Nador West Med au cœur de la nouvelle connectivité de l’Oriental
Porté par des investissements de plusieurs milliards de dirhams, le chantier de Nador West Med redessine l’avenir de l’Oriental. Entre autoroutes, routes nationales et liaisons rurales, les infrastructures de connexion progressent rapidement. Ce projet, pensé comme un prolongement de Tanger Med, vise à intégrer la région dans les grandes chaînes logistiques mondiales et stimuler son développement économique.
Les travaux d’infrastructure destinés à assurer la connexion du port de Nador West Med (NWM) progressent à un rythme soutenu, traduisant la volonté du Royaume de hisser la région de l’Oriental au rang de carrefour stratégique de la Méditerranée occidentale. Plusieurs projets atteignent aujourd’hui des niveaux d’avancement significatifs, parfois supérieurs à 80 %, à l’image de l’autoroute Guercif–Nador, longue de 104 kilomètres, qui devrait être livrée à l’été 2028. Ce chantier dispose d’un budget avoisinant 7,9 milliards de dirhams, financé par plusieurs sources : une contribution de la Banque Africaine de Développement de 246 millions d’euros (environ 2,7 milliards de dirhams) ainsi qu’un apport partiel de la Banque Islamique de Développement pour la réalisation de certaines sections. Il incarne ainsi la pièce maîtresse d’un programme d’investissement d’envergure nationale.
Pensé dans la continuité de Tanger Med, le complexe industrialo-portuaire de Nador West Med s’inscrit dans une stratégie de diversification et de renforcement des capacités logistiques du Royaume. Situé sur une façade maritime encore peu exploitée, il ambitionne de devenir un hub portuaire et industriel capable de dynamiser une région longtemps marginalisée. Pour garantir son succès, l’État, via ses établissements publics, a pris en charge l’ensemble des travaux hors site et des infrastructures de liaison, condition indispensable pour attirer les flux et rassurer les investisseurs.
L’objectif de ces aménagements dépasse le seul cadre technique : il s’agit de repenser l’intégration de l’Oriental dans les échanges nationaux et internationaux. Quatre grandes ambitions guident ce programme. La première consiste à améliorer la compétitivité logistique en créant des accès rapides, fluides et fiables vers le port. La deuxième vise à stimuler l’économie régionale par l’attractivité des zones industrielles et logistiques, et par l’ouverture de nouvelles perspectives pour le commerce, le tourisme et le transport. La troisième ambition est d’ancrer Nador West Med dans les grands réseaux de corridors, réduisant les délais d’exportation et facilitant l’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales. Enfin, la quatrième dimension concerne la sécurisation des flux, avec des axes modernisés, mieux adaptés au trafic lourd et renforcés contre les risques d’accidents.
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Routes rurales : un programme de 500 km pour rapprocher les territoires
Plusieurs projets routiers viennent concrétiser cette stratégie. Outre l’autoroute Guercif–Nador, véritable colonne vertébrale, une enveloppe de 798 millions de dirhams est mobilisée pour le doublement et la déviation de la RN16 reliant directement le port à Nador, ainsi que pour le renforcement de la RN19 entre Selouane et Taourirt. Ces investissements, inscrits dans le cadre de la Loi de Finances 2025, sont financés par le biais du Fonds Spécial Routier (FSR). Ils permettront d’absorber le trafic croissant attendu avec l’entrée en service du complexe portuaire et d’assurer une meilleure fluidité des flux.
Parallèlement, un budget de 1,3 milliard de dirhams est alloué à la modernisation d’axes stratégiques : la RN16-B entre Ajdir et le port, la RN2 reliant Al-Aroui à Kassita via Midar et Driouch, et la RR610 entre Seghanghan et Imzouren. Ces routes jouent un rôle clé dans la mise en réseau des territoires, en reliant les villes moyennes et les zones rurales aux grands corridors logistiques. Un programme d’entretien et d’amélioration concerne 500 kilomètres de routes rurales, garantissant une meilleure accessibilité pour les populations locales.
La province d’Al Hoceïma bénéficie elle aussi de cette dynamique. Un financement de 308 millions de dirhams est consacré à la connexion de ses zones industrielles avec NWM. L’objectif est de fluidifier le transport de marchandises et de réduire les risques liés aux points noirs de circulation. En parallèle, la rocade méditerranéenne est en cours de modernisation pour assurer une meilleure liaison entre Al Hoceïma, l’aéroport Chérif El Idrissi et le port, avec une livraison prévue avant la fin de l’année.
Des infrastructures qui traduisent une vision de long terme pour l’Oriental
Un autre chantier majeur concerne la RN2, dont un tronçon de 70 km entre Al-Aroui et Kassita est en cours de dédoublement. Ce projet, mobilisant 820 millions de dirhams, est essentiel pour relier les villes de Midar, Driouch et Ben Tayeb à la dynamique portuaire. Selon Zouhir Bensebou, directeur régional de l’équipement, du transport et de la logistique de l’Oriental, de tels aménagements sont indispensables pour intégrer pleinement ces territoires au développement en cours.
Les investissements incluent aussi 56 millions de dirhams pour la réhabilitation des routes rurales, un choix qui reflète une approche inclusive. L’entretien de ces voies, vitales pour les échanges agricoles et la mobilité quotidienne, complète les grands chantiers autoroutiers. La réhabilitation de la RR610 mobilisera, à elle seule, 155 millions de dirhams.
Dans leur globalité, ces projets représentent bien plus que des infrastructures routières : ils symbolisent une vision de long terme. Le Maroc cherche à transformer l’Oriental en une région compétitive, attractive et pleinement connectée aux circuits mondiaux. Nador West Med, complémentaire à Tanger Med, deviendra un levier d’intégration économique et un moteur de croissance territoriale. Ces investissements colossaux traduisent une volonté claire : faire de l’Oriental un pilier de la stratégie logistique nationale et un acteur incontournable sur l’échiquier méditerranéen.