Le Maroc se positionne pour conquérir les marchés anglophones
Le Maroc s’affirme comme un acteur majeur de l’outsourcing dans la région MENA, aux côtés d’autres hubs stratégiques comme l’Égypte. À l’exemple d’Intelcia, qui y renforce sa présence régionale, les entreprises marocaines visent désormais les marchés anglophones, portées par une ambition croissante de s’imposer dans le top 10 mondial du secteur.
L’externalisation des services, ou outsourcing, s’impose aujourd’hui comme un moteur stratégique pour le développement économique de plusieurs pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Boostée par la digitalisation croissante, la recherche de compétitivité, et la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée à moindre coût, cette industrie connaît une croissance rapide, attirant de plus en plus d’investisseurs internationaux.
La région offre une combinaison d’atouts majeurs : proximité géographique avec les marchés européens, affinités linguistiques, coûts opérationnels compétitifs, infrastructures technologiques en pleine amélioration, et politiques publiques incitatives. Ces conditions font du MENA un hub de plus en plus attractif pour les activités de services externalisés, qu’il s’agisse de centres d’appels, de support IT, de traitement des données ou encore de gestion administrative.
Des pays comme le Maroc, l’Égypte, la Tunisie ou encore le Liban misent depuis plusieurs années sur le développement de l’offshoring pour renforcer leur position sur l’échiquier économique international. À titre d’exemple, le Maroc a lancé dès 2005 le plan « Emergence », suivi par des stratégies plus ciblées comme Maroc Digital 2020, avec la mise en place de zones offshore dédiées (Casablanca Nearshore, Technopark, etc.) et des mesures incitatives pour les investisseurs.
En Égypte, le gouvernement multiplie les investissements dans l’infrastructure numérique et dans la formation des jeunes talents pour répondre aux exigences du secteur. Le pays ambitionne de devenir un leader régional dans le domaine des technologies de l’information et des services externalisés. Son bassin de talents anglophones, combiné à une stabilité économique relative, attire un nombre croissant de multinationales à la recherche de solutions d’externalisation compétitives vers l’Europe et l’Amérique du Nord.
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Le succès de l’outsourcing dans la région repose en grande partie sur son capital humain. Avec une population jeune et dynamique, les pays du MENA peuvent proposer aux investisseurs une main-d’œuvre plurilingue, diplômée et de plus en plus formée aux standards internationaux. L’externalisation devient ainsi une voie privilégiée pour l’insertion professionnelle des jeunes, contribuant à la réduction du chômage et à la montée en compétence des nouvelles générations.
Dans le même temps, les besoins de la clientèle internationale évoluent, favorisant l’émergence de services à plus forte valeur ajoutée. Les prestations de simple assistance téléphonique laissent place à des services multicanaux, à des prestations IT, ou à la gestion de processus métiers (BPO, KPO), exigeant une montée en compétence continue des ressources humaines locales.
Malgré cette dynamique positive, plusieurs défis subsistent. Le niveau de digitalisation reste inégal selon les pays. La maîtrise des langues étrangères, notamment l’anglais, reste un point de fragilité dans certaines zones, limitant l’accès à certains marchés. De même, les tensions géopolitiques dans certaines parties de la région peuvent freiner les investissements.
Pour maintenir la cadence de croissance, les États doivent continuer à investir dans l’éducation, la formation professionnelle, et l’amélioration de l’environnement des affaires. La stabilité juridique, la simplification des démarches administratives, et la mise en place de cadres réglementaires clairs pour le secteur sont autant de leviers pour renforcer l’attractivité de la région.
L’exemple d’Intelcia : une success story marocaine à l’international
Le parcours du groupe Intelcia illustre parfaitement cette dynamique régionale. Né au Maroc, ce spécialiste de l’outsourcing a progressivement étendu ses activités à l’international, jusqu’à devenir un acteur majeur dans 19 pays. Dernière étape en date : l’ouverture d’un nouveau siège régional en Égypte, confirmant sa volonté de conquérir les marchés anglophones du Moyen-Orient.
L’objectif est ambitieux : atteindre 4.000 collaborateurs en Égypte d’ici 2026. Cette implantation stratégique s’inscrit dans la vision du groupe de figurer parmi le top 10 mondial du secteur, avec un objectif d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Le choix de l’Égypte n’est pas anodin : il reflète l’attractivité croissante de ce pays pour les activités offshore, mais aussi la capacité d’adaptation des entreprises africaines à l’évolution des marchés globaux.