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un rappel à l’urgence de la souveraineté numérique

Une panne d’électricité a frappé l’Espagne et le Portugal le 28 avril dernier, mais le Maroc a échappé à toute coupure énergétique. Cependant, des perturbations dans les connexions Internet ont été signalées, mettant en lumière une dépendance numérique. Cet incident rappelle l’importance pour le Royaume de sécuriser ses infrastructures et de renforcer sa souveraineté technologique face à de tels risques.

Le 28 avril 2025 restera gravé dans les mémoires comme un jour noir pour la péninsule Ibérique. En l’espace de quelques minutes, une défaillance électrique majeure a provoqué la perte d’environ 15 gigawatts de production en Espagne, soit près de 60 % de la demande nationale. Résultat : une disjonction automatique du réseau ibérique du système électrique européen, plongeant l’Espagne, le Portugal, et même une partie du sud de la France dans l’obscurité.

Si le Maroc a été épargné sur le plan énergétique, cet événement n’a pas manqué de susciter des interrogations, notamment quant au risque de propagation d’un tel incident dans le Royaume. Selon les experts, les inquiétudes étaient légitimes, mais techniquement infondées. Le Maroc est connecté à l’Espagne via une ligne en courant continu (HDDC), ce qui signifie que les réseaux ne sont pas synchronisés. En clair, une panne côté espagnol n’a aucune possibilité directe de se transmettre au réseau marocain.

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Cependant, la question de l’impact dépasse le seul périmètre électrique. Car même si les lumières sont restées allumées au Maroc, les perturbations se sont surtout faites sentir dans le secteur des télécommunications. Plusieurs utilisateurs ont rapporté des lenteurs et des interruptions de service sur les connexions Internet. Ces désagréments s’expliquent, selon les spécialistes, par la dépendance de certains opérateurs marocains aux câbles sous-marins reliant le Royaume à l’Europe, en particulier via la péninsule Ibérique. Lorsque cette porte d’entrée est fragilisée, c’est toute la stabilité numérique du pays qui peut vaciller.

Ce type d’incident agit donc comme un révélateur. Il souligne la vulnérabilité des interconnexions régionales, qu’elles soient électriques ou numériques. D’un côté, le courant continu protège le Maroc d’une contagion électrique directe ; de l’autre, la centralisation des routes de connectivité expose le pays à des perturbations majeures en cas d’incident chez ses voisins.

Selon les experts, cette situation doit pousser le Maroc à accélérer une transformation stratégique dans plusieurs domaines. Sur le plan technologique, cela passe par la diversification des liaisons sous-marines — en créant de nouvelles routes vers l’Europe continentale sans passer par l’Espagne, mais aussi vers l’Afrique de l’Ouest. En parallèle, il devient urgent de renforcer les infrastructures locales : centres de données souverains, capacités de stockage énergétique, et systèmes de secours pour les télécommunications.

L’événement a également suscité un vif débat à l’échelle internationale. En l’absence initiale d’explication technique claire, certains ont rapidement évoqué la possibilité d’une cyberattaque ciblée. Un réflexe révélateur, dans un contexte mondial où les menaces sur les infrastructures critiques, qu’elles soient énergétiques ou numériques, se sont multipliées. Même si la piste du sabotage a été écartée par les autorités européennes, les experts rappellent que la sécurité des réseaux n’est jamais acquise et doit faire l’objet d’une vigilance constante.

En parallèle, les investigations techniques se poursuivent en Espagne, au Portugal et en France pour identifier la cause exacte de cette panne spectaculaire. Mais pour le Maroc, l’enjeu est désormais ailleurs : il s’agit de tirer les leçons de cet épisode et de renforcer sa résilience nationale.

Cela implique, selon les professionnels du secteur, d’investir massivement dans des plans de continuité d’activité, de mettre en place des solutions de redondance efficaces, et surtout, de former les ressources humaines à la gestion de crise. Car dans un monde interconnecté, un incident chez un voisin peut rapidement devenir un problème local.

Au final, cette panne européenne n’a pas seulement éteint les lampes en Espagne, elle a aussi éclairé, par contraste, les faiblesses systémiques de nombreux pays, dont le Maroc. Un rappel utile que la souveraineté énergétique et numérique se construit autant dans les infrastructures que dans l’anticipation.

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