appel d’offres lancé pour la deuxième phase du Grand Stade Hassan II
Alors que le Maroc s’apprête à coorganiser la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, le Royaume accélère la mise en œuvre de ses infrastructures phares avec une ambition assumée : faire du sport un levier d’attractivité économique et de rayonnement international. Dernière annonce en date : le lancement de la deuxième phase de construction du Grand Stade Hassan II à Benslimane, à proximité de Casablanca. Avec une capacité annoncée de 115 000 places, il s’agira, à terme, de l’un des plus grands stades au monde.
Le chantier, emblématique des investissements que le Maroc entend mobiliser en marge du Mondial, franchit une nouvelle étape avec la publication, par l’Agence nationale des équipements publics (ANEP), d’un appel d’offres international portant sur les travaux de gros œuvre. Estimé à 3,2 milliards de dirhams — soit près de 290 millions d’euros — ce contrat vise des prestations lourdes : béton, structures métalliques, étanchéité, menuiserie, peinture et finitions. Les candidats, marocains comme étrangers, ont jusqu’au 10 juin pour déposer leurs propositions.
Ce nouvel appel d’offres succède à une première phase de terrassement, confiée en 2023 à l’entreprise marocaine SGTM pour un montant de 356 millions de dirhams. Si le calendrier est respecté, l’ouvrage devrait être livré à l’horizon 2027, en phase avec la feuille de route élaborée par Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et figure de proue du dispositif national de préparation au Mondial.
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Mais au-delà du simple agenda sportif, c’est une véritable stratégie d’investissement public et de diplomatie d’infrastructure que le Maroc déroule. Le projet du Grand Stade, porté juridiquement par la SONARGES (Société nationale de réalisation et de gestion des stades) et piloté techniquement par l’ANEP, obéit à des critères d’attribution stricts. Les entreprises internationales intéressées doivent avoir, au cours des dix dernières années, mené à bien la construction d’au moins un stade de 40 000 places et d’un complexe d’envergure — hôpital ou aéroport — d’un coût supérieur à 6 milliards de dirhams.
Ce filtrage témoigne de l’ambition qualitative du Maroc, qui entend rivaliser avec les standards les plus élevés du secteur. L’implantation du stade sur une emprise de 100 hectares, dans la région de Casablanca-Settat, traduit aussi un choix stratégique : positionner l’axe Casablanca–Benslimane comme un nouveau pôle urbain et logistique, au cœur du triangle Rabat-Casablanca-Marrakech.
La conception du stade, confiée à un cabinet d’architecture britannique, se veut à la fois iconique et intégrée. Le toit, inspiré des tentes traditionnelles marocaines, marquera la silhouette du complexe, qui intégrera également un village sportif à vocation écologique, des espaces de loisirs, ainsi qu’une connexion renforcée aux réseaux autoroutiers et ferroviaires. Autant d’éléments alignés avec la volonté du Maroc de faire du sport un catalyseur d’investissements durables et d’aménagement du territoire.
L’enjeu dépasse largement la construction d’un équipement sportif. Il s’inscrit dans un mouvement plus large de reconfiguration des infrastructures nationales, nourri par la perspective de la Coupe du monde, mais structuré à long terme par la vision portée par le Nouveau Modèle de Développement. À travers ce projet, le Maroc ne bâtit pas qu’un stade, il érige un signal fort de confiance dans sa capacité à transformer le sport en vecteur stratégique de croissance, de diplomatie et de souveraineté économique.