L’Intérieur lance une offensive contre la corruption et les abus dans la gestion locale
Le Maroc engage une offensive judiciaire et administrative pour moraliser la gestion locale. Selon l’Intérieur, 302 procédures visent élus et ex-présidents pour malversations, conflits d’intérêts et irrégularités urbanistiques. Déjà, 63 responsables ont été destitués et huit conseils communaux dissous. Objectif : réaffirmer la probité publique et protéger l’intérêt général des citoyens, à tous les niveaux.
Dans une démarche résolue visant à consolider les principes de bonne gouvernance, le Royaume a initié une offensive judiciaire et administrative. Plus de trois cents élus locaux se trouvent actuellement au cœur d’une tourmente juridique, faisant l’objet de poursuites pour des manquements graves à leurs obligations. Cette action, orchestrée par le ministère de l’Intérieur, témoigne d’une volonté étatique affirmée de moraliser la vie publique et de garantir une gestion saine et transparente des collectivités territoriales.
Le bilan chiffré, issu d’un rapport officiel du ministère, est révélateur : pas moins de 302 procédures judiciaires ont été engagées contre des membres des conseils des collectivités. L’éventail des responsables mis en cause est large, incluant 52 présidents de communes, 57 vice-présidents, et 124 conseillers, ainsi que 69 anciens présidents dont la gestion passée est scrutée. Cette vague de poursuites judiciaires est la conséquence directe de nombreuses plaintes déposées par des citoyens, des associations de la société civile et d’autres élus, signalant des irrégularités préoccupantes.
Lire aussi : Législatives 2026 : l’arsenal anticorruption entre en scène
Les allégations couvrent un large éventail de prévarications. Les malversations financières et administratives constituent le chef d’accusation principal, mais les enquêtes ont également mis en lumière de nombreux cas de conflits d’intérêts, notamment dans le secteur sensible de l’urbanisme. Des élus sont suspectés d’avoir exploité leur position pour favoriser des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général de leur collectivité. Face à ces signalements, le ministère a mobilisé ses organes de contrôle, dont l’Inspection générale de l’administration territoriale, pour diligenter des enquêtes approfondies et vérifier la véracité des faits rapportés.
La réponse institutionnelle s’est avérée à la fois méthodique et rigoureuse. En coordination avec l’Agence judiciaire du Royaume, plus de 216 demandes de suspension ont été transmises aux tribunaux administratifs compétents. Ces derniers ont déjà statué sur de nombreux cas, prononçant des sanctions sévères à l’encontre des élus reconnus coupables. Les conséquences juridiques sont lourdes, allant de la suspension à la destitution pure et simple. À ce jour, 63 membres de conseils ont été démis de leurs fonctions électives, et huit conseils communaux ont été dissous en raison de dysfonctionnements graves et de conflits internes paralysant leur action.
Cette opération d’assainissement sans précédent envoie un message fort à l’ensemble de la classe politique locale. Elle réaffirme que l’exercice d’un mandat public est une charge qui exige une probité irréprochable et que l’impunité n’est plus tolérée. En s’attaquant avec fermeté à la corruption et aux abus de pouvoir, le Maroc entend non seulement sanctionner les comportements déviants, mais aussi et surtout renforcer les fondements d’une démocratie locale saine, où l’intégrité et le service du citoyen priment sur toute autre considération.

