Procédures administratives : “Idarati”, de vitrine numérique à service public en continu
Pensé comme le guichet unique des démarches administratives, le portail Idarati.ma matérialise la transformation numérique de l’administration marocaine. Après sa mise en ligne et l’intégration de milliers de procédures, le défi est de bien l’ancrer dans la durée. Maintenance préventive, corrective et évolutive, autant d’outils pour garantir la fiabilité, la sécurité et l’adaptation continue de ce service public numérique aux attentes des citoyens et des entreprises.
Le portail national des procédures et formalités administratives, Idarati.ma, est désormais une réalité bien installée dans le paysage numérique national. Institué dans le cadre de la loi 55-19 sur la simplification des procédures et formalités administratives, il constitue le guichet unique de référence pour les citoyens et les entreprises souhaitant accéder à l’information administrative ou effectuer des démarches en ligne.
Avec près de 2.700 procédures et actes administratifs déjà recensés, Idarati représente une avancée majeure dans la modernisation de l’action publique. Mais loin d’être figée, la plateforme continue d’évoluer. D’ailleurs, tout récemment, le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a lancé un marché public dédié à la maintenance préventive, corrective et évolutive de la plateforme, afin de garantir sa fiabilité et son amélioration continue. Cette nouvelle étape traduit un changement de paradigme.
Dans un premier temps, Idarati avait pour vocation d’offrir une information fiable, unifiée et accessible à tous, rompant avec la fragmentation des sources et les incohérences qui compliquaient la vie des usagers. Aujourd’hui, la dynamique va plus loin. Il s’agit de transformer progressivement le portail en véritable plateforme transactionnelle intégrée, permettant d’accomplir l’ensemble des démarches administratives en ligne, du dépôt de dossier au suivi des demandes, en passant par le paiement éventuel des frais.
Pour accompagner cette évolution, une infrastructure technologique robuste a été mise en place. Idarati repose sur une architecture conteneurisée, chaque composant étant isolé dans un environnement dédié (Angular, Flask, Spring boot, MongoDB, SQL server, etc.), afin d’assurer modularité et résilience.
Du côté des usagers, le portail offre un front-office grand public enrichi d’un moteur de recherche intelligent et d’un assistant virtuel basé sur l’intelligence artificielle, destiné à guider citoyens et entreprises dans leurs démarches. Du côté des administrations, un back-office sécurisé permet de gérer les actes administratifs, de publier les fiches de procédures et de mettre à jour les e-services. Mais au-delà de la technique, l’enjeu est celui de la continuité de service.
Le marché de maintenance confié à un prestataire privé couvre trois volets complémentaires portant sur trois types de maintenance : préventive, corrective et évolutive. L’importance de cette démarche tient aussi aux défis actuels. Selon les données du ministère, Idarati est pensé comme le point d’entrée unifié vers les services publics en ligne, mais la digitalisation reste inégale. Si certaines plateformes comme chikaya.ma (réclamations) ou tadamoncovid.ma (aide d’urgence pendant la pandémie) ont prouvé l’efficacité du numérique, d’autres services demeurent partiellement digitalisés.
Le Guide méthodologique de gestion électronique des actes administratifs, publié en mai 2024, souligne d’ailleurs que la simplification ne peut réussir sans une harmonisation des formats et une mise à jour régulière par les administrations elles-mêmes. Les chiffres disponibles donnent un aperçu de l’ampleur du chantier. À fin 2023, près de 2.700 actes administratifs étaient publiés sur Idarati, selon les données ouvertes du gouvernement (data.gov.ma). Mais seule une partie est pleinement transactionnelle, la majorité se limitant encore à l’information.
Par ailleurs, le lancement officiel du portail national des services numériques, en février 2025, a marqué une nouvelle phase, celle de l’interactivité, où l’usager peut non seulement s’informer mais aussi initier ses démarches en ligne, avec l’objectif, à terme, de disposer d’un guichet unique intégré. La réussite d’Idarati ne se mesure pas seulement en termes techniques. Elle repose sur sa capacité à instaurer une relation de confiance durable avec les usagers.
Cela implique une cybersécurité sans faille, dans un contexte où la digitalisation multiplie les risques de piratage et de fuite de données. Cela suppose aussi une réduction des inégalités numériques, entre zones urbaines bien connectées et territoires ruraux où l’accès à Internet reste parfois limité. Enfin, cela exige un engagement continu des administrations, qui doivent alimenter et mettre à jour leurs informations, afin de préserver la crédibilité de la plateforme.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO