Economie

Un audit géant secoue le monde des affaires marocain

Un vent de panique souffle sur le monde des affaires à Tanger, Rabat et Casablanca. Une opération d’audit d’une ampleur inédite, orchestrée par la Direction Générale des Impôts (DGI), a placé des dizaines d’entreprises dans une situation critique. La cause ? L’utilisation, souvent faite de bonne foi, de factures émises par des sociétés écrans, qui se sont avérées être des coquilles vides. Ce vaste coup de filet met en lumière un système de fraude sophistiqué et expose les entreprises à des redressements fiscaux considérables, tout en tirant la sonnette d’alarme sur la nécessité d’une vigilance accrue dans les transactions commerciales.

Le mécanisme est aussi simple que dévastateur. Des entreprises, cherchant à optimiser leur charge fiscale, intègrent dans leur comptabilité des factures de biens ou de services. Cependant, les émetteurs de ces documents sont des entités fantômes, sans activité réelle ni obligations fiscales déclarées. Pour l’administration fiscale, la conclusion est sans appel : ces factures sont considérées comme fictives. En vertu de l’article 146 du Code Général des Impôts, si le fournisseur est défaillant (absence de déclaration et d’activité), la facture est considérée comme non déductible. Les entreprises qui les ont utilisées se retrouvent ainsi privées de la déduction de la TVA et de la charge correspondante, entraînant des pénalités et des majorations qui peuvent mettre en péril leur santé financière.

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Les enquêteurs de la DGI ont pointé un manque flagrant de diligence de la part des sociétés auditées. Celles-ci ont souvent omis des vérifications élémentaires, comme exiger des attestations de régularité fiscale de leurs fournisseurs ou conserver des preuves tangibles des transactions (contrats, bons de commande ou de livraison). Ce manque de prudence a transformé une simple transaction commerciale en un piège fiscal redoutable.

Démantèlement des réseaux de fausses factures

L’enquête ne s’est pas limitée aux entreprises utilisatrices. En remontant la piste, les inspecteurs ont identifié un véritable réseau organisé. Une liste de 21 sociétés spécialisées dans la fabrication de fausses factures a été établie, dont 90% sont basées à Casablanca. Ces officines proposent un service clé en main : la vente de factures et de documents administratifs sur demande, moyennant une commission d’environ 3% sur la valeur de l’opération. Les dirigeants de ces sociétés fantômes, souvent introuvables depuis des années, sont désormais dans le collimateur de la justice. Leurs dossiers ont été transmis directement au parquet, marquant une volonté de l’État de judiciariser ces affaires de fraude fiscale à grande échelle.

Au-delà des redressements financiers, cette opération envoie un message fort à l’ensemble du tissu économique marocain. La DGI montre sa détermination à lutter contre l’évasion fiscale en visant aussi bien les fraudeurs que ceux qui, par négligence, alimentent ces réseaux. Pour les entreprises, la leçon est claire : l’époque de la comptabilité approximative est révolue. Assurer sa pérennité passe désormais par une rigueur et une transparence sans faille dans chaque transaction.

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