L’Économiste

Secteurs productifs : le Mondial 2030 redessine le paysage

Thématique phare du classement Les 500 Global 2025, le Mondial 2030 s’impose comme le symbole d’une transformation nationale. En co-organisant la Coupe du monde avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc enclenche une décennie d’investissements sans précédent, marquée par l’essor des infrastructures, la transition verte et la création d’emplois.

Le Maroc s’apprête à vivre une décennie d’investissements sans précédent. La co-organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal agit comme un catalyseur économique et territorial, dopant les infrastructures, la transition verte et l’emploi.

Selon le ministère de l’Économie et des Finances, les retombées économiques de l’événement sont estimées à +1,7% de croissance annuelle et 100.000 emplois créés par an. Mais au-delà des chiffres, ce chantier planétaire redéfinit en profondeur la structure productive du Royaume.

Un effet d’entraînement sur la croissance et l’emploi
Depuis l’attribution officielle du Mondial en octobre 2023, les signaux économiques se multiplient. L’édition 2025 du classement Les 500 Global, placée sous le thème «Mondial 2030 – Un projet civilisationnel», illustre parfaitement cette dynamique. Elle met en évidence une accélération du chiffre d’affaires des grandes entreprises marocaines, en hausse de 7,7% sur un périmètre constant, contre une croissance nationale de 3,8%.

Le secteur BTP-Infrastructures apparaît comme le premier bénéficiaire de cet élan, avec une hausse record de 15,8% de son chiffre d’affaires entre 2023 et 2024.Les chantiers structurants liés au Mondial – stades, routes, ports, hôpitaux, infrastructures énergétiques – participent déjà à cette montée en puissance. Des groupes tels que SGTM, TGCC, JESA ou LafargeHolcim Maroc tirent profit de la relance de la commande publique et privée. En parallèle, l’État mise sur des partenariats public-privé pour accélérer la cadence et renforcer la durabilité des ouvrages.

Les infrastructures au cœur du nouveau cycle productif
Le franchissement du cap symbolique des 1.000 milliards de dirhams (MMDH) de chiffre d’affaires cumulé par les 500 plus grandes entreprises marocaines en 2024 démontre l’ampleur de la transformation en cours. L’édition 2025 du classement Les 500 Global enregistre un total de 1.026 MMDH, en hausse de 5,7% sur un an. Ce dynamisme s’explique notamment par la vitalité du BTP, du transport et de l’énergie, trois piliers directement impactés par les projets du Mondial.

La SGTM, acteur historique du génie civil, célèbre ses 50 ans avec une forte présence dans les chantiers structurants du Royaume, tandis que l’Office national des chemins de fer (ONCF), l’Agence nationale des ports (ANP) et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) adaptent leurs infrastructures à la nouvelle donne.

L’ANP, par exemple, a été intégrée au dispositif d’organisation du Mondial à travers un FIFA Port Agreement, confirmant le rôle stratégique des ports marocains comme «vitrines logistiques du savoir-faire national».

La redistribution territoriale, un enjeu central
Le Mondial 2030 agit comme un catalyseur de changement structurel. Il renforce la convergence entre performance économique, inclusion sociale et durabilité environnementale. Le Maroc entend utiliser cet élan pour déployer une économie de projet, fondée sur la planification à long terme, la valorisation des compétences locales et la création d’emplois pérennes.

Les effets d’entraînement ne se limitent plus aux métropoles : la redistribution territoriale devient un enjeu central. Les grands projets portuaires, ferroviaires et énergétiques, du port Dakhla Atlantique à la LGV Casablanca-Agadir, incarnent cette ambition.

Ils intègrent désormais des composantes écologiques fortes : recours accru aux énergies renouvelables, optimisation des ressources en eau, traitement des déchets de chantier et revalorisation des matériaux. L’objectif est clair : faire du Mondial 2030 un tremplin vers un modèle productif plus équilibré et résilient.

Aziz Daouda
Directeur technique du développement de la Confédération africaine d’athlétisme

«Le sport contribue directement à la croissance économique nationale, représentant déjà près de 1,6% du PIB. Selon la Banque mondiale, cette part pourrait atteindre 3%, voire 7% à 8% à long terme. Investir dans le sport, c’est investir dans la formation, les infrastructures et l’emploi : le secteur compte 50.000 cadres aujourd’hui, mais son potentiel dépasse les 200.000 postes. Véritable levier de développement, l’économie du sport génère aussi de la valeur dans le tourisme et les équipements spécialisés.»

L’économie de projet au service du développement durable

La stratégie marocaine pour la Coupe du monde 2030 dépasse la logique événementielle. Elle repose sur une approche intégrée où chaque infrastructure doit générer des externalités positives : emploi, innovation, inclusion et durabilité.

Ce modèle, articulé autour du Plan d’accélération industrielle, du Nouveau modèle de développement et de la Stratégie nationale du développement durable, vise à transformer chaque investissement en levier d’impact territorial et social. À horizon 2030, le Maroc ambitionne de faire de cette économie de projet un standard national, exportable et exemplaire sur le continent africain.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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