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« Pas d’écrans avant 6 ans », selon la Société française de pédiatrie

Par LeSiteinfo avec MAP

Les enfants de moins de 6 ans ne devraient pas être exposés aux écrans, qui ne sont « pas adaptés à un cerveau en développement », alertent la Société française de pédiatrie (SFP) et d’autres sociétés savantes.

Dans un texte relayé, mardi, par le journal « Le Monde », elles dénoncent les effets délétères des écrans sur le développement cérébral des tout-petits et appellent à un renforcement des recommandations actuelles.

« Le carnet de santé préconise de ne pas exposer les enfants aux écrans avant 3 ans », relève-t-on, mais, d’après les auteurs, ces consignes « doivent être actualisées à la lumière des connaissances récentes ».

Sur une initiative de la neurologue Servane Mouton et du professeur Hugues Patural, réanimateur néonatologue au centre hospitalier universitaire de Saint-Etienne, ce texte, intitulé « Les activités sur écrans ne conviennent pas aux enfants de moins de 6 ans : elles altèrent durablement leurs capacités intellectuelles », est soutenu par la Société française de santé publique (SFSP), la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SFPEA), la Société française d’ophtalmologie (SFO) ou encore la Société francophone de santé et environnement (SFSE), indique le journal.

« Ni la technologie de l’écran ni ses contenus, y compris ceux prétendument éducatifs, ne sont adaptés à un petit cerveau en développement », note le texte, précisant que « le doute n’est plus permis au regard des nombreuses publications scientifiques internationales ».

« Un temps d’écran excessif a été associé à des impacts négatifs sur les compétences cognitives et sociales, affectant notamment l’attention, la mémoire et la régulation émotionnelle », souligne, par ailleurs, une revue de littérature parue fin 2024, relayée également par le journal français.

« Si tous les milieux sont concernés, les expositions sont plus fortes dans les foyers défavorisés, contribuant à l’accroissement des inégalités sociales », indique la tribune.

Selon ces professionnels de la santé, les effets concernent le développement du langage, de l’attention, des capacités socio-relationnelles (relation à l’autre, gestion des émotions…) et les capacités cognitives globales, mettant également en relief les conséquences sur la santé physique (troubles du sommeil, de la vision).

« L’œil de l’enfant, particulièrement jusqu’à 6 ans mais en réalité jusqu’à 14-15 ans, est très sensible à la lumière bleue émise par les écrans, avec un surrisque de myopie », rappelle Mme. Mouton.

L’exposition à la lumière bleue le soir perturbe également la sécrétion de mélatonine, l’hormone qui règle l’horloge biologique et favorise le sommeil, précise-t-on, soulignant que l’usage numérique a aussi un fort impact sur l’activité physique et la sédentarité.

Pour ces spécialistes de la santé, les constats sont « alarmants ». Patural suit des enfants de 0 à 7 ans, particulièrement « vulnérables » du fait de leur très grande prématurité, ou parce qu’ils ont subi des agressions cérébrales en période néonatale (infections, encéphalopathie anoxique…).

« Nous sommes effarés, le mot est faible, de voir le nombre d’enfants impactés dans leur trajectoire neurodéveloppementale par cette exposition précoce », témoigne le néonatologue, cité par « Le Monde ».

Il observe à chaque consultation des retards et un appauvrissement du langage, des troubles de l’attention, de la mémorisation, une intolérance à la frustration.

« Ceci nous oblige à les envoyer très tôt vers des orthophonistes et psychomotriciens, alors que ces filières sont débordées », relève-t-il.

Pour le pédiatre, « la prématurité n’est pas – toujours – en cause. Le facteur écran joue un rôle déterminant dans le développement cognitif ultérieur de ces enfants, plus important même que leur parcours initial parfois complexe ».

Autre constat du pédiatre réanimateur, « ces enfants sont en état d’hyperexcitation permanent. La cadence infernale des images et des sons, la multitude de stimuli sensoriels lumineux et sonores captent et emprisonnent leur attention. Ce flux peut altérer durablement le cerveau en développement », alerte-t-il.

« Je constate de plus en plus l’effet bénéfique d’une prévention très précoce. Quand on explique simplement à des jeunes parents que l’écran n’est pas adapté au cerveau de leur enfant, ils le comprennent très bien », assure, par ailleurs, Patural.

S.L.

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