Quels sont les plus gros red flags en amour ? Une mère et sa fille débattent
Quels comportements sont considérés comme toxiques selon les générations ? En écho à une récente étude Ifop pour Tinder, mettant en avant le fait que neuf femmes célibataires sur dix, âgées de 18 à 24 ans, sont attentives aux signaux lors d’un date, ELLE a fait dialoguer Caroline, 51 ans, et sa fille Marie, 22 ans. La première, divorcée depuis treize ans, est polyamoureuse. La seconde est en couple depuis 8 mois, après avoir été célibataire durant 3 ans. Elles débattent sur ce qu’elles estiment être des red flags, aussi bien dans des relations avec des hommes qu’avec des femmes.
Image de soi
Caroline. Le premier red flag, pour moi, c’est l’alcool. Il y a quelques mois, j’ai rencontré un homme dans un restaurant. Il était très en avance et avait déjà pris un premier verre. Il en a ensuite pris un deuxième avec moi, puis un troisième au repas, et ainsi de suite. Lorsqu’il a bu son quatrième, je n’en étais qu’au second. Le plus inquiétant, c’est qu’il tenait très bien la boisson. Les comportements proches de l’alcoolisme, c’est vraiment quelque chose qui me fait peur. Idem pour un joint qui arrive mal à propos.
Marie. Moi, je n’y ai jamais prêté attention ! À la limite, je regarde peut-être ce qu’il boit, mais c’est plus pour rigoler. En revanche, je suis très attentive à la façon dont il s’habille. Pour moi, les vêtements sont liés à l’image qu’on a envie de donner à l’autre. Si la personne arrive et que je constate qu’il n’y a aucun effort de fait, je me dis qu’elle n’a pas tellement envie d’être là.
Caroline. Je ne suis pas du tout d’accord. Au contraire, j’aime bien être surprise par quelqu’un qui ne s’habillerait pas comme moi.
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« Quelqu’un qui se met en position basse pour me couvrir de fleurs, c’est un comportement de manipulation. »
Conversations et compliments
Caroline. Le truc qui me fait sourciller, c’est quand on m’encense du genre : « C’est génial tout ce que tu fais. Moi, je n’ai pas fait autant de choses. » Quelqu’un qui se met en position basse pour me couvrir de fleurs, c’est un comportement de manipulation. Évidemment, quand on est plus jeune, ça flatte l’égo. Mais je me suis vite rendu compte, avec le temps, que derrière vient le côté « Moi, je ne suis pas si bien. Rassure-moi. » Ça annonce une relation inégalitaire, où il faut sans cesse tirer l’autre vers le haut. Ça ne m’intéresse pas.
Marie. Je vois ce que tu veux dire maman. Dans ma génération, on appelle ça des « pick me boys ». Des mecs qui cherchent à te flatter en se rabaissant un peu. Mais bon, sur le côté compliments, je ne l’avais pas vu venir ! Moi, il peut m’en faire énormément s’il veut, je les prends avec plaisir !
Rapport à la famille
Marie. J’ai toujours plus d’attendrissement envers les gens qui ont de très bonnes relations avec leur famille. Quelqu’un qui ne s’entend pas avec sa sœur, son frère, son père… Souvent, je me dis que ça peut être lui le souci.Aussi, les relations mère-fils, où je comprends que c’est maman qui fait tout ou qui est très couveuse, je trouve ça dérangeant car je me dis qu’il attendra un peu la même chose de moi.
Caroline. À mon âge, on a passé le cap !Les crises d’adulte, les relations avec les parents, les frères et sœurs… On sait que rien n’est parfait, donc il peut y avoir des histoires. En revanche, il y a un truc qui est rédhibitoire dans ma génération, en tant que mère divorcée : quand quelqu’un fait des remarques sur l’éducation de mes enfants. Alors là, c’est fini !
« À 50 ans, on comprend l’importance de l’autonomie financière et on n’attend pas d’un homme qu’il nous paie quelque chose. »
Travail et argent
Marie. J’ai besoin de quelqu’un qui a de l’ambition, parce que j’ai envie d’être stimulée. Concernant le rapport à l’argent, c’est une discussion que j’ai souvent avec mes copines : qui règle l’addition ? J’estime que les trois premiers dates, même si c’est aussi une question de moyens, doivent être payés par le garçon. Pour moi, c’est juste une question de galanterie et ça n’a rien à voir avec le féminisme. Ça fait un peu chevalier, c’est mignon et romantique. Et c’est assez symbolique parce qu’il s’agit des premiers gestes. S’il ne le fait pas dès le départ, je me dis qu’il ne le fera jamais. Et s’il me dit « Ah on ne partage pas, donc tu n’es pas féministe ? » Wow ! Ça part hyper mal !(Rires)
Caroline. C’est un sujet, l’addition. Mais je dois être hyper féministe parce que moi, souvent, on me propose de régler l’addition, et j’ai plutôt tendance à refuser. Si j’accepte qu’on paie pour moi, j’ai l’impression que c’est un « oui, tu me plais bien », et que c’est un peu gagné pour lui. Je pense qu’à mon âge, Monsieur a plus de moyens… Mais c’est vrai qu’à 50 ans, on comprend l’importance de l’autonomie financière et on n’attend pas d’un homme qu’il nous paie quelque chose. On a gagné cette autonomie-là et on connait sa valeur : ça permet de vivre sa vie tranquille et d’être vraiment libre.
Communication, manipulation et émojis
Marie. S’il fait des réflexions sur mes tenues, c’est un gros « no go » !
Caroline. Moi, je n’ai pas ça à mon âge ! Même si la personne me faisait des petites remarques sur un décolleté qui serait trop plongeant ou une robe trop courte, je crois que ça me glisserait dessus. Ça me regarde, c’est mon corps, mes habits, mes choix.
Marie. Quelqu’un qui me dit « je t’aime » beaucoup trop vite aussi. Ça paraît évident, mais moi je me suis fait avoir. Quelqu’un qui fait des déclarations – ou emploie des mots hyper forts au bout d’à peine un mois de relation – cherche à avoir une certaine emprise sur moi.
Caroline. Moi on m’a dit « Je t’aime » récemment, c’était un peu au débotté, mais c’était sincère. On me le dit de temps en temps, même si moi je ne le dis pas facilement. Faire part de sa vulnérabilité, avec des mots d’amour par exemple, c’est aussi un green flag. Ça peut être très touchant.
« S’il envoie trop d’émojis, je trouve que ça fait vieux ! »
Marie. J’accorde aussi de l’importance à la façon d’écrire des messages. Pour le coup, ça n’a rien à voir avec les comportements toxiques, mais s’il envoie trop d’émojis, je trouve que ça fait vieux ! Rien que l’émoji qui sourit avec les joues roses, je trouve ça trop bizarre ! Sans parler des conversations avec des cœurs à outrance… Je n’ai plus 13 ans et demi.
Caroline. Moi, c’est ma génération. Je ponctue toutes mes phrases avec des émojis bisous. Par ailleurs, c’est important pour moi de pouvoir faire des messages sans faute, grammaticalement structurés. La séduction passe aussi par l’écrit. J’aime qu’on s’écrive des longs textes, très littéraires.
Marie. Je préfère les appels. Quand je reçois un pavé, je commence à le lire puis je pose mon téléphone en me disant que je reprendrai la suite plus tard. Au final, je laisse le message en « lu » sans faire exprès.
Partage des valeurs
Marie. Les idées politiques, c’est quelque chose qui compte pour moi. S’il ne vote pas mais qu’il a globalement les mêmes opinions que moi, et surtout, qu’il est ouvert d’esprit, ça passe. Sinon, c’est mort !
Caroline. Je suis un peu plus tranchée. Si on ne vote pas, c’est qu’on n’a pas d’avis. Donc dans ce cas-là, la personne n’a pas intérêt à parler de politique. Par ailleurs, l’égalité hommes-femmes, aussi bien dans mes relations avec des hommes qu’avec des femmes, a sa part d’importance. Les opinions féministes extrêmes, ça ne passe pas. Par exemple, rejeter en bloc le masculin, considérer que les hommes sont des prédateurs et que quand ça ne se voit pas c’est qu’ils le sont quand même… J’ai une vision plus positive de l’humanité.
Marie. Je ne suis pas totalement d’accord. Si je raconte une histoire sur un homme qui a harcelé une fille et que le mec me sort « Not All Men » (Pas tous les hommes), je lui dirais que ce genre de discours n’est jamais très pertinent. Un homme en face de moi qui va vouloir se justifier et lancer un débat alors qu’il n’y en a pas… Ça va beaucoup me titiller.
Sexualité et consentement
Marie. Les hommes qui ont un souci avec les poils, c’est très red flag. Peu importe comment il est habitué ou la raison de son blocage, si c’est un sujet, je trouve que c’est problématique.
Caroline. Un homme qui me ferait une réflexion sur ma pilosité ? Ça me glisse dessus.
Marie. Dans le cadre d’une relation longue, si je n’ai pas envie de faire l’amour un soir et que la personne en face exprime le moindre agacement, ne serait-ce qu’en soufflant du nez… Ça, c’est non.
Caroline. Oui, on te fait pression en te montrant de l’agacement. Donc c’est un biais de consentement et la personne doit reconnaître son erreur.
Marie. Totalement. Ça me crispe beaucoup. À l’inverse, quelqu’un qui va vraiment me demander avant chaque étape s’il peut faire ci ou ça, c’est évidemment un green flag. Idem en fin de rendez-vous, si la personne veut me prendre la main, c’est beaucoup plus joli et sexy quand c’est demandé… Les bisous volés ou la blague de la bise qui dérape, jamais de la vie ! (Rires).
Caroline. Je suis totalement alignée. Il faut dire que je fréquente beaucoup les ateliers de consentement, donc c’est évidemment très important pour moi.