Santé

Sandra : « J’ai découvert la masturbation à 40 ans »

Le nombre de Français s’étant déjà masturbé a bondi ces dernières années. Selon une étude publiée par l’Inserm, l’ANRS et Santé publique France le 13 novembre dernier, à tous les âges,  les personnes déclarent plus souvent avoir déjà pratiqué l’onanisme. Une augmentation plus prononcée chez les femmes. En 2023, 72,9 % d’entre elles, âgées de 18 à 69 ans, se sont déjà masturbées, contre 42,4 % en 1992 et 56,5 % en 2006. Sandra*, 47 ans, a découvert le plaisir solitaire « sur le tard ». Elle raconte à ELLE son expérience.

« J’ai un vague souvenir de m’être touchée vers l’âge de 7 ans. Ça me chatouillait, j’ai senti que cette zone pouvait me procurer du plaisir. Mais dans ma tête, ce n’était pas quelque chose de normal. J’ai donc stoppé net. Durant de nombreuses années, je n’ai plus jamais ressenti l’envie d’explorer cette partie de mon corps.

La découverte du clitoris comme déclic 

J’ai eu mon premier rapport sexuel à l’adolescence, vers 16 ans. Si cette première expérience s’est relativement bien passée, mon partenaire, et ceux que j’ai connus par la suite, étaient autocentrés sur leur propre plaisir. Je me suis mariée à l’âge de 25 ans, et même mon conjoint de l’époque ne m’a jamais fait vibrer sexuellement. Il se contentait de quelques préliminaires qui ne duraient jamais très longtemps, et passait vite à l’étape pénétration. 

D’ailleurs, j’ai longtemps cru que l’orgasme, dont j’avais brièvement entendu parler dans des films ou au détour de conversations avec mes copines, se résumait aux sensations agréables que l’on peut ressentir lorsque l’on fait l’amour. Ni plus ni moins. Jusqu’au jour où j’ai quitté mon mari.

« Je serais passée à côté de ma vie sexuelle si je n’avais pas divorcé »

Après ma séparation, j’ai rencontré un homme qui a bouleversé ma sexualité. Grâce à lui (et à sa langue), j’ai réalisé que j’avais un clitoris, et qu’il fonctionnait très bien. Ce mec était hyper attentionné, il prenait le temps de s’occuper de moi. Aujourd’hui, je me dis que je serais passée à côté de ma vie sexuelle si je n’avais pas divorcé. Parce qu’après cette rencontre, j’ai voulu en savoir plus sur mon corps. Je me suis enfin autorisée à me donner du plaisir. C’est là que j’ai commencé à me masturber, du haut de mes 40 ans. 

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La masturbation, booster de confiance en soi

Le plaisir solitaire m’a beaucoup apporté sur ma confiance en moi, mon estime de moi, parce que j’assume enfin de prendre du plaisir. Je me sens beaucoup plus libérée, plus épanouie. Ça m’a aussi rassurée sur le fait que je ne suis pas frigide. Sans parler des sextoys… 

Quand mon dernier conjoint est décédé, une de mes copines m’a offert un aspirateur clitoridien en forme de goutte. J’ai commencé à l’utiliser, et ça a réveillé des sensations inouïes chez moi, encore plus fortes que lorsque j’utilisais ma petite main gauche. Cet engin est tout simplement magique !

« Grâce aux sextoys, j’ai compris que je pouvais être une femme fontaine »

Ça a révolutionné mon plaisir. J’ai découvert de nouvelles réactions de mon corps que je ne connaissais pas. J’ai aussi compris que je pouvais avoir des orgasmes plus ou moins profonds, plus ou moins explosifs. J’ai également appris que je pouvais être une femme fontaine, et que j’étais capable de multiplier les orgasmes. D’ailleurs, ça m’a beaucoup aidée lorsque j’étais insomniaque. Quand tu enchaînes dix orgasmes d’affilée, tu dors comme un bébé !

Le sextoy a rendu l’âme après deux ans de bons et loyaux services. Un soir, lors d’un dîner chez des amis, une copine m’a montré un sextoy en forme de pingouin sur son smartphone. On s’en achète un chacune, avec une troisième amie. Et on a débriefé deux semaines plus tard. C’était drôle parce que la première, qui n’avait jamais testé de sextoy, me dit : “Ouais, bon, c’est pas mal, mais sans plus.” Je lui réponds : “T’es sûre que tu l’as bien utilisé ?” En réalité, elle n’avait pas compris qu’il y avait plusieurs vitesses ! (Rires) Effectivement, quand elle a réessayé, elle a compris mon engouement.

« Aujourd’hui, j’évoque ce sujet avec mes filles et je continuerai de le faire autour de moi »

Aujourd’hui, je me masturbe une à deux fois par semaine, parfois pendant une heure. Ça a un réel impact sur mon humeur. Si je me touche le soir, je suis davantage relaxée le lendemain. Globalement, je me sens plus détendue, plus épanouie, mieux dans ma tête et dans mes baskets.  

Avec du recul, je me dis que c’est bien dommage que la masturbation féminine ait été un sujet tabou pendant toutes ces années. Encore aujourd’hui, je trouve qu’il est nécessaire de libérer la parole des femmes là-dessus. De mon côté, je n’ai aucun complexe pour en parler, j’évoque ce sujet avec mes filles et je continuerai de le faire autour de moi. Pour éviter que des jeunes femmes, comme moi, passent à côté de leur vie sexuelle. »

(*) Le prénom a été modifié.

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