Le Maroc, un pôle résilient dans un continent en perte de vitesse
Au moment où les opérations de fusion et acquisition enregistrent un net ralentissement à l’échelle du continent, le Maroc maintient une activité stable. Selon le portail spécialisé DealMakers Africa, le Royaume a réalisé au premier semestre 2025 un total de 13 transactions locales pour une valeur cumulée de 46,1 millions de dollars.
À l’échelle du continent, hors Afrique du Sud, la valeur totale des opérations Mergers & Acquisitions (fusions-acquisitions) n’a pas dépassé 4,66 milliards de dollars sur les six premiers mois de 2025, selon le magazine Deal Makers Africa Q2 2025. En effet, ce montant représente une baisse de 16 % sur un an et de 61 % par rapport à 2022. Le nombre de transactions a également reculé de 21 % par rapport à la même période en 2024, et de 68 % par rapport aux niveaux enregistrés en 2022.
En Afrique du Nord, la valeur cumulée des opérations s’élève à 400 millions de dollars, soit une diminution de 25 % sur un an. L’Afrique de l’Ouest arrive en tête des régions les plus dynamiques avec 1,5 milliard de dollars, suivie de l’Afrique de l’Est avec 1 milliard. Ces deux zones représentent ensemble plus de la moitié des transactions enregistrées sur le continent, tandis que l’Afrique du Nord ne compte que pour 8,6 % du total.
Dans ce contexte, le Maroc maintient une trajectoire stable avec 13 opérations recensées sur les six premiers mois de l’année, pour une valeur totale de 46,1 millions de dollars. Ces transactions sont entièrement locales et concernent des secteurs variés, notamment les services financiers, l’assurance, la fintech, le commerce de détail, la technologie, l’agroalimentaire et la santé.
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À l’échelle régionale, l’Égypte arrive en tête en Afrique du Nord avec 31 transactions d’une valeur de 201 millions de dollars. Le Maroc se positionne en deuxième place, tandis que la Tunisie n’a enregistré que trois transactions pour un montant total de 200 000 dollars, selon DealMakers Africa. Par ailleurs, le magazine indique qu’en Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie émergent comme des pôles d’activité pour l’IA, le SaaS vertical et les applications groupées.
Pour rappel, les flux d’investissements directs étrangers au Maroc ont également progressé, enregistrant une hausse de 25,6 % au cours des sept premiers mois de 2025 pour s’établir à près de 17 milliards de dirhams (MMDH), selon les dernières statistiques de l’Office des Changes publiées en septembre 2025.
Selon les experts, plusieurs éléments contribuent à cette résilience, notamment la stabilité institutionnelle et la poursuite des réformes structurelles qui renforcent la confiance des investisseurs, tandis que la diversification sectorielle et la position géographique du pays entre l’Europe, l’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient en font un point d’ancrage pour les opérations régionales. Parallèlement, les investissements liés à la transition énergétique, notamment dans l’hydrogène vert et les énergies renouvelables, représentent un potentiel de développement important.
Des perspectives à long terme toujours solides
Selon le magazine, l’analyse du capital-investissement en Afrique sur les quatre dernières années suit la même tendance baissière observée sur le marché des fusions et acquisitions. En effet, cette évolution s’explique par un ensemble de « pressions macroéconomiques mondiales, de risques régionaux et de changements dans les stratégies des investisseurs ». De plus, la hausse des taux d’intérêt à l’échelle internationale, la force du dollar américain et les incertitudes géopolitiques ont conduit de nombreux investisseurs étrangers à privilégier des marchés jugés plus sûrs et offrant des rendements plus élevés.
Deal Makers Africa affirme qu’en Afrique, où le capital-investissement dépend encore largement des financements offshores, cette situation s’est traduite par une baisse des levées de fonds et une allocation plus sélective des capitaux. À cela s’ajoute la volatilité des devises locales, l’insécurité énergétique et « les incertitudes politiques dans certaines grandes économies du continent qui renforcent la prudence des acteurs internationaux ». Le capital institutionnel africain demeure peu développé, tandis que les gestionnaires de fonds africains restent fortement dépendants des bailleurs étrangers affirme le magazine.
Cependant, malgré ce ralentissement, les perspectives à long terme demeurent positives. Le magazine assure que le potentiel démographique du continent, l’urbanisation rapide et les besoins croissants en matière d’énergie, d’infrastructures et de santé continuent d’alimenter l’intérêt pour les marchés africains. Ces facteurs constituent des bases solides pour un redémarrage du cycle d’investissement.