Santé

Rupture libératrice : « J’arrête de remplacer un mec par un autre »

« Je suis invitée au mariage de ma meilleure amie, vers Lyon. Je ne connais pas grand monde parmi les invités. J’ai 32 ans, j’ai très envie d’être en couple, de rencontrer un mec bien. Je viens de terminer une histoire de 7 ans avec un homme qui n’avait pas les mêmes envies que les miennes. Mon désir de maternité a notamment précipité la fin de notre relation. Je repère David à la fin de la soirée, même si ce n’est pas trop mon genre. Il est arrivé tard, je lui fais visiter le lieu. Il n’est pas sûr de lui, très gauche dans son costume trop grand. Très timide dans les escaliers qui conduisent aux chambres, il me demande s’il peut m’embrasser. Le lendemain, la mariée m’offre son bouquet, qu’elle n’a pas voulu jeter comme le veut la tradition. Cette rencontre est totalement inattendue.

À la fin du week-end, il repart à Lyon, là où il habite et moi à Paris. Nous échangeons nos numéros dans l’optique de nous revoir. Il débarque chez moi le week-end suivant. On passe trois jours ensemble et c’est vraiment super. On passe un an à faire des allers-retours entre Paris et Lyon. Tout se passe très bien, mais nous sommes très différents. Il est particulier, très réservé, très solitaire, n’a que 3 amis qu’il ne voit pas beaucoup. Il est très secret, ne parle que très peu alors que moi j’ai énormément besoin d’échanges. Mais j’aime son côté très doux, très gentil, très posé. À Lyon, nous passons les week-end exclusivement en tête-à-tête tandis qu’à Paris, nous sommes plongés dans ma vie sociale, très riche.

Je sens mes copines les plus proches sceptiques

Au bout d’un an, je ne me sens pas hyper bien sans savoir pourquoi : est-ce que c’est lui ? Le travail ? Je songe à arrêter notre histoire, mais il propose de trouver du travail à Paris pour que nous puissions vivre ensemble. Job qu’il décroche en 3 jours. On s’installe ensemble dans mon petit deux pièces parisien. Notre histoire continue, je sens mes copines les plus proches sceptiques face à cette relation, mais elles n’osent pas vraiment me l’avouer. Nous sommes vraiment très différents, trop sans doute. Je sens que quelque chose ne va pas mais on arrive tout de même à trouver un équilibre. Mon envie de bébé est toujours dans un coin de ma tête, il est moins pressé que moi mais le jour où son frère lui annonce qu’il va être père pour la deuxième fois, c’est un déclic pour lui.

Je tombe enceinte une première fois mais je perds l’embryon au bout de 6 semaines. Il réagit super bien et est très présent. Je me remets doucement émotionnellement et physiquement. L’été et nos vacances arrivent : la nuit avant notre vol pour Bali, je rêve que je suis enceinte. À l’arrivée, j’achète un test de grossesse indonésien. Il est positif, je suis à la fois angoissée à cause de la fausse couche et hyper contente. Je sors des toilettes, l’annonce à David qui pour seule réaction me sort un « On va manger ? » J’ai quelques frayeurs au début de cette grossesse comme la fois où un singe me mord et que je suis obligée de me faire vacciner contre la rage mais le bébé tient. Je suis arrêtée au bout de 5 mois de grossesse à cause du travail. David traverse lui aussi une période compliquée au travail et subit un harcèlement moral de la part de son chef.

Une charge mentale intense

Alice naît en avril 2017. L’accouchement est compliqué, avec une césarienne d’urgence et un début de pré-éclampsie. J’adore mon congé maternité, mais je reprends le travail et on trouve un appartement plus grand avec quelques travaux à effectuer. La situation de David au travail se dégrade considérablement, et il commence à faire une dépression. Son médecin l’arrête et je me retrouve seule à tout gérer : mon nouveau-né à déposer à l’autre bout de Paris à la nounou, les travaux à superviser. Il n’est plus opérationnel sur rien. Il quitte son travail et notre relation est alors en dents de scie. Il oscille entre périodes dépressives et d’autres moments où il se laisse porter et se sent mieux. Mais plus le temps passe, plus le négatif prend le pas sur le positif. De mon côté, ma charge mentale explose ! Je gère tout : j’ai l’impression d’avoir un autre enfant.

Le confinement arrive, et c’est un peu la douche froide, il se retrouve sans travail et passe ses journées à jouer aux échecs sur son téléphone. Je l’incite à réfléchir à une reconversion professionnelle. Il s’inscrit à un master. Cela nous donne une nouvelle impulsion, je me dis qu’il va enfin être bien et nous aussi par ricochet. Il trouve un nouvel emploi à Orléans, part tous les lundis matin et rentre le jeudi soir. Ce rythme nous va bien. On envisage d’avoir un deuxième enfant, mais cela ne marche pas, je prends du poids, au travail ça ne se passe pas très bien. Je me sens très malheureuse. David arrête de fumer et son comportement change. Il devient odieux et a des crises de colère démesurées. Il a des réactions très étranges comme se mettre d’un seul coup à parler anglais. On décide de se quitter. Nous sommes en mars 2023. Je ressens une énorme culpabilité de faire vivre cela à Alice. Je sors les rames et tente tout de même de recoller les morceaux. En vain. Je perds 10 kilos, je retrouve mon poids d’avant grossesse, je me sens paradoxalement mieux dans ma peau, plus énergique alors que mon couple vire à la catastrophe.

Une tromperie et un déclic

Un soir, alors que je sors avec des amis, je flashe sur le mec de la table d’à côté. On passe la nuit ensemble, c’est la première fois en 10 ans que je trompe David. C’est le déclic, il faut que j’ai le courage de mettre un terme à cette histoire. Dès le lendemain, on acte notre séparation. Il perd rapidement 10 kilos, arrête de manger et de dormir. Il consulte un psy et un diagnostic est posé : il est borderline. C’est une période compliquée car il est envahi par ses délires paranoïaques. Au même moment, on me propose le job de mes rêves. Je me dis que c’est le bon moment pour se réinventer. J’accepte et je me sens à nouveau moi-même, sans enclume au-dessus de moi, sans frustration.

Je m’inscris rapidement sur des applications de rencontres, je fais des rencontres. Même si ça ne donne rien de sérieux, chaque histoire me permet d’en apprendre davantage sur moi et je réalise que jusqu’à présent, je me suis toujours laissée porter par des histoires qui ne me convenaient pas. J’accepte d’être seule, de ne pas être en dépendance affective. J’adore mon nouveau travail, c’est la mission la plus épanouissante que je n’ai jamais eue. Même si la rupture est compliquée, je me ne suis jamais sentie aussi vivante. Après quelques mois de cohabitation, je viens de récupérer les clés de mon nouveau logement. La dernière étape de notre séparation est donc ce déménagement. Je suis vraiment heureuse, j’apprends à identifier mes besoins et à arrêter de remplacer un mec par un autre. Je me sens chanceuse même si cela reste difficile d’avoir cassé cette famille. »

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