Economie

Un tournant pour l’industrie marocaine face aux enjeux environnementaux

Le Maroc affirme sa position de leader régional dans l’industrie chimique en accueillant à Rabat la 3e édition du Forum International de la Chimie, les 21 et 22 mai 2025. Organisé par la Fédération de la Chimie et de la Parachimie, cet événement stratégique met en lumière le rôle central de la chimie dans la transition énergétique, la souveraineté industrielle et l’innovation durable au Royaume.

La capitale du Royaume a accueilli ce matin l’ouverture de la troisième édition du Forum International de la Chimie, organisé par la Fédération de la Chimie et de la Parachimie (FCP). Cet événement, qui réunit pendant deux jours des décideurs politiques, industriels, chercheurs et experts venus des quatre coins du monde, s’inscrit dans un moment clé pour l’industrie chimique marocaine, au cœur de la transition énergétique. Maroc Diplomatique, présent à l’événement, a pu constater l’effervescence qui entoure ce forum devenu incontournable. Porté par l’ambition d’une souveraineté industrielle renforcée, d’un développement économique durable et d’une innovation technologique constante, il s’impose comme un accélérateur de vision pour un Maroc tourné vers l’avenir.

Avec près de 30 % de la production industrielle nationale, un chiffre d’affaires estimé à 190 milliards de dirhams et plus de 180 000 emplois directs et indirects, l’industrie chimique marocaine est aujourd’hui un moteur incontesté de l’économie nationale. Premier investisseur industriel du pays, le secteur se trouve à un tournant stratégique, en raison des nouveaux défis liés au climat, à l’indépendance énergétique et à la compétitivité internationale. C’est dans ce contexte que la Fédération de la Chimie et de la Parachimie entend affirmer le rôle central de la chimie dans le développement d’une économie marocaine verte, résiliente et tournée vers l’innovation.

Dès l’ouverture du forum, le président de la FCP, Abed Chagar, a réaffirmé l’engagement de la fédération dans la transition énergétique et la décarbonation industrielle. Il a souligné que plusieurs acteurs du secteur fonctionnent déjà à l’énergie verte depuis plus de quinze ans, prouvant que les projets en cours ne relèvent pas de la théorie mais de la réalité concrète. Selon lui, la chimie représente bien plus qu’un secteur industriel : elle est un levier majeur pour relever les défis du stockage d’énergie, de la mobilité durable, de l’efficacité énergétique dans le bâtiment et de l’économie circulaire. Cette troisième édition du forum se veut ainsi une étape décisive vers un modèle marocain de chimie durable, compétitive et souveraine.

Chakib Alj alerte sur : « L’urgence de renforcer les mécanismes de recherche et développement pour l’industrie chimique »

Le forum a été marqué par une forte mobilisation politique. Le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, a souligné que cette rencontre stratégique incarne la vision industrielle portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Il a rappelé que l’industrie chimique représente, aujourd’hui, un quart du secteur industriel du Royaume, contribuant massivement à la création d’emplois et au renforcement de la balance commerciale. Il a également précisé que la chimie se trouve à l’intersection des impératifs d’innovation, de souveraineté industrielle et de transition énergétique, la plaçant ainsi au cœur du nouveau modèle de développement du Maroc.

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Le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, a insisté sur la nécessité d’un cadre structuré et ambitieux pour permettre à l’industrie chimique de répondre aux exigences du futur. Selon lui, ce secteur doit bénéficier d’un environnement réglementaire favorable, d’un soutien renforcé à la recherche et développement, et d’une meilleure intégration des compétences marocaines. Il a souligné que le développement de chaînes de valeur locales et l’orientation vers des produits à forte valeur ajoutée sont indispensables pour renforcer la souveraineté industrielle du pays.

Mme Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a quant à elle mis en lumière les progrès réalisés dans le secteur des énergies renouvelables, avec plus de 10 GW de capacité installée à ce jour et un objectif de 12 GW supplémentaires d’ici 2030. Elle a insisté sur le rôle pivot de la chimie dans cette transition, notamment à travers la production d’ammoniac vert, l’amélioration des catalyseurs, le développement de membranes performantes pour l’électrolyse de l’hydrogène, et la réduction de l’impact environnemental des procédés industriels. Pour elle, la chimie constitue un accélérateur technologique incontournable dans l’effort collectif vers une économie bas carbone.

Le secteur privé marocain a également répondu présent, à travers des interventions remarquées de leaders industriels comme le groupe OCP. Son directeur général de la division Manufacturing, Ahmed Mahrou, a présenté la vision intégrée de l’entreprise, centrée sur la durabilité, la circularité et l’innovation. Il a annoncé un objectif ambitieux : produire 3 millions de tonnes de fertilisants totalement décarbonés d’ici 2027, en s’appuyant sur des procédés éco-responsables et des partenariats nationaux et internationaux. Il a également évoqué des projets de valorisation de co-produits industriels dans les matériaux de construction, ainsi que des efforts pour réduire la dépendance aux matières premières importées en développant des solutions de substitution locales.

Du côté de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), son président Chakib Alj a insisté sur l’urgence de renforcer les mécanismes d’appui à la recherche et développement dans le secteur. Il a dénoncé le fait que seulement 1 % des entreprises marocaines accèdent aujourd’hui à ces dispositifs, une situation qui freine l’innovation industrielle. Il a également plaidé pour un renforcement de la formation professionnelle, indispensable pour accompagner la montée en puissance technologique du secteur chimique et préparer les jeunes générations aux métiers de demain.

Les thématiques abordées au cours du forum témoignent de la profondeur stratégique de cette édition. De l’hydrogène vert à la fabrication de batteries à haute performance, en passant par le dessalement d’eau de mer à faible empreinte carbone, la valorisation des ressources minérales locales ou encore le recyclage industriel, les projets présentés traduisent une volonté commune : bâtir une industrie chimique marocaine performante, innovante et durable. Les échanges entre les participants ont également mis en lumière la nécessité de créer un écosystème propice à la coopération entre entreprises, universités, centres de recherche et institutions publiques.

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