Marrakech prépare son avenir urbain avec un nouveau Schéma Directeur
L’Agence urbaine de Marrakech a lancé un appel d’offres international pour l’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU) du Grand Marrakech. Plus qu’un simple exercice technique, ce document stratégique doit tracer la feuille de route d’une cité en pleine mutation, alors que se profilent des échéances décisives, au premier rang desquelles la Coupe du monde de football 2030.
Le dernier grand plan d’aménagement de la métropole ocre remonte à plus de trente ans. Depuis, l’agglomération a connu une croissance démographique accélérée, un étalement urbain désordonné et une pression foncière exacerbée par la vitalité du secteur touristique. La nécessité de mettre en cohérence les infrastructures, les services publics et la préservation du patrimoine historique apparaît désormais incontournable.
En lançant ce SDAU, l’État ambitionne de donner à Marrakech une vision globale et intégrée de son avenir. L’exercice vise à concilier l’accueil de millions de visiteurs annuels, la préservation d’un patrimoine classé à l’UNESCO et la transition écologique d’un territoire soumis aux aléas climatiques et à une raréfaction croissante des ressources hydriques.
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L’étude, dotée d’un budget de 6 millions de dirhams TTC, mobilisera une équipe pluridisciplinaire composée d’urbanistes, de géographes, d’ingénieurs en transport et en génie civil, de spécialistes en environnement, mais aussi d’économistes et de géomaticiens. L’enjeu est de produire un diagnostic complet du territoire et de proposer des scénarios d’aménagement qui répondent autant aux besoins sociaux qu’aux impératifs économiques et environnementaux.
Comparée à Casablanca, capitale économique, ou à Tanger, vitrine industrielle et logistique du Royaume, Marrakech doit trouver sa singularité en consolidant son statut de capitale touristique mondiale. Le SDAU entend positionner la ville comme un hub régional à la croisée des dynamiques africaines et méditerranéennes. Sa réussite sera jugée à l’aune de sa capacité à réguler l’étalement urbain, fluidifier les mobilités et renforcer les infrastructures d’accueil.
Rabat, de son côté, illustre un autre modèle, celui d’une capitale administrative tournée vers les services et la culture. Pour Marrakech, la compétition est différente : maintenir son attractivité internationale dans un contexte où le tourisme mondial évolue, et où les visiteurs attendent à la fois authenticité, durabilité et confort.
Le calendrier ajoute une dimension supplémentaire. Avec l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, Marrakech est appelée à jouer un rôle central, notamment en matière d’accueil, de mobilité et d’infrastructures sportives. Le futur SDAU devra intégrer cette échéance pour anticiper les flux massifs de visiteurs et renforcer les capacités d’hébergement, de transport et de services urbains.
Pour les autorités locales, il s’agit aussi d’une opportunité unique d’accélérer les projets en attente : modernisation des routes, extension du réseau ferroviaire, montée en gamme des équipements hôteliers, développement d’espaces verts et amélioration de la gestion des déchets.
Au-delà du Mondial, l’étude vise à inscrire Marrakech dans une trajectoire de durabilité. Les pressions exercées par le tourisme de masse sur les ressources en eau, l’énergie et le foncier imposent une gestion plus rationnelle. Le SDAU devra proposer des solutions innovantes : villes satellites, mobilité douce, infrastructures résilientes et intégration des énergies renouvelables.
En filigrane, c’est toute l’image internationale de Marrakech qui se joue. Le succès de ce plan conditionnera la capacité de la ville à rester l’une des destinations touristiques les plus prisées du monde, tout en devenant un modèle de métropole durable au Maghreb.