La guerre commerciale pourrait réduire de 0,7 % la croissance économique mondiale à long terme
L’escalade des tensions commerciales depuis l’annonce des tarifs douaniers américains pourrait entraîner une réduction de 0,7 % de la croissance de l’économie mondiale d’ici à 2040, a estimé, vendredi, le Centre de Commerce International (CCI), une agence conjointe de l’Organisation mondiale du commerce et des Nations Unies.
Cette estimation, établie en collaboration avec l’institut de recherches économiques CEPII, avait été établie avant la suspension pour 90 jours des tarifs douaniers américains et la nouvelle annonce de taxes additionnelles sur la Chine, a précisé la directrice exécutive du CCI, Pamela Coke-Hamilton, lors d’un point de presse à Genève.
Cette escalade des tensions commerciales crée un environnement d’incertitude qui affecte les décisions des acteurs du commerce mondial, a-t-elle dit.
Le commerce mondial pourrait se contracter de 3 %, avec des changements significatifs à long terme dans les schémas commerciaux et l’intégration économique, a-t-elle souligné.
Selon Mme Coke-Hamilton, les pays les moins avancés sont les plus exposés aux instabilités du système commercial mondial et les moins équipés pour s’adapter en cas de besoin.
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Certains de ces pays les moins avancés dépendent fortement du marché américain pour leurs exportations, en utilisant des préférences telles que l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui, depuis 2000, permet aux importations en provenance des pays d’Afrique subsaharienne d’entrer sur le marché américain sans droits de douane.
Pour que les pays en développement puissent faire face aux chocs mondiaux, qu’il s’agisse de pandémie, de catastrophe climatique ou de changement soudain de politique, Mme Hamilton a préconisé de donner la priorité à trois domaines : la diversification, la valeur ajoutée et l’intégration régionale.
« S’il y a jamais eu un moment pour effectuer ce pivot vers la diversification, la valeur ajoutée et l’intégration régionale – ce que j’appelle la ‘re-mondialisation stratégique’ – c’est bien aujourd’hui« , a-t-elle estimé, notant qu’il se caractérise par des échanges commerciaux mutuellement bénéfiques, plutôt que par l’aide au développement traditionnelle.
Concernant la valeur ajoutée, il s’agit pour les pays en développement de passer de la vente de produits de base à la transformation sur place des marchandises avant leur exportation, conservant davantage de valeur, de sorte qu’ils soient moins affectés par les chutes soudaines des prix du café, du cacao ou du cuivre sur les marchés mondiaux, par exemple, a expliqué la responsable internationale.
En ce qui concerne l’intégration régionale, il s’agit pour les pays en développement de regarder leurs voisins et de choisir d’investir dans des relations commerciales au niveau régional, a-t-elle ajouté, notant que la Zone de libre-échange continentale africaine en est un exemple, qui pourrait transformer la façon dont l’Afrique commerce à l’intérieur et avec le reste du monde.
Avec MAP