La géomatique, un levier stratégique pour la sécurité foncière et la souveraineté alimentaire, selon El Bouari – Aujourd’hui le Maroc

La géomatique est devenue un levier stratégique pour la sécurité foncière, la souveraineté alimentaire et la planification des territoires, a relevé, jeudi à Rabat, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari.

Intervenant à l’ouverture du 8ème Congrès national de l’Ordre national des ingénieurs géomètres-topographes (ONIGT), qui est placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, M. El Bouari a également mis en avant le rôle de la géomatique dans la gestion durable des ressources naturelles et l’intégration des technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle (IA) et la télédétection.

Et de poursuivre : « C’est pourquoi je tiens à réaffirmer notre volonté de consolider davantage notre collaboration avec l’ONIGT, dans la continuité des actions déjà engagées au sein de notre ministère pour la mise en œuvre de projets stratégiques au niveau national et continental ».

M. El Bouari a noté que le thème retenu pour ce 8ème Congrès, « Maroc des initiatives pour une Afrique émergente », résonne profondément avec l’engagement du Royaume pour une Afrique solidaire, intégrée et prospère, et souligne la contribution stratégique de la profession géomatique au service du développement continental.

La contribution de la géomatique au secteur agricole est indéniable, a fait valoir le ministre, expliquant que la transformation du secteur agricole repose sur une base foncière sécurisée, des infrastructures bien planifiées, une gestion intelligente des ressources naturelles et une gouvernance territoriale transparente. D’après lui, toutes ces dimensions nécessitent une expertise géospatiale pointue, intégrée et conforme aux standards internationaux.

À cet effet, M. El Bouari a rappelé que le ministère, qui considère l’ONIGT et la profession comme des partenaires stratégiques, s’est engagé dans des chantiers structurants dont la réussite dépend directement de l’intervention des ingénieurs géomètres topographes.

Il a aussi indiqué que l’agriculture intelligente, envisagée dans le cadre de la Stratégie « Génération Green 2020–2030 », ne peut se déployer sans des informations foncières précises, dynamiques et accessibles, ajoutant que chaque donnée géographique devient un levier d’action qui implique la mise en place de systèmes d’information géographique robustes, des plateformes de données cohérentes et une collaboration étroite entre les acteurs publics et les experts géomètres.

« Nous avons besoin en effet, de cartes précises pour identifier les vocations des sols, de modèles topographiques pour planifier les périmètres irrigués, de relevés spatiaux pour suivre l’évolution des cultures, de données cadastrales pour sécuriser les droits d’usage, et de géolocalisation pour optimiser les chaînes de distribution », a-t-il détaillé.

De son côté, le président de l’ONIGT, Khalid Yousfi, a fait remarquer que ce 8ème Congrès national se tient alors que le continent africain fait face à de grands défis (urbanisation galopante, pression sur le foncier, résilience climatique, modernisation des infrastructures, développement rural et sécurité foncière).

Ces défis, a-t-il soutenu, exigent une vision stratégique, une coopération à tous les niveaux, en plus d’un engagement de la part des représentants de la profession à savoir, les ingénieurs géomètres topographes qui, en tant qu’acteur incontournable de l’aménagement du territoire et des espaces de tous genres, jouent un rôle essentiel.

Et d’ajouter : « À travers ce congrès, l’ONIGT du Maroc réaffirme son engagement à inscrire son action dans une dynamique nationale et, bien sûr, continentale en lien étroit avec les autres pays africains ».

Parallèlement, M. Yousfi a mis en avant l’importance des partenariats liant l’Ordre à différents départements ministériels, dont le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville et le ministère de l’Équipement et de l’Eau.

Il a aussi rappelé les partenariats avec les différentes administrations publiques, principalement l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC).

La cérémonie d’ouverture a été marquée par la signature d’un mémorandum d’entente entre les représentants des Ordres des pays africains présents, à savoir le Maroc, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République Démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, ainsi que le Togo.

En prélude à cette ouverture, la « Surveying African Conference » s’est tenue, le matin, avec la participation de 11 délégations africaines. Initiée par l’ONIGT sous le thème « Coopération et partenariat pour une Afrique émergente », cette première édition a posé les jalons d’une gouvernance foncière partagée, en valorisant les complémentarités nationales et en transférant des technologies adaptées aux réalités locales. Les retours d’expérience du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Maroc ont démontré comment une gestion cadastrale modernisée contribue à la stabilité sociale et attire les investissements.

Au programme de ce 8ème congrès de l’ONIGT de deux jours, figurent trois panels sur « la sécurisation du foncier au service de l’Agriculture en Afrique », « la planification territoriale et la gouvernance foncière » et « les grands projets structurants dans le cadre de la coopération Sud–Sud ».

Métier par nature transversal, l’ingénierie topographique couvre la cartographie, la géodésie, le remembrement agricole, le lotissement urbain, la copropriété, la délimitation foncière, l’aménagement du territoire et le BTP.

En 2024, les 1.239 membres de l’ONIGT (dont 702 dans le privé) et ses 700 entreprises partenaires ont généré plus de 15.000 emplois directs, 30.000 emplois indirects, un chiffre d’affaires de 3 milliards de dirhams et des investissements annuels supérieurs à 100 millions de dirhams.

La profession contribue ainsi à la réussite de chantiers majeurs (LGV, parcs d’énergies renouvelables, ports, autoroutes, Génération Green, villes nouvelles et stade et infrastructures de la Coupe du Monde 2030).

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