Zones industrielles : vers un nouveau maillage productif du territoire
Le territoire national se recompose autour de nouvelles dynamiques industrielles. Zones intégrées, pôles productifs et éco-quartiers traduisent une volonté de conjuguer compétitivité et durabilité. De Tanger Tech à la Technopole d’Oujda, l’aménagement industriel devient un levier de souveraineté économique et d’équilibre régional.
L’aménagement industriel du territoire entre dans une nouvelle phase, celle de la consolidation et de la durabilité. Des pôles intégrés émergent dans toutes les régions, conçus comme de véritables catalyseurs de compétitivité. Dans un contexte de réindustrialisation mondiale et de relocalisation stratégique, le Maroc mise sur des zones d’activités capables d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de soutenir la transition écologique du tissu productif.
Une stratégie d’aménagement fondée sur la cohérence territoriale
Sous l’impulsion du ministère de l’Industrie et du Commerce, le Maroc poursuit la mise en œuvre de son Plan d’aménagement industriel intégré. Cette démarche s’appuie sur une vision équilibrée, qui se base sur le rapprochement des pôles de production des bassins d’emploi et des grands corridors logistiques.
Tanger Med, Jorf Lasfar, Kénitra ou encore Midparc, à Nouaceur, constituent aujourd’hui les vitrines de cette politique. Depuis 2021, la politique d’aménagement industriel s’est accélérée : 3.600 hectares (ha) ont été créés et 2.400 autres sont en cours de réalisation, tandis que 4.000 ha supplémentaires ont été alloués en 2024, portant le total à environ 13.000 ha de zones industrielles actives.
Des sites comme l’Écoparc de Berrechid, certifié HQE Aménagement, illustrent l’ancrage de standards environnementaux dans les nouveaux projets. Cette stratégie vise non seulement la compétitivité, mais aussi la cohésion territoriale, en stimulant les régions de l’intérieur à travers des zones émergentes comme Beni Mellal, Guercif, Oujda ou Laâyoune.
Des pôles industriels intégrés au service de la souveraineté productive
La logique des “hubs productifs” se renforce. Les zones industrielles de Kénitra (automobile), Jorf Lasfar (chimie et énergies) et Tanger Automotive City (industrie manufacturière exportatrice) concentrent désormais une part majeure de la valeur ajoutée industrielle du pays.
Ces sites fonctionnent comme des écosystèmes complets, regroupant production, logistique, formation et innovation. Le projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech, développé sur 2.000 ha, affirme cette approche intégrée. Destiné à accueillir des industries de haute technologie, des clusters électroniques et des unités automobiles, ce pôle vise à générer des milliers d’emplois directs et indirects à moyen terme.
Éco-quartiers et zones durables, un nouveau paradigme d’urbanisme économique
Le développement industriel s’accompagne d’un urbanisme en mutation. Le Maroc intègre désormais dans ses plans d’aménagement la durabilité et la performance énergétique comme leviers structurants. La Technopole d’Oujda, dédiée aux énergies renouvelables, à l’agro-industrie et à la logistique, illustre cette orientation vers des zones industrielles modernes et durables.
Dans le sud, la Cité des métiers et des compétences (CMC) de Laâyoune, inaugurée par l’OFPPT, incarne une nouvelle génération d’infrastructures de formation, favorisant l’adéquation entre compétences locales et besoins industriels régionaux. Le ministère de l’Aménagement du territoire national et de l’Urbanisme inscrit désormais la planification des zones d’activités économiques dans une logique de durabilité et d’inclusion.
Les orientations officielles mettent l’accent sur la cohérence entre mobilité urbaine, performance énergétique et attractivité territoriale, conformément aux principes de développement durable promus par la politique urbaine nationale et les plans de mobilité urbaine durable. L’objectif est d’assurer un équilibre entre dynamisme industriel, qualité de vie et intégration sociale dans les espaces urbains en expansion.
Un maillage productif en transition
Les zones industrielles et logistiques ne sont plus de simples périmètres d’accueil d’entreprises, mais de véritables moteurs de transformation. Elles structurent le territoire, favorisent l’intégration régionale et soutiennent les chaînes de valeur émergentes. En combinant planification, innovation et durabilité, le Maroc redéfinit son modèle d’aménagement productif.
Cette dynamique repose sur une gouvernance renforcée ainsi que sur la mobilisation d’acteurs publics et privés autour d’une même ambition : bâtir des espaces industriels compétitifs, connectés et durables. L’aménagement du territoire devient ainsi un instrument de souveraineté économique et un vecteur d’équilibre social, au service d’un développement plus harmonieux et résilient.
Smart cities, la convergence du numérique et du territoire
La digitalisation vient compléter cette mutation. Plusieurs villes marocaines, Casablanca, Benguerir, Rabat et Fès en tête, expérimentent des solutions de smart governance pour la gestion de la mobilité, de l’énergie ou des déchets. Le Green & Smart Building Park de Benguerir, piloté par l’IRESEN, symbolise cette alliance entre innovation, durabilité et urbanisme. Il sert à la fois de centre de recherche et de démonstrateur pour les technologies vertes.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

