Rupture libératrice : « Je réalise à la fin de notre histoire que la vie de couple classique, ce n’est pas pour moi »
« Je rencontre Olivier un soir de nouvel an. J’ai 35 ans, je sors d’une relation toxique d’un an et demi, je n’ai pas du tout la tête à faire la fête. Un de mes amis passe chez moi, sèche mes larmes et me fait enfiler une robe pour m’entraîner à cette soirée où je ne connais quasiment personne. Je le repère dans la foule, il fait une tête de plus que tout le monde et a un sourire ravageur. Je ne vois que lui, je tombe sous le charme immédiatement. On se tourne autour, on s’embrasse, je saigne du nez pendant notre baiser, sa chemise est en sang et je lui laisse mon numéro de téléphone sur la main.
On se revoit quelques jours plus tard et je sens tout de suite qu’il n’a pas la tête à une histoire : il a cinq ans de moins que moi, est interne en médecin et a donc un rythme très chargé. Mais nous sommes voisins, ça facilite nos rendez-vous qui ne sont que charnels. On passe 5 mois à se voir à son rythme, ce qui ne me déplaît pas. Il part deux semaines en vacances avec un ami et a un déclic : je lui manque, il m’aime et on décide alors de vivre pleinement notre histoire. On sort beaucoup à des concerts, faire la fête, il aime ma bande d’amis et ma vie sociale lui qui de par ses études a plutôt un quotidien monacal.
Enfants et manque de communication
Début août, on passe nos premières vacances ensemble à Marseille. Je ne prends aucune contraception, il le sait, j’ai plus jeune tenté d’avoir un enfant avec un ex compagnon et le parcours de FIV n’a jamais abouti. Dans ma tête, c’est assez clair que pour avoir un enfant cela sera forcément difficile. Je fais attention à mes cycles mais un soir pendant ces vacances, on ne se protège pas et j’apprends ma grossesse quelques semaines plus tard. J’ai 36 ans, je suis très amoureuse et passé l’effet de surprise, on se lance dans l’aventure sans même se poser la question de le garder ou non. On n’habite pas ensemble, on ne connaît pas nos familles respectives. On enclenche tout très vite. On s’installe dans un petit appartement très bruyant, faute de mieux, mais je vis une grossesse très épanouissante, même si en vivant avec lui, je réalise l’amplitude de ses horaires. Notre fils naît et met plus de 14 mois à faire ses nuits que je gère la plupart du temps seule. Olivier est très porté sur le charnel, c’est ce qui a fondé notre relation, mais je me disais qu’en tant que médecin, il serait plus conscient du post partum. C’est le début du manque de compréhension au sein de notre couple. Lui met beaucoup de choses sur le tapis et moi, je me sens dépassée par la maternité. Il se fane, se réfugie dans le travail car il n’y a plus beaucoup de câlins et de tendresse entre nous. Je me sens seule, je commence à adopter un comportement explosif basé sur beaucoup de reproches.
Pour autant, il y a des périodes d’accalmie et de fêtes durant lesquelles on évoque l’idée d’un deuxième enfant. On se dit oui puis non, mais un soir on ne se protège pas et je tombe enceinte. J’accouche puis le confinement arrive. En tant que médecin, il est réquisitionné pendant le Covid, je me retrouve seule à la maison avec deux enfants en bas âge à jongler entre mes calls. Une énorme fatigue s’installe tout comme un gros manque de communication. Je découvre qu’il me trompe, on tente de recoller les morceaux en vain, notamment par le biais d’une thérapie de couple. Nous sommes en novembre 2021 et après plusieurs tentatives pour arrêter cette histoire, Olivier y met un point final. Je comprends dès son regard que sa décision est définitive même si je tente de le faire changer d’avis. On décide d’alterner notre présence dans l’appartement sans pour le moment annoncer la séparation à nos enfants. S’en suit une année très toxique : il est en couple mais nous continuons à avoir des rapports sexuels. On tente alors une dernière option : celle du couple libre. Je réalise très vite que cela ne me correspond absolument pas, mais je me dis que l’on est une famille. Je commence à avoir un rejet de lui et trouve un plan pour déménager. Ce déménagement acte notre séparation mais donne aussi le ton de nos rapports à venir. Même si l’on n’est plus ensemble, notre relation ne fait que s’envenimer. Il y a entre nous beaucoup de rancœurs et tout est sujet à crispation.
Apprendre à connaître ses besoins
Je rencontre très vite un autre homme : il m’aide à passer à autre chose, me fait réaliser que le couple peut être sain. Nos envies sont différentes et notre histoire s’arrête au bout d’un an. J’ai besoin de respirer, de temps pour moi, la garde alternée me fait revivre moi qui ai eu longtemps la sensation d’être en couple mais mère célibataire. Je lis beaucoup de livres sur le rapport hommes femmes, j’écoute des podcast. Je comprends d’un seul coup beaucoup mieux mes besoins. Je réalise à quel point j’étais immature, malgré mes 35 ans en rencontrant Olivier, qui m’a fait rêver par son physique et son métier et donc pas pour les bonnes raisons. Je réalise qu’avec lui, j’étais la pire version de moi-même car j’étais très frustrée par notre relation. C’est un déclic pour moi, j’embrasse mon célibat avec conviction. Je veux être seule, je ne veux plus faire de compromis, je veux du temps pour moi et pour mes enfants. Je me sens très au clair avec moi-même et très heureuse. Je ne veux plus d’une vie de couple classique : vivre ensemble, se retrouver tous les soirs. Je veux vivre de rendez-vous, se manquer pour mieux se retrouver.
7 mois de célibat plus tard, je débarque à une soirée où se trouve ma meilleure amie. Je n’ai qu’une seule idée en tête : m’éclater. C’est le plan jusqu’au moment où elle me présente Benjamin. On a un petit crush mutuel mais elle me prévient : il est séparé depuis 3 mois après 17 ans de mariage mais insiste sur le fait que c’est une perle. On passe la nuit ensemble et notre relation démarre toute en douceur avec beaucoup de bienveillance. Il me donne tout ce dont j’ai besoin. Grâce à lui, j’ai l’impression de m’aimer plus et d’aimer plus. Je réalise que je n’ai jamais été aussi bien en couple. C’est grâce à lui mais aussi grâce à la connaissance accrue que j’ai aujourd’hui de moi-même. Je me suis souvent perdue dans les efforts à faire et dans des critères qui n’étaient pas les bons. Avec Benjamin, on s’accorde parfaitement et nous avons les mêmes envies de couple. Cette vie me convient 1000 fois mieux que le modèle du couple classique qui n’est absolument pas fait pour moi, que ce soit avec Olivier ou un autre. »