La formation des médecins urgentistes passera de 5 à 3 ans
Confronté à une pénurie de médecins urgentistes, le Maroc envisage une réforme en réduisant la durée de formation de ces spécialistes de cinq à trois ans. Cette initiative, annoncée par le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, et incluse dans la loi de finances pour l’année 2025, a été publiée dans le Bulletin Officiel en date du 19 décembre 2024. Elle s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer les capacités des services d’urgence.
Les services d’urgence marocains, avec seulement 595 médecins généralistes et 7 842 infirmiers et techniciens, sont largement insuffisants pour répondre aux besoins des citoyens. Ce déficit, exacerbé par la pression sur les hôpitaux, nuit à la qualité des soins, alors que plus de six millions de Marocains utilisent ces services chaque année.
Le ministre Tahraoui souligne que ces services, bien que vitaux, ne disposent que de 10 % des ressources humaines hospitalières, tout en gérant 50 % des activités des hôpitaux publics, une situation critique dans les hôpitaux régionaux où l’afflux peut atteindre 700 patients par jour. Pour y remédier, plusieurs mesures ont été annoncées, telles que la réduction de la durée de formation des urgentistes et la réorganisation des parcours de soins, débutant par une consultation chez un médecin généraliste ou en centre de santé. De plus, la création des Groupements Sanitaires Territoriaux en 2025 visera à optimiser la répartition des ressources et à réorganiser les services d’urgence.
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Dans le but d’améliorer les conditions de travail et la qualité des soins, le gouvernement a lancé plusieurs initiatives visant la réhabilitation des infrastructures hospitalières, en conformité avec les normes internationales. Ces efforts incluent l’acquisition et le renouvellement d’équipements biomédicaux essentiels, la promotion de la télémédecine pour renforcer la communication entre les hôpitaux régionaux et les unités de proximité, ainsi que la mise en place de protocoles de triage pour optimiser la gestion des urgences.
Par ailleurs, la construction de nouveaux hôpitaux de proximité et l’extension des centres hospitaliers universitaires sont en cours, augmentant ainsi la capacité d’accueil dans différentes régions.
Cette réforme témoigne de la détermination du Maroc à aborder des problématiques structurelles par le déploiement de mesures inédites. Bien qu’elle suscite des questionnements quant à l’impact potentiel d’une réduction de la durée de formation sur la qualité des compétences acquises, elle traduit néanmoins une prise de conscience des autorités face à l’impératif de répondre à une crise sanitaire pressante. Ce dispositif, articulé autour d’un éventail de réformes, aspire à instaurer une accessibilité universelle et efficiente à des services d’urgence de haute qualité, au bénéfice de l’ensemble de la population.