Une baisse mondiale qui ne profite pas aux Marocains
Alors que les cours internationaux des carburants connaissent une tendance à la baisse, les prix à la pompe au Maroc continuent de se maintenir à des niveaux alarmants, attisant l’exaspération des consommateurs et ravivant les critiques sur la politique de libéralisation du marché. Cette situation illustre une inflation persistante que le gouvernement peine à maîtriser, malgré ses promesses répétées de stabiliser le coût de la vie.
En février dernier, les cours du diesel sur le marché international se sont stabilisés autour de 715 dollars la tonne, tandis que l’essence a enregistré une légère diminution, passant de 718 à 706 dollars la tonne. Logiquement, cette évolution aurait dû se traduire par une baisse des tarifs à la pompe. Pourtant, dans les stations-service de Casablanca et Mohammedia, le prix du diesel stagne à 11,50 dirhams le litre, tandis que celui de l’essence s’affiche à 13,50 dirhams.
Un tel écart suscite de vives interrogations. Selon les projections établies avant la réforme de 2015 sur la libéralisation des prix des hydrocarbures, le diesel ne devrait pas dépasser 10,35 dirhams le litre et l’essence ne devrait pas excéder 11,37 dirhams. Or, la réalité du terrain dépeint une toute autre dynamique, où les consommateurs marocains se retrouvent piégés par une envolée des prix déconnectée des tendances mondiales.
Pour le syndicat national du pétrole et du gaz, cette situation témoigne de l’échec patent de la réforme de 2015.
Au lieu de favoriser une saine compétition bénéfique aux consommateurs, la libéralisation a consolidé un système où les marges des distributeurs ont littéralement explosé, au détriment du pouvoir d’achat des citoyens, déplore le syndicat.
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En effet, alors que la suppression du contrôle des prix était censée profiter aux automobilistes, force est de constater que seuls quelques acteurs en ont tiré avantage. La formation des prix semble aujourd’hui davantage dictée par les stratégies commerciales des distributeurs que par les variations du marché international. Une opacité qui alimente les soupçons d’entente sur les prix et de manque de transparence dans le secteur.
Face à cette crise, le syndicat plaide pour une intervention urgente du gouvernement afin de redonner un souffle aux ménages marocains. Parmi les mesures préconisées figurent une réduction significative des taxes sur les carburants et, surtout, la relance de la raffinerie Samir à Mohammedia, dont l’arrêt brutal a privé le pays d’un outil stratégique de régulation des prix et de constitution de stocks de sécurité.
La fermeture de cette unité, combinée aux désordres récents observés dans l’accostage des pétroliers dans les ports marocains, met en lumière la vulnérabilité croissante du pays face aux fluctuations du marché mondial. En l’absence d’un levier de contrôle efficace, le Maroc se retrouve à la merci des grandes compagnies de distribution et des tensions géopolitiques affectant l’approvisionnement en énergie.
Plus globalement, la flambée persistante des prix des carburants s’inscrit dans un contexte inflationniste qui étrangle les foyers marocains. L’augmentation du coût de la vie touche tous les secteurs : produits alimentaires, transport, logement… Pourtant, malgré ses déclarations rassurantes, le gouvernement peine à mettre en place des mesures concrètes pour juguler cette vague inflationniste qui mine le pouvoir d’achat des Marocains.
Alors que le Maroc fait face à une grogne sociale croissante, cette crise des carburants s’ajoute à un climat économique déjà tendu. Les citoyens, de plus en plus sceptiques face aux engagements des autorités, attendent des actes forts pour mettre un terme à cette spirale des prix qui semble s’installer durablement dans le paysage économique du pays.