Mon ado refuse de se laver tous les jours, à quel moment dois-je m’inquiéter ?
Votre adolescent rechigne à se doucher régulièrement et cela vous inquiète ? Ce comportement n’est pas rare à cette période de la vie. « À l’adolescence, c’est une situation courante, qui revient parfois de façon cyclique », observe Catherine Verdier, psychologue clinicienne, psychothérapeute et analyste, spécialiste des enfants et adolescents. Pour cause, « les ados ont un peu de mal avec leur corps. Les changements physiques peuvent être une source de stress. Les jeunes peuvent passer des heures devant le miroir pour essayer de comprendre ce corps qui est en train de changer ou, à l’inverse, avoir du mal à se regarder dans une glace », explique-t-elle.
Aussi, la thérapeute fait le parallèle avec « les doudous, que les enfants refusent de laver quand ils sont tout-petits, parce qu’ils ont besoin de reconnaître leur odeur ». « On est un peu dans ce registre-là, analyse-t-elle. Il faut que l’odeur reste et persiste pour reconnaître son corps et l’apprivoiser ». Par ailleurs, le fait de ne pas prendre soin de soi peut faire partie de symptômes dépressifs. Alors, à quel moment faut-il s’inquiéter ?
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Durée, comportement social, émotions : repérer les signes
« Il faut faire attention à la durée du comportement, vérifier si ça se produit en continu ou par vagues, indique Catherine Verdier. Parfois, cela peut durer pendant une semaine ou 15 jours, par fainéantise ou parce qu’ils ont autre chose à faire – parce qu’ils jouent aux jeux vidéo ou qu’ils sont complètement dépassés par la quantité de devoirs à rendre. Auquel cas, il ne faut pas forcément s’inquiéter. En revanche, si cela dure depuis plusieurs mois, il y a peut-être un souci plus profond ».
Aussi, l’experte invite à repérer certains signes de changement de comportement social, affectif ou émotionnel. « Est-ce que mon ado est triste, en colère, irritable ? Est-ce qu’il ou elle s’isole ? » En effet, « les problématiques liées aux odeurs impliquent un isolement social, des moqueries », relève-t-elle. Des conséquences qui peuvent renforcer le cercle vicieux du mal-être. Par ailleurs, le manque d’hygiène risque d’entraîner des problèmes de santé, avec des infections cutanées, des irritations, de l’eczéma ou autres problèmes de peau. « Dans ce cas-là, il ne faut pas hésiter à consulter un dermatologue, recommande la psychologue. Souvent, les médecins font un petit discours pour essayer de remettre les ados sous la douche ».
Si cette attitude peut être liée à de la dépression, il faut savoir repérer les autres signes éventuels : ce trouble psychique peut se manifester par des comportements de retrait, d’absence, de dévalorisation ou de l’irritabilité, de l’agitation, des plaintes répétées concernant le corps (douleur à répétition, insomnies, perte d’appétit…) », précise l’Assurance maladie. Pour que le diagnostic de dépression soit établi, par un médecin, « les symptômes doivent durer au moins 15 jours et être au minimum au nombre de cinq, comprenant un des deux symptômes cardinaux : humeur dépressive (ou irritable) ou perte d’intérêt (ou de plaisir) », indique la Haute Autorité de santé (HAS).
Mon ado ne veut pas se doucher : comment réagir en tant que parents ?
Que faire si son fils ou sa fille refuse de prendre sa douche quotidiennement, mais que la situation ne semble pas trop préoccupante ? « Ce n’est pas toujours facile d’entrer en communication avec un ado, surtout sur les problématiques de son corps, et sur ce qui engendre – dans sa tête en tout cas – des questions par rapport à la sexualité, aux hormones, etc », souligne Catherine Verdier.
« Néanmoins, si son ado est assez ouvert, on peut essayer d’en discuter. Est-ce qu’il ou elle veut en parler ? Est-ce qu’il ou elle a des questions à poser ? ». Aussi, la thérapeute recommande de proposer un planning à son enfant. « En lui disant : personnellement, ça me dérange et ça risque de déranger tes amis. Tu peux te doucher deux ou trois fois par semaine. Essayer d’espacer ou laver au moins le visage parce que très souvent, il y a des problèmes d’acné ». Des propositions simples, sans pressuriser son ado. Et dans des cas plus inquiétants, ne pas hésiter à consulter un médecin ou un thérapeute si besoin.
Aussi, Catherine Verdier se veut rassurante : « En général, à partir du moment où les ados sont amoureux, ils ou elles fournissent un effort par rapport à leur image. La situation finit par se résoudre. »