Le Maroc réussit à inverser la courbe de sa dette
Le Royaume a récemment démontré une maîtrise remarquable de ses finances publiques, parvenant à inverser une tendance à l’endettement qui suscitait des inquiétudes. Grâce à une discipline budgétaire rigoureuse et à des recettes fiscales dynamiques, la situation de la dette publique du Royaume s’est nettement améliorée — une performance saluée par les agences de notation internationales et confirmée par des indicateurs concrets.
Au cœur de cette réussite se trouve une réduction significative du ratio de la dette du Trésor par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB). Entre 2020 et 2024, ce ratio a reculé de plus de quatre points, passant de 72,2 % à 67,7 %, indique Les Inspirations Éco. Les projections pour 2026 anticipent même une poursuite de cette tendance baissière pour atteindre 65,8 %, un niveau qui rappelle le début de la décennie 2010. Cette évolution positive s’accompagne d’un allègement notable de la charge des intérêts de la dette, estimée à 41,6 milliards de dirhams en 2025, soit 2,3 % du PIB. Cette performance est le fruit d’une gestion proactive qui a permis de réduire le coût de la dette tant intérieure qu’extérieure.
Deux facteurs principaux expliquent cette évolution positive. D’une part, une stratégie de « gestion active de la dette » a été mise en œuvre par la direction du Trésor. Cette approche combine anticipation et rigueur, notamment à travers des opérations de rachat ou d’échange de titres arrivant à maturité. L’objectif n’est pas de réaliser des gains immédiats, mais de lisser l’échéancier de remboursement et de sécuriser la structure de la dette à long terme. D’autre part, et de manière plus décisive encore, le Maroc a bénéficié d’une croissance exceptionnelle de ses recettes fiscales. Cette manne a permis de contenir le déficit budgétaire, qui a chuté de 3,3 points de PIB depuis 2021, réduisant ainsi la nécessité de recourir à l’emprunt pour financer les besoins de l’État.
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L’analyse de la structure de la dette révèle également des changements notables. En 2024, la dette extérieure publique s’élevait à 468,2 milliards de dirhams (29,3 % du PIB), détenue majoritairement par des créanciers multilatéraux comme la Banque mondiale (30,2 %) et la Banque africaine de développement (16,2 %). Sur le plan intérieur, les Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) sont devenus les principaux détenteurs d’obligations du Trésor (35,9 %), dépassant de peu les banques (35,6 %). Cette diversification des créanciers, tant internes qu’externes, contribue à la résilience du financement de l’État.
La trajectoire de la dette marocaine illustre les bénéfices d’une politique budgétaire prudente et stratégique. En combinant une gestion avisée de ses engagements et en capitalisant sur des recettes fiscales robustes, le Royaume a non seulement stabilisé ses finances, mais s’est également doté de marges de manœuvre précieuses pour l’avenir. Cette approche méthodique constitue un levier essentiel pour assurer la stabilité financière et soutenir le développement économique du pays sur le long terme.

