les promesses d’un nouveau cadre de travail
Présentée comme « responsable et équilibrée », la session d’avril 2025 du dialogue social a mis en lumière les ambitions du gouvernement en matière de réforme du travail. Encadrement du télétravail, reconnaissance des emplois informels et amélioration des conditions de travail sont au cœur des annonces. Reste à savoir si les intentions affichées se traduiront par des avancées concrètes.
La session d’avril 2025 du dialogue social, qualifiée par le gouvernement de « responsable et équilibrée », a permis d’esquisser les contours d’une nouvelle approche du monde du travail. Le ministre de l’Inclusion économique de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, M. Younes Sekkouri, s’est voulu rassurant, évoquant des avancées significatives en matière de réformes sociales.
Un budget conséquent de 45 milliards de dirhams a été alloué au dialogue social dans le secteur public, illustrant la volonté de l’exécutif d’améliorer les conditions de travail. Toutefois, plusieurs observateurs soulignent un écart persistant entre les annonces politiques et leur application concrète. La revalorisation des salaires dans certains secteurs ou encore la régularisation de situations précaires peinent encore à se concrétiser par des textes législatifs clairs.
Parmi les chantiers majeurs annoncés figure celui de l’encadrement des nouvelles formes d’emploi. Les livreurs informels et les travailleurs du numérique, souvent en marge du système de protection sociale, pourraient enfin bénéficier d’une reconnaissance juridique et d’un cadre de travail structuré. Cette volonté d’inclusion sociale reste néanmoins suspendue à la définition de mécanismes précis et à un calendrier de mise en œuvre.
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Le gouvernement ambitionne également de donner un nouveau souffle au télétravail, en l’inscrivant dans un cadre légal. L’objectif affiché est de permettre aux jeunes marocains, y compris ceux résidant loin des grands centres urbains, d’accéder à l’emploi grâce aux outils numériques. Cette orientation répond à la nécessité d’adapter le marché du travail aux réalités post-pandémiques, tout en réduisant les inégalités territoriales en matière d’accès à l’emploi.
Cependant, pour que cette ambition se traduise en réalité, plusieurs conditions doivent être réunies. Il s’agira notamment de garantir un encadrement clair du télétravail en matière d’horaires, de rémunération, de suivi de performance et de protection sociale. À défaut, cette forme d’emploi pourrait renforcer la précarité au lieu de l’atténuer.
Les professions peu valorisées, telles que les agents de sécurité privée, ont également été mentionnées comme prioritaires. Le ministre a reconnu les « interrogations récurrentes » que soulève cette catégorie, sans toutefois avancer de mesures concrètes à ce stade. L’amélioration de leur statut reste donc une attente forte.