L’avocat marocain à l’épreuve du marché européen
La saison 2025 de l’avocat débute pour les producteurs marocains dans un contexte incertain. Confronté à des pertes importantes et à une concurrence mondiale accrue, le Royaume doit manœuvrer avec finesse sur le marché européen, principal débouché de sa production, souligne L’Economiste dans son édition du 7 octobre.
L’été a éprouvé les vergers marocains. Deux vagues de chaleur, en juin puis en août, ont provoqué un avortement massif des fruits dans les principales régions productrices, notamment le Souss, le Loukkos et le Gharb. Selon le quotidien, les pertes varient entre 40 et 60 % selon les zones, réduisant la récolte nationale à environ 80 000 tonnes, contre plus de 120 000 tonnes lors des deux dernières campagnes. Cette baisse s’accompagne d’une évolution du profil des fruits : moins nombreux, mais de plus grande taille, ce qui constitue une arme à double tranchant sur le marché actuel.
Le marché européen, saturé, complique la donne. Le Pérou, principal concurrent, a réalisé une campagne record avec plus de 20 800 conteneurs expédiés vers l’Europe, soit une hausse de 30 % en un an. Les prix des gros calibres, ceux que le Maroc produit cette année, ont fortement chuté : sur les marchés de gros néerlandais et allemands, le kilo descend parfois sous la barre des 2,50 euros, tandis que les petits fruits, devenus rares, dépassent 3 euros.
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La filière marocaine fait face à un dilemme : produire surtout des gros fruits alors que l’offre européenne est déjà abondante. D’autres pays renforcent également leur présence : la Colombie avec une production étalée et une chair plus dense, l’Afrique de l’Est avec le Rwanda et la Tanzanie, et l’Afrique du Sud qui partage la même fenêtre commerciale que le Maroc. Même le Guatemala, historiquement tourné vers l’Amérique du Nord, multiplie ses expéditions vers l’Europe.
Malgré ces défis, le Maroc conserve des atouts. Sa proximité géographique avec l’Europe assure une logistique rapide et réactive. La qualité gustative et la maturité homogène des avocats marocains sont reconnues, notamment en France et en Italie. La réussite de la saison dépendra donc moins du volume total que de la capacité à placer les fruits au bon moment et aux bons prix.
Pour tirer parti de la situation, la période charnière se situe entre la fin des exportations péruviennes (semaine 42) et l’arrivée des fruits espagnols (semaine 46), soit de mi-octobre à mi-novembre. Les gros calibres devront être commercialisés via des circuits sécurisés, les calibres intermédiaires orientés vers des circuits secondaires, et les petits fruits, rares, réservés aux marchés premium comme l’Allemagne, les Pays-Bas et les pays scandinaves.
La campagne 2025 constitue ainsi un véritable défi stratégique pour la filière marocaine, qui devra conjuguer qualité, timing et optimisation des calibres pour maintenir sa compétitivité sur le marché européen.