Economie

la révision de l’accord commercial de 1986

À travers la relance du dialogue commercial, Nouakchott et Rabat confirment la solidité d’un partenariat fondé sur des intérêts économiques, une diplomatie convergente et une vision commune de l’intégration régionale.

La tenue à Nouakchott, vendredi 25 avril, de la première réunion du comité technique mixte mauritano-marocain marque une nouvelle étape dans le raffermissement des liens économiques et diplomatiques entre les deux pays. À l’ordre du jour : la révision de l’accord commercial signé en 1986, dans l’objectif affiché d’adapter le cadre juridique aux exigences actuelles du commerce bilatéral et de porter les échanges à 350 millions de dollars dès 2024.

Sous la présidence de la ministre mauritanienne du Commerce et du Tourisme, Zeinebou Mint Ahmednah, et du secrétaire d’État marocain chargé du Commerce extérieur, Omar Ihjira, cette rencontre traduit une volonté politique affirmée de redynamiser les flux commerciaux. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large de convergence stratégique entre Rabat et Nouakchott, portée par la confiance mutuelle entre le Roi Mohammed VI et le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Depuis la signature de l’accord de 1986, le contexte économique régional a profondément évolué. Initialement centré sur les exonérations douanières, l’ancien dispositif ne répondait plus aux ambitions des deux partenaires, qui multiplient depuis plusieurs années conventions et accords sectoriels pour densifier leur coopération.

En matière d’infrastructures, des entreprises marocaines sont aujourd’hui impliquées dans la modernisation du Port autonome de Nouadhibou. Dans le domaine de la pêche, la signature d’un protocole de coopération halieutique permet de structurer l’accès aux ressources et d’échanger en matière de bonnes pratiques. En 2021, un accord de facilitation douanière a permis de fluidifier les procédures commerciales, notamment au niveau du poste-frontière de Guerguerat, essentiel pour les flux entre le Maroc, la Mauritanie et l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

La coopération agricole, logistique, énergétique et de formation professionnelle complète cet édifice bilatéral, témoignant d’une approche multisectorielle du partenariat.

Un levier pour la stabilité régionale

Au-delà des considérations commerciales, la Mauritanie et le Maroc partagent une lecture commune des enjeux de stabilité et de développement régional. À l’heure où l’Afrique de l’Ouest traverse des turbulences sécuritaires et économiques, Rabat et Nouakchott misent sur l’intégration économique comme moteur de résilience. Le Maroc, en renforçant son ancrage au Sahel et en Afrique de l’Ouest, trouve en Mauritanie un partenaire naturel, stable et stratégiquement situé.

La révision de l’accord commercial vise ainsi à lever les barrières persistantes entravant les échanges. La ministre Zeinebou Mint Ahmednah a insisté sur la nécessité d’ouvrir davantage le marché marocain aux produits mauritaniens, tout en appelant à diversifier les flux commerciaux pour les orienter vers de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée.

De son côté, Omar Ihjira a souligné l’importance de la mobilisation du secteur privé. Les discussions ont inclus des rencontres entre investisseurs marocains et patronat mauritanien, afin d’identifier précisément les contraintes techniques et réglementaires qui freinent le développement des échanges.

La relance du dialogue économique augure également d’une actualisation plus large des instruments de coopération entre la Mauritanie et le Maroc. Au-delà du commerce de biens, les deux pays souhaitent aujourd’hui structurer des projets conjoints dans l’innovation technologique, l’industrie agroalimentaire, les énergies renouvelables et la logistique régionale.

Cette dynamique traduit une stratégie de long terme, dans laquelle Nouakchott et Rabat aspirent à jouer un rôle de catalyseur d’une intégration économique africaine, par une approche bilatérale pragmatique avant de s’inscrire dans des cadres plus larges tels que la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine).

En définitive, la révision de l’accord commercial de 1986 apparaît comme un jalon supplémentaire dans la construction d’un partenariat stratégique résilient, fondé sur une vision partagée de l’avenir économique et politique du continent.

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