’ajoute l’extension progressive des outils de place, y compris l’ouverture du marché à terme et l’essor de solutions de financement fournisseurs qui améliorent la liquidité, notamment au bénéfice des TPME. L’ensemble dessine une architecture banco-centrée, capable de relayer la politique monétaire et de soutenir l’investissement dans les phases d’incertitude.

Dans le prolongement de cette mécanique de place détaillée par Youssef Rouissi, Fadwa Housni en a livré la mesure concrète. Au Maroc, 80 à 85 % du financement externe des entreprises provient des banques, signe d’un modèle d’intermédiation robuste et résilient sous supervision prudentielle. Elle a précisé des ordres de grandeur qui donnent l’échelle, avec des dépôts autour de 1 300 milliards de dirhams et un encours de crédits voisin de 1 200 milliards à fin septembre 2025, dont près de 18 % orientés vers l’industrie.

Dans le même mouvement, Gilles Abensour a éclairé le lien entre compétitivité industrielle et trajectoires de décarbonation, citant la consolidation d’écosystèmes exportateurs, l’intégration aux chaînes de valeur régionales et la progression de l’énergie bas-carbone comme leviers de résilience opérationnelle. Cette dynamique s’observe dans les bassins industriels émergents du pays, avec des effets d’entraînement sur la productivité, l’emploi et l’investissement. Aroni Chaudhuri a élargi la focale au continent, en distinguant risques macroéconomiques et risques sociopolitiques de long terme, et en soulignant l’intérêt d’une lecture fine des risques pays pour piloter l’exposition régionale.

Deuxième temps fort : la qualité de l’information comme standard de marché. Nesrin Gonin et Youssef Megzari ont replacé la donnée au cœur de la crédibilité financière, en décrivant une approche de solvabilité qui combine états financiers, comparaisons sectorielles et historiques de paiement, avec des mises à jour quasi en temps réel au service des décideurs. « Nous sommes dans un pays dont les fondamentaux économiques sont stables, dans un environnement mondial instable. Le Maroc est une économie ouverte, et cette ouverture se lit dans la structure de ses exportations et la diversité de ses moteurs sectoriels. » En rappelant le poids de filières comme l’automobile, l’aéronautique, les phosphates, l’agro-industrie, l’offshoring et le tourisme, l’équipe Business Information a souligné que la transparence de l’information, la maîtrise des délais de paiement et la clarté des engagements ESG constituent le socle d’un accès durable au financement.

Au fil des échanges, une cohérence s’est dessinée. La stabilité monétaire et financière sert de socle à la compétitivité. La discipline de trésorerie et la maîtrise des délais de paiement protègent l’investissement et l’emploi. La gouvernance et la transparence renforcent la confiance des marchés. Au centre, la qualité de l’information financière, son actualisation et sa traçabilité constituent un avantage comparatif pour les entreprises qui veulent se financer, exporter et franchir des paliers de croissance.

La séquence de clôture a enfin célébré l’exemplarité. Ebertec s’est vu décerner le trophée Quality Label, pour la rigueur de ses pratiques et la solidité de ses fondamentaux financiers. Filiale de Diana Holding, Ebertec est un acteur de référence de l’importation et de la distribution de vins et spiritueux au Maroc. Cette distinction illustre la vocation du label de Coface à reconnaître des trajectoires de qualité, à diffuser des standards et à encourager, dans la durée, des comportements qui sécurisent les échanges et attirent des capitaux de long terme.

Dans un environnement mondial plus dense et plus exigeant, la conviction partagée à l’issue du Quality Leaders Summit est claire. Le Maroc dispose des atouts pour convertir l’incertitude en levier de progrès grâce à la vitalité de son tissu entrepreneurial, à la montée en puissance de ses filières industrielles, à la profondeur croissante de ses marchés et à une culture financière qui gagne du terrain. Fidèle à sa mission, Coface poursuivra l’accompagnement des entreprises du Royaume, en conjuguant évaluation du risque, protection des transactions et aide à la décision. Portée par la qualité des contributions et l’intérêt suscité par l’écosystème, l’initiative a vocation à s’inscrire dans la durée, avec une deuxième édition d’ores et déjà à l’étude à Casablanca.

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