L’Économiste

Hervé Barrère : “ Centrale Danone, la durabilité au cœur du modèle laitier ”

Hervé Barrère
PDG de Centrale Danone

Face à la baisse de la consommation et à la pression persistante sur les coûts, Centrale Danone mise sur l’innovation responsable et la proximité avec les éleveurs pour consolider sa position sur le marché marocain. Dans cet entretien, Hervé Barrère, PDG du groupe, revient sur la dynamique du secteur, les défis énergétiques et les ambitions durables d’une entreprise qui entend concilier performance et impact positif.

Comment évaluez-vous la dynamique actuelle du marché marocain des boissons, notamment face à la diversification des produits et à la demande croissante pour des alternatives plus naturelles ?
Le marché marocain des boissons connaît une dynamique contrastée, révélatrice des évolutions profondes des comportements de consommation. Sur les 12 derniers mois, le marché global des boissons toutes catégories confondues affiche une tendance baissière, traduisant une certaine pression sur la consommation.

En revanche, le segment des boissons lactées poursuit sa croissance avec une progression, confirmant l’intérêt croissant des consommateurs pour des produits perçus comme plus naturels et nutritifs. Les études du Haut-Commissariat au Plan (HCP) (* Note de conjoncture n°47 d’octobre 2025) mettent en lumière un environnement économique marqué par une inflation alimentaire persistante et une pression sur le pouvoir d’achat.

Les arbitrages budgétaires des ménages, observés dans les rapports du HCP, montrent une préférence pour les produits essentiels, avec une attention particulière portée au rapport qualité-prix.

L’accessibilité constituant un impératif pour les foyers marocains, cette donne pousse les marques à proposer des offres économiquement viables et offrant des alternatives nutritionnelles crédibles, comme c’est le cas pour des marques référentes de Centrale Danone qu’il s’agisse de Raibi Jamila, Dan’Up ou encore Assiri.

Le secteur subit une pression importante liée aux coûts des matières premières et de l’énergie. Comment Centrale Danone s’adapte à ce contexte ?
Le contexte est effectivement tendu, et cette pression sur les coûts est structurelle. Elle touche aussi bien l’énergie, les emballages, que certaines matières premières agricoles. Chez Centrale Danone, nous avons renforcé nos efforts en matière de maîtrise des coûts, d’optimisation industrielle et d’efficacité logistique, tout en restant fidèles à notre mission : apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre.

Cette mission s’incarne aussi bien en aval de notre chaîne de valeur, en mettant sur le marché des produits laitiers sains et nutritifs qu’en amont, en veillant à soutenir les éleveurs et renforcer la résilience du secteur laitier face aux aléas climatiques et économiques. Notre rôle est de préserver les équilibres tout en assurant un approvisionnement stable et de qualité pour les consommateurs marocains.

Quels efforts sont menés pour concilier compétitivité et durabilité, notamment sur les questions d’emballages, de consommation d’eau et de valorisation des déchets ?
Centrale Danone a fait de la durabilité une priorité stratégique. À titre d’exemple, notre Green Factory de Meknès est aujourd’hui un modèle d’industrie circulaire : 52 % de l’énergie consommée y est renouvelable, grâce à un méthaniseur et à la valorisation de déchets agricoles, notamment les noyaux d’olive. Mais notre action ne s’arrête pas à nos sites industriels.

Lors du SIAM 2025, nous avons lancé un programme ambitieux avec Sistema.bio visant l’installation de 4 000 biodigesteurs chez les petits éleveurs laitiers, dans le cadre de notre programme H’lib Bladi. Cette initiative permet à ces agriculteurs de produire une énergie propre, issue de la valorisation des déjections animales, réduisant ainsi leur dépendance au gaz butane tout en diminuant les émissions de CO₂. C’est un exemple concret de transition énergétique partagée avec nos partenaires amont.

Sur le plan des emballages, nous continuons à intégrer davantage de matériaux recyclés, et à sensibiliser nos consommateurs au tri. En matière de gestion de l’eau, nous avons réduit significativement nos consommations par litre produit grâce à des systèmes de recyclage en boucle fermée.

Enfin, nous visons le zéro enfouissement, en valorisant systématiquement nos sous-produits et déchets industriels. Cette approche intégrée nous permet de concilier compétitivité, résilience industrielle et impact positif sur l’environnement.

Comment voyez-vous l’évolution du marché marocain à moyen terme, à la fois sur le plan de la consommation et de l’investissement industriel ?
Le marché marocain reste porteur, malgré un pouvoir d’achat sous pression. Nous observons une demande croissante pour des produits de qualité, accessibles, et en phase avec les attentes sociétales :
santé, transparence, impact environnemental. Cela ouvre des opportunités, notamment sur les segments du frais, du fonctionnel et des produits adaptés aux familles.

D’un point de vue industriel, nous continuerons d’investir dans l’optimisation énergétique, l’automatisation et la décarbonation de nos sites. Le Maroc offre un cadre favorable à l’innovation industrielle, et Centrale Danone entend y consolider son rôle de référent, aussi bien sur le plan économique que sectoriel.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO

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